Tour de France : Sur les traces de... Alexander Kristoff

Crédit photo DirectVelo

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C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs. Pour ce nouveau numéro, le Norvégien Frederik Wilmann - ancien lauréat de la Mi-Août bretonne et d’étapes sur le Tour de Bretagne et le Tour Alsace - se remémore les années passées au côté de son compatriote Alexander Kristoff (UAE Team Emirates), qui étrenne actuellement le maillot de Champion d’Europe sur les routes du Tour de France.  

« Je connais Alexander depuis très longtemps. On se voyait déjà dans la catégorie des Juniors et même un peu avant. On s’est retrouvé coéquipiers en Continental, d’abord chez Maxbo, devenu Joker-Bianchi, tout ça entre 2007 et 2009. Il avait une vingtaine d’années, tout juste. Alex a toujours été un très grand combattant, très fort dans la tête. C’est quelqu’un qui ne comptait pas ses heures d’entraînement, dès les jeunes catégories, mais alors pas du tout ! Il s’entraînait énormément, vraiment. Il aimait enchaîner les jours de course également, il voulait toujours courir. Et entre les compétitions, il n’arrêtait donc jamais. Peu importe les conditions météos, il faisait ce qu’il avait prévu de faire. S’il devait se taper sept heures de pluie, dans le froid, il partait au combat quand même. Il ne lâchait vraiment rien et je l’ai toujours vu comme ça. Je sais qu’on a l’habitude de dire que les Norvégiens sont des durs au mal mais franchement, c’était encore plus vrai pour Alex. Il n’abandonnait jamais. C’était beau à voir. Je me souviens que certaines personnes étaient dubitatives à l’époque. On se demandait si c’était judicieux de travailler si dur, car il se rajoutait toujours des kilomètres après les sorties collectives. Mais finalement, sa carrière lui a donné raison.

« IL A DÛ APPRENDRE À TRAVAILLER POUR LES AUTRES »

Lorsqu’il est arrivé dans l’équipe, nous avions un sacré groupe avec Edvald Boasson Hagen, qui collectionnait les victoires, mais également Lars-Petter Nordhaug, Gabriel Rasch ou moi-même. Nous étions tous très ambitieux sur les grosses courses internationales, que ce soit en France, en Belgique ou ailleurs. On gagnait tellement de courses ! La première année, Alex avait ses chances au sprint, bien sûr, mais il a dû apprendre à travailler pour les autres, notamment pour Edvald. Il a attendu la deuxième année pour pouvoir jouer sa carte personnelle de façon plus régulière. Il avait encore beaucoup de choses à apprendre, mais c’est venu assez vite et il est passé pro dès 2010 à la BMC. On sait ce qu’il est devenu depuis : un coureur de classe mondiale !

Les premières années, on le pensait pur sprinteur, mais quand je voyais les efforts qu’il faisait à l’entraînement, je me doutais qu’il deviendrait aussi très fort sur les Classiques. Sa victoire sur le Tour des Flandres en 2015 et la force qu’il a développée ce jour-là, c’est grâce à ces énormes entraînements qu’il a su enchaîner pendant des années et des années. J’insiste, mais c’est vraiment la clef de son succès. A l’époque, je le voyais déjà plutôt comme un coureur à la Thor Hushovd, en fait. Donc je ne suis pas surpris de son évolution.

« CONCENTRÉ ET DÉTERMINÉ, MAIS TOTALEMENT RELAX »

Quand ça n'allait pas dans son sens, il était déçu sur le moment mais il ne restait jamais longtemps sur les échecs. Généralement, le lendemain d’une défaite, c’était déjà oublié et il était concentré sur la suite. C’est aussi ce qui a fait sa force. Je ne l’ai jamais vu abattu, ou triste pendant plusieurs jours de suite. En fait, je crois même qu’il se servait de ses échecs pour en faire des forces. C’est comme s’il se disait que ça n’allait plus se reproduire. Même lorsqu’il chutait dans un sprint, il était toujours très vite debout, à penser au sprint du lendemain. A la limite, il ne prenait pas le temps de regarder s’il s’était fait mal (sourires). C’est vraiment un guerrier.

En dehors des compétitions, Alex a toujours été quelqu’un de très gentil et généreux. Il était aussi agréable en tant que coéquipier qu’en tant que camarade au quotidien. Dès le début, il n’a pas hésité à beaucoup déconner. C’était le premier à faire des blagues, à faire le show… Il a toujours été très concentré et déterminé sur ses objectifs mais ça ne l’a jamais empêché d’être totalement “relax”. Ce n’est pas le genre de coureurs qui ne pensait qu’au cyclisme, matin, midi et soir. On parlait de tout et de n’importe quoi. Alex a toujours été quelqu’un avec qui il était agréable de passer du bon temps. Tu ne t’ennuyais jamais avec lui et il était ouvert à tous les types de sujets, alors que tu as des coureurs qui ne vivent que pour le vélo ».

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