Guillaume Thévenot : « Je suis un vrai sac poubelle »

Crédit photo Bénedicte Front

Crédit photo Bénedicte Front

Guillaume Thévenot est passé ce jeudi tout proche d'un exploit. En compagnie de ses compagnons d'échappée, le sociétaire du CC Nogent-sur-Oise, qui avait mis le vélo de côté l'été dernier, a été repris dans le dernier kilomètre de la deuxième étape du Tour de Bretagne (2.2). Loin d'être déçu, le Francilien a confié à DirectVelo sa joie d'être là.

DirectVelo : Pourquoi as-tu choisi de sortir en contre sur cette deuxième étape ?
Guillaume Thévenot : Nous avions Romain (Bacon) devant, avec le mec de Coop (Hakon Lunder Aalrust). Romain avait l'ambition de faire les classements annexes alors j'ai fait le point restant dans le second GPM (km 116), pour le protéger. Au sommet, j'ai vu qu'on avait fait un petit écart. Pierre (Gouault) m'a fait un clin d’œil. J'ai de suite compris ce que ça voulait dire. Nous nous connaissons bien, nous sommes de la même génération. Nous savions que l'autre allait se donner à 100 %. Nous avons tout donné, même une fois à quatre devant, car il ne faut jamais avoir de regrets.

Vous êtes finalement repris dans le dernier kilomètre... 
Il m'a manqué la patte que j'avais il y a encore deux-trois ans. Les années ont passé. Mes objectifs sont différents aujourd'hui. J'ai huit kilos de trop. Ça ne se voit pas car je suis grand, mais je vous assure qu'ils sont là... Je suis sûrement sur ce Tour de Bretagne le coureur avec le moins d'entraînement. Je "crampe" à 50 kilomètres de l'arrivée sur chaque course mais moi je suis un vrai sac poubelle : vous m'avez dans la roue, vous êtes foutu ! Aujourd'hui (jeudi), j'ai tout donné. J'y ai cru. Nous avons été repris à 800 mètres de l'arrivée. C'est dommage mais ce ne qui ne paie pas aujourd'hui paiera demain. 

« JE ME DEMANDE COMMENT J'AI FAIT POUR REVENIR »

Es-tu surpris de te retrouver à ce niveau-là ?

Je reviens de très très loin, aussi bien sur le plan sportif que personnel. Je me demande même comment j'ai fait pour revenir. Passer proche de la victoire sur le Tour de Bretagne, ça tient du miracle. Pour moi, l'été dernier, le vélo c'était fini. J'ai repris suite au décès de Mathieu (Riebel, sur le Tour de Nouvelle-Calédonie, NDLR). Je sais que ça ne se voit pas comme ça car je suis un clown et que le vélo est un vrai kif', mais le Guillaume qui est là a agrandi. Les galères te font dire que tu n'es vraiment rien. Et parfois, tu as un sourire de façade. Je prends la vie au jour le jour. Comme dirait Dany (Maffeïs), je m'écoute trop et j'en fais trop parfois, mais je fais tout à l’excès. Je me donne dans l'excès, j'aime dans l'excès, je fais les conneries dans l'excès... Et à partir de là, tout est bon (sourires). 

On te sent épanoui...
Je suis revenu l'an passé chez les Amateurs en étant revanchard. Ce n'était pas l'état d'esprit qu'il fallait avoir. J'aurais dû vouloir repartir de zéro pour repasser chez les professionnels. Je m'étais perdu entre le vélo-plaisir et le travail. J'ai eu une année 2017 compliquée. J'ai eu une séparation, des problèmes familiaux, un accident à l'entraînement, une opération du cœur et la perte de Mathieu... Pour moi, ça a été difficile. J'étais ami avec Mathieu, Romain Guyot et Clément Le Bras. Leur décès m'a fait prendre conscience qu'on pouvait perdre la vie n'importe où. 

« QUE DU BONUS »

Quelle importance donnes-tu au vélo aujourd'hui ?
Le vélo, ce n'est que du bonus. Je roule le matin et le soir, avant et après la fermeture des magasins (il est commercial, NDLR). J'en parlais dans le peloton avec des coureurs que j'ai côtoyés chez les pros. Eux sont parfois blasés. Moi, je suis très content d'être ici. J'ai peu de kilomètres dans les jambes. Mes armes sont le plaisir et le courage. J'ai toujours été comme ça mais bien sûr ça devient de plus en plus dur. Je change de boîte donc ça m'a permis de bien m'entraîner ces dernières semaines. J'arrive à m'échapper comme sur la Gislard et la Gainsbarre, début avril. J'ai vu que certains étaient lâchés alors que moi, j'étais devant. C'est gratifiant.

Comment t'imagines-tu évoluer ces prochains mois ?
Je ne peux pas me permettre de voir à long terme. Je m'étais fixé comme objectif le Tour de la Manche, qui aura lieu fin mai. Comme j'ai changé de travail, ça risque d'être compliqué d'avoir des congés. Je pense bien sûr au Championnat de France. J'habite à 20 kilomètres de Mantes-La-Jolie. Je suis un coureur de Championnat. Je cours juste sur ce type de course. Je sais répondre présent dans les grands rendez-vous. Ça m'a permis de passer pro d'ailleurs. A Nogent, je suis aussi là pour aider les jeunes, notamment à gagner des grosses courses. Je ne veux pas piquer la place d'un autre. Je veux former nos jeunes. Ils ont un potentiel énorme. Il faut les canaliser parfois mais je comprends, j'étais comme ça à leur âge. 

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