Tour Alsace : le général aurait-il pu basculer ?

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Szymon Rekita (Leopard Pro Cycling) et Adria Moreno (AVC Aix-en-Provence) ont donné beaucoup de fil à retordre au CR4C Roanne sur la cinquième et dernière étape du Tour Alsace (2.2). Respectivement 10e et 11e du classement général avant l'ultime combat, le Polonais et l'Espagnol ont menacé la position du maillot jaune, Geoffrey Bouchard et celle de l'ensemble des coureurs placés dans le Top 10. Échappés tout au long de la journée au sein d'un groupe de dix-huit unités, les deux grimpeurs se partageaient virtuellement les deux premières places du classement général à quarante kilomètres de l'arrivée. ''On n'a pas fait les fiers'', confiait Vincent Garin, directeur sportif du CR4C Roanne, après l'arrivée. 

« MIEUX DE COURIR DEVANT QUE DERRIÈRE »

Szymon Rekita s'est montré particulièrement offensif sur l'ensemble de ce Tour Alsace. Dimanche matin encore, sa fuite était préméditée. ''On lui avait dit de prendre les coups. C'est mieux de courir devant que derrière'', explique son directeur sportif, Markus Zingen. Porté par de bonnes sensations, le Polonais se glisse dans la bonne échappée en compagnie d'Adria Moreno. Le groupe de tête creuse rapidement l'écart. À l'avant de la course, Szymon Rekita tente avant tout de préserver sa position. ''Je me suis surtout concentré sur la défense de ma 10e place, plutôt que sur l'écart avec le peloton'', confirme le Polonais. La raison ? ''Il fallait se méfier de Moreno car il n'était qu'à six secondes de Szymon au général. En plus, il a fait une bonification en début de course'', souffle Markus Zingen.

À quarante kilomètres de l'arrivée, l'écart atteint son maximum : 4'30''. Szymon Rekita devient virtuellement leader du classement général, devant Adria Moreno. La donne change. Pourtant, chez Leopard Pro Cycling, personne ne s'enflamme. ''On savait que beaucoup d'équipes avaient d'autres intérêts à l'arrière : la Lotto, la Grande-Bretagne Espoirs, le CR4C Roanne, le Team Wiggins le SCO Dijon, la Sunweb... Ça faisait beaucoup. Je m'attendais à ce que l'écart se réduise''. De son côté, Jean-François Rodriguez, technicien de l'AVC Aix-en-Provence, ne se fait également aucune illusion. ''Ce n'était pas le but de renverser le classement général. On savait très bien que derrière, ça ne laisserait pas beaucoup de temps et que ça allait relancer''.

« TOUT LE MONDE ÉTAIT EN DANGER »

Le Provençal ne se trompe pas. Derrière, malgré la situation, les hommes du CR4C Roanne ne paniquent pas et tentent de colmater la brèche. Dans l'espoir que du renfort vienne leur prêter main forte. ''On a roulé et contrôlé pour limiter l'écart. Il fallait donner envie à d'autres équipes de venir rouler dans le final. On a discuté avec les équipes derrière nous au classement général. Au début, ils ne voulaient pas trop rouler mais après, ils n'ont pas eu le choix. On avait atteint nos limites à quarante kilomètres de l'arrivée. On ne pouvait plus assurer le tempo seuls. Quand les autres équipes ont vu que l'on ne bluffait pas, elles ont dû y aller''. Le CR4C Roanne est alors sauvé par l'arrivée des autres formations en tête de peloton. Le SCO Dijon-Team Matériel-velo.com prend les choses à son compte avec deux coureurs pour mener la chasse. Le travail des Dijonnais porte ses fruits. ''L'écart a rapidement diminué et ça a incité des équipes à venir rouler. Dans ces moments, il ne faut pas s'affoler pour ne pas prendre les mauvaises décisions. C'était un peu la guerre des nerfs'', affirme Mathieu Gallet, directeur sportif des Bourguignons.

A la vue de la chute de l'avance des fuyards, tout le monde comprend que Geoffrey Bouchard ne sera plus inquiété. Szymon Rekita se résigne et abandonne ses rêves. ''Lorsque l'on a eu quatre minutes d'avance, j'ai quand même commencé à me dire qu'il pouvait se passer quelque chose, mais je me doutais que des équipes allaient réagir''. Il se met alors en tête de disputer la victoire d'étape. Une fois encore, ses plans échouent et il se voit contraint de laisser partir Gino Mäder et Joseph Cerny. ''En étant réaliste, il était impossible d'espérer voir l'échappée arriver avec quatre minutes d'avance. Il y avait trop d'équipes pour rouler, potentiellement, à l'arrière'', reconnaît le directeur sportif de Leopard Pro Cycling. Une théorie que partage Geoffrey Bouchard, jamais réellement inquiet en cours d'étape. ''Avec Rekita et Moreno qui étaient devant, tout le monde était en danger pour le général donc des équipes sont venues rouler''. Cette échappée a toutefois souligné les limites du CR4C Roanne, comme le constatait Vincent Garin à chaud (lire ici). Heureusement pour les Ligériens, les coureurs de Sunweb n'ont jamais mis le feu aux poudres. ''C’était difficile de tenter quelque chose, alors on s’est plutôt concentré sur le sprint. Pour le général, on n’y croyait pas trop'', conclut-il. 

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