Jérémy Defaye : « C'était mon jour »

Crédit photo Olivia Nieto

Crédit photo Olivia Nieto

Jérémy Defaye a déjoué les pronostics pour s'adjuger la médaille d'argent du Championnat de France Espoirs du contre-la-montre. Sur le circuit de Plougastel-Daoulas, sous les couleurs du Comité PACA, l'habituel sociétaire du Team Cycliste Azuréen a réalisé la meilleure performance de sa carrière. Le rouleur de 22 ans se livre auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Peu de personnes t'attendaient à cette place, aujourd'hui (mercredi)...
Jérémy Defaye : Avant la course, j'espérais terminer entre la troisième et la cinquième place. Je pense que c'était réalisable. Pour moi, Thibault Guernalec et Alexys Brunel étaient largement au-dessus. Ce n'était pas être défaitiste que de se dire ça, c'était simplement être réaliste. Je ne peux pas lutter, donc je préfère être lucide, et ne pas imaginer des scénarios impossibles.

Cette deuxième place est-elle une surprise pour toi ?
Le circuit me convenait plutôt bien. C'était le parcours idéal. On était toujours en prise, et vu mon gabarit léger, c'était un avantage. Je suis beaucoup plus léger que Thibault Guernalec et qu'Alexys Brunel. Je n'ai pas autant de puissance qu'eux alors ce n'est pas l'idéal sur le plat, quand il faut envoyer. Thibault Guernalec est passé professionnel (dans la formation Fortuneo-Samsic, NDLR) et Alexys Brunel le sera sûrement l'an prochain (il rejoindra l'équipe Continental de la formation Groupama-FDJ, lire ici). Ils ont fait une grosse saison. J'ai donc réalisé un chrono de référence.

« ON NE PEUT PAS RIVALISER »

N'est-ce pas frustrant de s'élancer avec l'idée que la première place est hors de portée ?
Non, c'est comme sur des contre-la-montre régionaux où je suis le favori. C'est exactement pareil. Au final, je n'aurai jamais eu le titre, ni chez les Juniors, ni chez les Espoirs. Aujourd'hui (mercredi), avec l'écart entre Brunel et moi, c'était impossible.

Que représente cette deuxième place pour toi ?
Au fur et à mesure des années, j'ai progressé. J'ai terminé septième, huitième et sixième du Championnat de France Espoirs du contre-la-montre pour mes trois premières années chez les Espoirs. Ca illustre cette progression. Pour le Comité PACA, c'est également super. Il me semble que c'est la première médaille que l'on obtient depuis la fusion des régions. De plus, toute l'année, il y a eu des gens qui m'ont dit : ''pourquoi tu n'avances plus ? Pourquoi tu as fait ceci et cela ?''. Quand on a des sensations comme aujourd'hui (mercredi), on a simplement envie d'appuyer plus fort sur les pédales pour remercier les personnes qui sont présentes, et pour faire comprendre aux détracteurs que l'on est toujours là. Ça montre que certaines personnes devraient arrêter de parler.

Comment s'est déroulé ton effort ?
Dès le départ, je me suis bien senti. Je n'avais jamais eu des jambes comme ça. C'était mon jour. C'était incroyable. Malheureusement, on ne peut pas rivaliser contre Alexys Brunel. Hormis crevaison, chute ou maladie, il est imbattable. Par contre, battre Thibault Guernalec, ce n'est pas rien. J'avais des jambes de folie. Je n'étais jamais parti aussi vite sur un chrono, et je suis resté sur ce rythme. J'arrivais vite à récupérer dans les descentes, et à en remettre dans les montées. Tout au long du parcours, j'ai laissé le gros plateau, un 56 dents. Je sentais que ça pouvait bien le faire.

« LE GROS RESULTAT QU'IL ME MANQUAIT »

Cette performance rehausse-t-elle le bilan que tu tires de ta saison ?
Ma saison avait été moyenne jusque là. Sur certaines courses, j'étais en forme, mais je n'ai pas toujours réussi à le montrer, soit par manque de réussite, soit par manque de vigilance dans le peloton. Déjà au France Élite de contre-la-montre, j'étais à trente secondes du podium. Cette performance sauve un peu ma saison, car c'est le gros résultat qui me manquait.

Vas-tu continuer à travailler spécifiquement le contre-la-montre, à l'avenir ?
C'est un effort que j'aime. Il y a quinze jours, j'avais une grande sortie à faire, et j'ai fait quatre heures et quart en vélo de chrono. Ce n'est pas quelque chose qui me fait peur. Je suis bien posé sur la machine. Je me régale sur mon vélo de contre-la-montre. Pour être présent au Championnat du Monde, ça sera compliqué. Alexys Brunel aura déjà sa place assurée, et je ne suis pas dans une équipe professionnelle. Corentin Ermenault et Thibault Guernalec le sont. Ils peuvent prétendre à une sélection. En tout cas, si on me prévient à l'avance, je vais me préparer pour le faire. Le parcours est difficile, mais en étant réaliste, je peux terminer entre la douzième et la seizième place. Si on me convie au Championnat du Monde, je saurai me préparer.

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