Geoffrey Bouchard : « Je n'y crois pas... »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Au sommet de la Planche des Belles-Filles, à sa descente du vélo, Geoffrey Bouchard n'y croyait pas. Comment réaliser qu'il venait de devancer le gratin du cyclisme mondial Espoirs, à savoir Marc Hirschi, Champion d'Europe et Brandon McNulty, récent 7e Tour de Californie ? En attendant de recevoir le bouquet du vainqueur, aussitôt son téléphone portable allumé, le Champion de France Amateurs a vu des dizaines de messages de félicitations affluer. "Ça m'a perdu 10% de batterie", plaisante-t-il. Même au terme de la cérémonie protocolaire, Geoffrey Bouchard n'en revenait toujours pas. "La dernière rampe, c'est magnifique. J'ai préféré lever les bras et crier quitte à perdre 5" au classement général. Je ne sentais plus la pente alors que c'était super raide. Ça va être un sacré souvenir. C'est le temple des Vosges". En dépit des minutes écoulées, l'euphorie ne retombait pas chez le coureur de 26 ans, stagiaire chez AG2R La Mondiale en cette fin de saison. Il a partagé son bonheur avec DirectVelo quelques minutes après l'arrivée. 

DirectVelo : Réalises-tu ce que tu viens d'accomplir ?
Geoffrey Bouchard : Je n'y crois pas. Je savais que j'étais en très bonne forme. Depuis le Championnat de France, j'ai bien géré mes phases d'entraînements et de repos. J'ai été à Tignes pour m'entraîner en montagne. C'était difficile. Derrière, j'ai gagné à Cours-la-Ville, mais ce n'était pas les mêmes efforts, c'était plus bref.

Comment as-tu vécu cette semaine ?
Le chrono, c'était un peu dur, après Cours-la-Ville. Hier, ça n'allait pas trop mal, les copains m'ont bien protégé. On avait Alexandre Jamet qui était devant, donc c'était top pour nous, ça lui a permis de faire une place. Et aujourd'hui, on ne s'est pas affolé, ils m'ont replacé au bon moment. Lucas Papillon a réalisé un super travail. Je suis arrivé en quatrième position au pied de la Planche. On a monté la première rampe assez fort, puis McNulty a attaqué après le virage. C'est là que j'ai contré pour partir seul à 3,5 kilomètres de l'arrivée.  

« ON NE PEUT PAS COMPARER »

Que t'es-tu dis en sortant seul ?
J'ai géré ma montée, car je me suis dit qu'ils pensaient laisser partir un "petit amateur". J'ai fait une montée régulière, même si on est parti vite au pied. J'ai bien géré et creusé au fur et à mesure. À un kilomètre, je n'y croyais pas encore. Je pensais qu'ils allaient me reprendre dans le final. Je savais que l'arrivée était très dure. Je ne voulais pas me mettre dans le rouge pour pouvoir finir fort, au cas où. Au final, j'ai pu savourer.

Hier, si on t'avait dit que tu gagnerais à la Planche des Belles Filles...
Impossible ! Je savais que j'avais de bonnes dispositions sur les efforts de vingt minutes, et je me sens bien sur ces efforts à l'entraînement en ce moment, mais de là à gagner... Ces derniers temps, j'ai retravaillé la montagne un peu plus spécifiquement. Pouvoir concrétiser aujourd'hui. En plus, je pense que le temps de la montée aujourd'hui était plutôt bon. Je ne montais pas trop mal dans la Planche... Incroyable. On m'a toujours dit : dis-moi devant qui tu gagnes et je te dirai qui tu es. 

Est-ce comparable à ta victoire au Championnat de France ?
On ne peut pas comparer. Cette victoire est incroyable, il y a des coureurs comme Marc Hirschi ou McNulty qui sont là. Mais ça ne se compare pas au Championnat de France.

« J'AVAIS PERDU CES QUALITÉS »

Te savais-tu grimpeur ?
Quand j'étais gamin, je marchais super fort dans les courses de côtes. J'avais un peu perdu ces qualités au fil du temps. Maintenant, j'ai réussi à les retrouver, ainsi qu'une bonne condition... J'ai retrouvé mon naturel. Et ça me donne des idées pour la suite, notamment pour travailler en montagne.

Justement, jusqu'où penses-tu pouvoir aller ?
Je n'en sais rien. Certains coureurs ont été Champion de France et ont accusé le coup. J'avais déjà fait un gros mois de juin. Jai été Champion de France et je continue de progresser de week-end en week-end. J'essaie de courir un petit peu moins. Je me dis que c'est incroyable, je ne réalise pas vraiment. 

« J'ÉTAIS AU BORD DU GOUFFRE »

Penses-tu au classement général ?
Je ne sais pas encore. C'est préférable de ne pas avoir pris le maillot jaune mais on va d'abord fêter cette victoire, et on fera du mieux possible demain. Je ne sais pas si je suis capable de gagner ce Tour Alsace. Mais c'était déjà impensable pour moi de remporter cette étape... Je suis peut-être plus en forme que certains, au niveau de ma préparation. Je suis arrivé à maturité alors que les deux autres sont encore Espoirs. Les efforts et le sérieux sont récompensés.

Qu'est-ce qui a fait la différence cette saison ?
Je fais très attention aux petits détails. Par exemple, lundi soir, on devait aller se faire un restaurant avec l'équipe. D'habitude, j'y serais allé mais comme je courais à Cours-la-Ville avant le Tour Alsace, je me suis préservé. C'est maintenant ou jamais pour passer pro, et je mets toutes les chances de mon côté. J'ai la réussite de mon côté. J'essaie de faire bonne impression, et cette victoire devrait m'y aider. Mon leitmotiv en début de saison, c'était de passer pro, de me fixer des objectifs les uns après les autres et de plus en plus élevés... Ça me tire vers le haut, et quand les conditions sont bonnes, ce n'est que du plaisir. L'an dernier j'étais au bord du gouffre, à deux doigts d'arrêter le vélo, ça s'est moins vu. Aujourd'hui ça sourit, et je savoure.

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