Emilien Jeannière, comme dans un rêve

Crédit photo Bénédicte Front

Crédit photo Bénédicte Front

C’est un rêve qui devient réalité. Ce dimanche, Emilien Jeannière a décroché le titre de Champion des Pays de la Loire, dans sa commune de Saint-Paul-en-Pareds, en Vendée (voir classement). Un moment unique pour le sociétaire du Vendée U, qui avait contribué avec les membres de l’organisation au tracé du circuit d’une épreuve qu’il dispute depuis les plus jeunes catégories. Déjà 5e d’un Championnat de France et 2e du Championnat d’Europe à Plumelec lors du fameux doublé Malle-Jeannière chez les Juniors, le coureur de 19 ans s’affirme en tant que spécialiste des courses en circuit. De retour en grande condition après un début de saison difficile, il s’apprête maintenant à découvrir sa première grande course par étapes : le Tour d’Italie Espoirs. DirectVelo fait le point avec Emilien Jeannière.

DirectVelo : Te voilà Champion régional, dans ton village !
Emilien Jeannière : Ca fait quelque chose ! Un titre de Champion régional, c’est déjà sympa mais alors à domicile… C’était très important pour l’équipe de gagner et personnellement, ça me tenait forcément à coeur, sur mes terres, à un kilomètre de la maison.

« CA M’A FAIT CHAUD AU COEUR »

Tu connaissais ces routes par coeur…
Depuis que l’organisateur m’a fait savoir que le Championnat régional allait avoir lieu ici, on a travaillé ensemble pour l’élaboration d’un circuit. Le circuit habituel fait huit kilomètres mais pour ce Championnat, on ne pouvait pas se retrouver avec un circuit de plus de 13 bornes. C’est dommage car ma première idée, c’était d’avoir un circuit très sélectif, mais il fallait qu’il fasse au moins 15-20 bornes pour aller dans certains coins (sourires). J’ai quand même proposé un circuit, que j’ai tracé sur mon ordinateur et que j’ai testé en vélo. Puis l’organisateur m’en a proposé un autre… Finalement, ils ont choisi un entre deux. Dans tous les cas, je connaissais toutes ces routes par coeur pour avoir disputé cette épreuve depuis les Minimes-Cadets.

Tu devais être très suivi ce dimanche, à domicile ?
Il y avait ma famille et mes amis, pas mal d’autres personnes que je connais également… Mine de rien, on ne court pas si souvent proche de la maison, devant nos proches. Ca m’a vraiment fait plaisir. Malheureusement, le temps n’a pas trop été de la partie mais le public était quand même nombreux. Lorsque je suis monté sur le podium, ça m’a fait chaud au coeur de voir tout ce monde qui était venu m’applaudir et me féliciter.

« JE ME SUIS DIT QUE C'ÉTAIT MORT »

Parlons du scénario de la course : comment l’équipe a-t-elle manoeuvré pour que tu l’emportes ?
C’était une belle course avec pas mal de mouvements, toujours sur un bon rythme, même si ça ne s’entendait pas, parfois, car nous étions en supériorité. Je suis parti dès le premier tour dans un bon groupe. David (Rivière) et Clément (Orceau) étaient également devant pour l’équipe. Il s’est rapidement mis à pleuvoir énormément, avec pas mal de vent également. C’est devenu un peu dangereux dans les virages. Valentin (Ferron) est rentré de l’arrière avec deux autres coureurs, mais Clément a sauté. Dans le dernier tour, les gars ont été dans tous les coups… Au final, personne n’a réussi à sortir. Au bout de la petite bosse à 3-4 kilomètres de l’arrivée, je me suis accroché et là, je me suis dit que ça pouvait le faire avec ma pointe de vitesse. J’ai aussi pensé au travail de l’équipe : parfois, je me suis retrouvé à dix mètres derrière… Il y avait des trous à boucher. Les mecs m’attendaient. Si j’avais fait les efforts tout seul, ça ne l’aurait pas fait mais toute l’équipe a travaillé très dur pour moi et si je gagne, c’est aussi grâce à aux.

Tous les espoirs du Vendée U reposaient sur toi dans ce dernier kilomètre !
Dans le sprint, c’était juste avec Alan (Jousseaume). Les gars m’ont amené à la flamme rouge. Les 400 derniers mètres étaient en bosse, pour puncheur. David puis Valentin m’ont emmené. Alan est passé sur ma droite et là je me suis dit que c’était mort. J’ai réussi à me mettre dans sa roue mais je ne pensais pas pouvoir repasser. Du coup, j’y suis allé et je l’ai doublé à 15 mètres de la ligne…

« JE N’Y CROYAIS PAS TROP »

Tu auras tremblé jusqu’au bout mais finalement, c’est presque le plus beau des scénarios pour toi, comme dans un rêve !
C’est un peu ça… J’avais dit aux gars depuis un moment que le circuit était usant et que ça allait se faire à l’avant… Certains coureurs n’étaient pas sereins mais on n’allait pas jouer le sprint groupé, c’était sûr. Pour ma part, le matin j’étais stressé ! Je pensais à me faire plaisir sur le vélo quand même… J’ai dit ce que je pensais de certaines bosses avant la course, comme je connais le circuit, mais sans trop en faire non plus. Après, c’est au directeur sportif de parler… Mais oui, j’avais la pression  !

Parce que tu n’imaginais pas une autre issue que la victoire ?
Parce qu’il y en a beaucoup qui me voyaient gagner… On parlait de moi comme d’un favori mais moi, je n’y croyais pas trop. J’étais blessé en début de saison, je n’ai repris qu'il y a six semaines. Récemment encore, j’ai eu du mal sur Paris-Roubaix Espoirs (abandon, NDLR). Mais j’ai fait de bons entraînements et ça m’a motivé pour hier (dimanche).

« LE GIRO VA ME FAIRE DU BIEN »

Tu t’affirmes de plus en plus comme un spécialiste des courses en circuit et des Championnats !
Le Championnat de France (5e chez les Juniors en 2016, NDLR), c’était quand même une grosse déception… Mais oui, comme je l’ai dit à ma famille hier, la course m’a fait penser au Championnat d’Europe où j’ai fait 2 derrière Nicolas (Malle). Tout le monde nous soutenait avec Nicolas, comme hier, où le public m’a beaucoup porté. C’est peut-être ça qui m’a aidé, aussi.

Maintenant que tu es revenu au top, tu vas sûrement vouloir enchaîner ?
Un très gros morceau m’attend puisque je vais participer au Baby Giro ! Ca va me faire du bien. Je ne sais pas comment je vais encaisser les efforts car je n’ai jamais disputé une course de plus de quatre jours, lors de la Ronde de l’Isard. Mais je me sens prêt et je sais qu’il faut passer par là. La victoire d’hier m’a motivé. Je vais tenter des choses, peut-être en échappée ou dans les cols, même si ça risque d’être dur à la pédale (sourires). Et il faudra travailler pour l’équipe. Ce sera un beau moment.

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