Geoffrey Bouchard : « Il ne faut pas s’enflammer »

Crédit photo Corentin Photographies Cyclisme

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Geoffrey Bouchard a bien failli créer une nouvelle sensation ce mercredi, sur les routes du Tour du Poitou-Charentes. Intenable depuis quelques semaines, surprenant sur les cols du Tour Alsace au début du mois, l’habituel sociétaire du CR4C Roanne s’est vu remporter la 2e étape, qui se disputait sur 189 kilomètres entre Segonzac (Charente) et Melle (Deux-Sèvres). J’ai tenté ma chance. Mais c’était bizarre… On a passé 140 bornes à rouler très doucement puis ça a embrayé d’un coup dans un GPM. Je n’ai pas l’habitude de ça”, sourit Geoffrey Bouchard auprès de DirectVelo, après l’étape. “J’ai regardé mon capteur de puissance et je me suis dit : “Wahou !”. Je me suis accroché et on a essayé de faire la course avec l’ensemble de l’équipe. Plusieurs coureurs de l’équipe ont tenté leur chance mais la Groupama-FDJ ne laissait pas trop partir. Puis j’ai attaqué et ils m’ont laissé faire”, raconte-t-il. “Je suis revenu sur Wackermann et après, on n’y a cru un peu, quand même”.

« ON S’EST FAIT BECTER À 400 MÈTRES DE L'ARRIVÉE »

Pour sa première course en tant que stagiaire chez AG2R La Mondiale, le coureur de 26 ans est donc sorti avec l’Italien Luca Wackermann (Bardiani-CSF), récent vainqueur d’étape sur le Tour du Limousin, à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée. “Je l’avais vu gagner là-bas et je savais qu’il marchait fort. C’était sinueux dans le final et on le savait, donc ça pouvait nous sourire. Mais avec le vent de face par moments, c’était dur. Surtout, il restait encore de la main d’oeuvre à la FDJ…”. L’écart du duo monte à 30”, puis se stabilise durant de longues minutes. A 5 kilomètres du but, Radio Tour annonce encore 25” pour le duo Bouchard-Wackermann, qui se prend à rêver. Parfois, Wackermann ne passait pas trop de relais et à d’autres moments, il mettait un gros coup… J’ai essayé de le laisser faire dans le final et c’était dur à gérer”.

Le futur professionnel d’AG2R La Mondiale voit finalement Arnaud Démare et le peloton revenir sur lui dans les tout derniers instants de course. “On s’est fait becter à 400 mètres de l’arrivée, dans la cuvette. Lorsque le peloton est rentré, je n’avais plus rien. J’avais tellement mal aux jambes, et surtout aux pieds, car j’ai des problèmes de chaussures en ce moment…”. Après la flamme rouge, le l’actuel 2e du Challenge BBB-DirectVelo a compris qu’il n’allait pas l’emporter. On est arrivé avec bien moins de vitesse que les sprinteurs. Lorsque je me suis retourné aux 500 mètres, j’ai vu qu’ils arrivaient beaucoup plus vite que nous. C’était évident qu’on allait être repris”. Si les trois derniers kilomètres très tortueux et techniques semblaient pouvoir profiter aux attaquants, la ligne droite située juste avant l’entrée de Melle a en revanche semblé interminable. “Je savais qu’il allait falloir être forts dans cette partie-là. On était à plus de 50 km/h, mais ça ne suffisait pas. Il y avait un beau goudron, qui rendait super bien. C’était favorable au peloton, clairement”.

« IL FAUT RELATIVISER »

Malgré ce scénario de course, le Champion de France Amateurs sur route ne se dit pas déçu. Au contraire, il préfère s’amuser à comparer son expérience du jour à celle de la veille, moins glorieuse. “Sur la 1ère étape, j’ai fait une erreur d’alimentation et d’hydratation. J’ai essayé de rouler pour l’équipe dans le final mais je n’étais pas bien. Ca allait beaucoup mieux aujourd’hui. J’apprends chaque jour. Ca roule très vite dans le final. C’est presque dur d’aller chercher un bidon aux voitures et de remonter dans la dernière heure (sourires). Il ne faut pas rater l’assistant !”.

En pleine euphorie depuis des semaines, Geoffrey Bouchard imagine-t-il garder une telle santé jusqu’au bout de la saison, ou est-il au bout de son pic de forme ? “En fait, je pense surtout que j’ai passé un palier physique”, préfère-t-il répondre. “Pour le reste, il faut relativiser. Ce n’est que le Tour du Poitou-Charentes. Il y avait des coureurs qui se réservaient pour le chrono aussi. Ce que j’ai fait aujourd’hui, je pense que 50 coureurs de ce peloton pouvaient le faire. On n’est pas en Elites. C’était une journée sympa mais il ne faut pas s’enflammer”.

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