On a retrouvé : Franck Charrier

Crédit photo Régis Garnier

Crédit photo Régis Garnier

Franck Charrier a laissé son empreinte dans le peloton amateur français durant plus d’une décennie. Coureur à haut-niveau jusqu’à ses 35 ans - évoluant alors pour l’UC Nantes Atlantique -, il est depuis devenu commercial, mais garde des attaches très fortes avec le cyclisme amateur tricolore. L’Angevin s’apprête d’ailleurs à prendre la Présidence du Team U Anjou 49, là-même où il avait mis un terme à sa carrière en 2014. DirectVelo a retrouvé sa trace.

DirectVelo : Tu as fait preuve d’une grande longévité dans le peloton amateur. A-t-il été difficile de quitter les pelotons ?
Franck Charrier : J’ai arrêté de m’impliquer à fond après ma dernière saison à Nantes, puis j’avais continué de courir avec mon club du Team U Anjou 49. Je savais depuis un long moment que j’allais arrêter la compétition à ce moment-là, car ça faisait des années que je me disais : “si je peux aller jusqu’à 35 ans, je le ferai, mais après ce sera fini”. J’ai eu la chance d’être encore compétitif jusqu’à ces fameux 35 ans et après, ça a été facile de dire stop. Il y a forcément eu un petit pincement au coeur lorsque j’ai vu tout le monde reprendre les stages en Espagne en février de l’année suivante, mais c’est tout. Il y avait bien un brin de nostalgie, mais rien d’autre. Je me suis vite concentré sur ma nouvelle vie.

« C’EST DEVENU TROP COMPLIQUÉ À GÉRER POUR TOUT LE MONDE »

Et quelle est-elle ?
Je suis devenu commercial, dans le secteur du grand ouest, dont je couvre 19 départements. Au début, j’ai d’abord travaillé dans un magasin de vélo à Beaucouzé (Maine-et-Loire) puis je me suis donc mis à travailler dans la distribution de pièces de vélo. Ce poste de commercial me permet de repartir sur les routes, comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire. C’est de l’organisation, mais ça me plaît !

Tu as tout de même gardé un rôle important au sein d’une équipe amateur…
J’ai tenu un peu tous les rôles au sein du club du Team U Anjou 49 à la fin de ma carrière cycliste. J’ai eu l’occasion d’encadrer les gars et de servir en quelque sorte de directeur sportif sur quelques sorties. J’ai vraiment apprécié ces moments-là et j’ai même regretté de ne pas avoir passé les examens pendant que j’étais coureur. Maintenant, ça me prendrait trop de temps. Toujours est-il que je suis toujours resté fidèle au club et je vais d’ailleurs y prendre la présidence en novembre prochain. Le club ne sera plus en DN3 en 2019 pour différentes raisons : c’était devenu trop compliqué à gérer pour tout le monde, mais nous allons repartir sur de bonnes bases et travailler pour l’avenir du club.

Comment as-tu vu évoluer les différents échelons du cyclisme amateur hexagonal depuis tes débuts dans les pelotons ?
La DN1 n’a pas trop changé. C’est plus dans les divisions inférieurs que cela a évolué : la Fédération cherche à professionnaliser les DN2 et DN3 en voulant leur donner des moyens plus importants. Aujourd’hui, on nous “demande” de nous structurer encore plus, d’avoir des salariés, mais c’est compliqué à suivre… On cherche peut-être trop à professionnaliser le monde amateur, ce qui comporte de gros coûts que nous ne sommes pas forcément en mesure de suivre. Le fait que l’Etat resserre l’étau au niveau des subventions n’est pas non plus pour nous aider. Ça devient très compliqué financièrement. C’est d’ailleurs les raisons pour lesquelles nous n’allons pas continuer en DN3 avec l'équipe la saison prochaine. 

« UNE GRANDE AVENTURE HUMAINE »

On a également l’impression qu’il est de plus en plus difficile pour les formations de DN2 ou de DN3 d’attirer de très bons coureurs, comme s’il s’agissait plus que jamais de véritables divisions de niveau…
Je pense que le réservoir des coureurs amateurs devient moins important qu’il ne l’était, et que les meilleurs vont quasi-exclusivement dans des DN1 pour espérer passer pros par la suite. Au Team U Anjou 49, c’est de plus en plus difficile d’attirer des coureurs… En Pays de la Loire, il y a déjà deux DN1, trois DN2 et quatre ou cinq DN3… Dans ces conditions, on récupère les miettes.


Quels souvenirs gardes-tu de toutes tes années sur le vélo ?
Le plaisir que j’ai pris ! J’ai été présent pendant des années au niveau Élites, je marchais bien… Au-delà des victoires, je me souviens de toutes ces belles rencontres que j’ai pu faire, des copains que je vois encore… C’était une grande aventure humaine. Si je devais vraiment citer des courses, je dirais ma victoire sur Manche-Océan, qui était la première Classique que je remportais. En plus, j’avais gagné en solitaire devant toute l’équipe Jean Floch… C’était un grand moment ! Il y a aussi eu Paris-Connerré ou le Tour de Dordogne. Ce sont des moments qui ont marqué ma carrière.

Tu n’as aucun regret ?
Non. Je suis arrivé en Élites à 23 ans, ce qui est très tard pour avoir la prétention de passer professionnel un jour…

« JE N’AVAIS PAS DES MOYENS ÉNORMES MAIS UN MENTAL TRÈS SOLIDE »

Tu as peut-être manqué le coche avec l’équipe Véranda Rideau malgré tout…
C’est vrai que l’équipe est passée pro un an après que j’en sois parti pour rejoindre l’UC Nantes Atlantique, mais il y avait eu de petits couacs avec les encadrants du club à l’époque et j’avais quitté le club sans regret et sûr de moi. L’aventure devait s’arrêter-là.

Roules-tu toujours ?
J’essaie de le faire, pour le plaisir. Mais c’est vraiment de temps en temps, quand j’ai un peu de vacances. Je n’ai jamais vraiment coupé totalement, mais je roule peu.

Quelle image penses-tu avoir laissé au sein du peloton ?
J’avais un caractère fort. Objectivement, je n’avais pas des moyens énormes mais un mental très solide qui m’a permis de faire quelques bons résultats malgré mes limites physiques. Je pense avoir laissé une bonne image dans le vélo. Je m’entendais bien avec tout le monde. En tout cas, personnellement, je n’en garde que du bon.

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