La Durtorccha, paradis glacé des grimpeurs

Crédit photo Antoine Pouillard

Crédit photo Antoine Pouillard

Que la Durtorccha a été dure, ce samedi ! Majestueux tel un géant, le Puy de Dôme accueille en son pied les coureurs avant le départ de l'épreuve auvergnate. Au sommet du vieux volcan endormi, les derniers vestiges de l’hiver fondent, inexorablement, sous l'effet de la douceur. Le timide soleil, qui parvient à se jouer des nuages menaçants, semble annoncer le printemps et les beaux jours. En contrebas, sur le parking du Panoramique des Dômes, la quarantaine de concurrents, impatients d'en découdre, scrute attentivement le ciel à la recherche du bon habillement. Seule la pluie, annoncée par les prévisions météorologiques, manque à l'appel. Comme le calme avant la tempête, la course s'élance.

« UNE SECONDE SÉLECTION »

Parmi les coureurs les plus optimistes figure Rémy Rochas. Maillot à manches courtes sur le dos, le petit grimpeur rhônalpin a des idées derrière la tête, avant même de prendre le départ. ''Je n'aime pas courir trop habillé'', confie le sociétaire de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, présent au sein de la première échappée de la journée. Très vite, les premières gouttes de pluie mouillent la descente du circuit mais fausse alerte, l'averse s'estompe rapidement. Le répit est de courte durée : alors que dans le troisième tour, le peloton opère la jonction avec la tête de course, les éléments naturels se déchaînent. La grêle s'abat violemment sur la route, tandis que la température dégringole, passant de dix à deux degrés. ''J'ai attrapé une migraine à cause du froid, mais ce n'est pas forcément les jambes où les bras qui ont le plus souffert. Ça a fait une seconde sélection'', reprend Rémy Rochas, distancé après avoir été revu par le groupe des favoris.

Sous le déluge, la course se décante. Certains hommes parviennent à tirer leur épingle du jeu dans le froid. ''Je ne me souvenais pas que la grêle faisait aussi mal. J'ai encore les marques sur les jambes. Mentalement, je n'étais plus trop dans ma course avec ce temps. La voiture de mon directeur sportif est montée à ma hauteur. Il m'a dit de me bouger et de suivre les coups. Je me suis remotivé. La météo a redistribué les cartes... Finalement, ce n'était pas si mal pour moi'', confie le Suisse Dimitri Bussard, acteur dans le final de l"épreuve.

« UN JOUR À PART »

Dans l'avant-dernière ascension, la neige prend le relais de la grêle. Les flocons blanchissent d'abord les prés, puis au fil des minutes, la route se recouvre d'une légère couche de neige fondue. Dans ces conditions dantesques, l'exigeant parcours de la Durtorccha se transforme en enfer glacé. ''Il n'y avait pas un moment de répit sur le circuit. En plus, la météo s'en est mêlée. D'habitude ce sont des conditions qui me correspondent mais, aujourd'hui, c'était un jour à part'', confirme Jacques Lebreton. Le pensionnaire de l'Amicale Cycliste Bisontine, malade depuis le début de la semaine, fait le choix de la sagesse. ''Je n'étais pas encore totalement remis. Si les conditions le permettaient, j'aurais aimé finir, mais le but était de ne pas rechuter. Je devais courir Châtillon-Dijon'', souffle le Jurassien.

Cette saison, Thomas Acosta n'est pas épargné par les mauvaises conditions climatiques. Pourtant, jamais jusqu'alors, il n'avait connu une telle journée. ''C’était pire qu’à l’Essor basque, encore plus dur. Ça brûlait vraiment sur les jambes''. Le sociétaire du Team Christian Magimel refuse néanmoins de mettre pied à terre. ''J’aurais pu avoir envie d’abandonner mais bon, je me suis dit que les autres allaient le faire et que du coup, ça ferait moins de coureurs pour se jouer la victoire'', sourit celui qui est resté transi de froid, de longue minutes après sa deuxième place.

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