Evaldas Siskevicius : « Je suis devenu une star »

Crédit photo Simon Ruault

Crédit photo Simon Ruault

Evaldas Siskevicius ne s’attendait certainement pas à ça. Depuis la diffusion d’une vidéo (voir ici) le montrant en pleine souffrance dans le final de Paris-Roubaix, le Lituanien ne reçoit que des messages d’affection. “C’est fou non ?” plaisante-t-il avec DirectVelo. “Je suis devenu un peu une star là, je crois”, rigole-t-il encore avec son accent balte si caractéristique mais dans un français toujours impeccable. Visiblement pas rassasié après ces sept heures de galère, le coureur du Team Delko-Marseille Provence-KTM était déjà de retour aux affaires ce mardi, pour Paris-Camembert (1.1) - notre photo -. “C’est l’une des mes courses préférées et je voulais vraiment venir”.

« DES GENS ME DISAIENT : “ALLEZ, TU FAIS COMME À ROUBAIX !” »

A la descente du bus, le coureur de 29 ans a pu goûter à une toute nouvelle notoriété. “J’avais déjà reçu énormément de messages et là, on est venu me voir pour me féliciter, dont beaucoup de gens que je ne connaissais pas…”. Sensible à ces attentions, il a pu constater qu’il en avait inspiré plus d’un de par son courage, dimanche. “Le mot qui est revenu le plus souvent, c’est « respect ». Il y a même un monsieur qui est venu me dire qu’il allait montrer la vidéo à ses enfants comme exemple. Ca me fait chaud au coeur”. 

Tout juste remis de ses émotions, Evaldas Siskevicius était prêt à livrer une nouvelle bataille sur les routes de la sixième manche de la Coupe de France. “Mais le plus drôle, c’est qu’il m’est arrivé pratiquement la même chose que sur Paris-Roubaix”. Victime d’une crevaison à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée alors que deux de ses coéquipiers étaient eux-mêmes dépannés au même moment, celui qui dispute actuellement sa huitième saison chez les pros a perdu beaucoup de temps dans l’affaire. “Paris-Camembert, ce n’est pas facile : ça monte, ça descend… Et en fait, je n’ai jamais pu rentrer !”. Encore une fois, le voilà rejeté quelques hectomètres devant la voiture balai mais comme à Roubaix, il a tenu à terminer l’épreuve. “Sur le bord de la route, des gens me disaient : « allez, tu fais comme à Roubaix, jusqu’au bout ! ». 

« ATTENTION, C’EST L’HISTOIRE DU VÉLO »

S’il rigole de cette attention, l’ancien vainqueur du Grand Prix de la Somme et d’une étape du Tour du Limousin espère tout de même que la roue tournera très vite. “Je crois que j’ai eu mon lot de malchance pour un bon moment”, affirme celui qui se revoit deux jours plus tôt, à l’entrée de la Trouée d’Arenberg. “J’ai eu un soucis avec ma roue et j’ai dû m’arrêter alors que j’étais déjà dans un petit groupe d’attardés”. Celui qui a découvert l’épreuve en 2013 avec la Sojasun perd beaucoup de temps dans l’opération, mais s'arrache durant de nombreux kilomètres pour rentrer sur ce petit groupe. “Mais ils n’ont pas été sympa car ils se sont tous arrêtés au ravito…”. Seul devant la voiture balai à plus de 70 kilomètres de l’arrivée, Evaldas Siskevicius n’avait jamais songé une seconde mettre pied à terre. “Il n’y avait aucune raison d’arrêter. Je n’aime pas abandonner. C’est comme toute chose de la vie : quand tu commences, tu dois finir ! Et puis Paris-Roubaix, attention, c’est l’histoire du vélo ! Tout le monde n’est pas capable de finir cette course. Avoir cette chance, c’est exceptionnel”.

Au classement de l’épreuve, “Siske” - comme on le surnomme dans le peloton - ne figure pas parmi les hors-délais mais parmi les abandons. “J’étais trop loin et la voiture balai m’avait dépassé… Un détail, pour le guerrier balte. “Je ne suis pas allé au bout pour un classement, je l’ai fait pour moi”, affirme-t-il, fièrement. Dimanche prochain, sur le Tro Bro Leon, il courra cette fois-ci pour gagner.

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