Romain Bardet : « Du vélo d'attaque »

Crédit photo Zoé Soullard - www.directvelo.com

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Romain Bardet (AG2R La Mondiale) a remporté en solitaire, ce samedi, la 18e édition de la Faun Environnement-Classic de l'Ardèche-Rhône Crussol (1.1), courue sur 200,2 kilomètres autour de Guilherand-Granges (Ardèche). Il a devancé Maximilian Schachmann (Quick-Step Floors) et Lilian Calmejane (Direct Energie). Retrouvez la réaction du vainqueur du jour, recueillie par DirectVelo.

DirectVelo : Que retiens-tu de ta journée ?
Romain Bardet : C'est beaucoup de plaisir, j'ai couru sans arrière pensée. J'aime faire des courses en France, je peux prendre des risques. Je ne savais pas où j'en étais physiquement. J'ai couru sans arrière pensée. On était présent avec toute l'équipe, et tout le monde a couru après nous. L'écart est monté à 10-11 minutes. On s'est dit que si on ne faisait rien, personne n'allait rouler derrière. Hubert (Dupont) et Nans (Peters) ont été remarquables pour museler le peloton et gérer la poursuite pendant 160 kilomètres. Et derrière, je pense qu'on avait le plus gros collectif. Quand j'ai été devant, mes coéquipiers ont fait le frein derrière. Une fois que je suis parti, je ne me suis pas posé de question et c'est que du plaisir de l'emporter.

« JE NE SAVAIS PAS OU J'EN ÉTAIS »

C'était une attaque préméditée ?
Je savais que c'était la bosse qui convenait le mieux à mes caractéristiques, donc c'était à moi de provoquer la course. C'est important que Cyril (Gautier) et Mikaël (Chérel) puissent jouer aussi leur chance, que l'on soit sur un pied d'égalité, collectivement. J'ai attaqué pour faire travailler les autres équipes. Après, en m'isolant à l'avant, avec des routes tortueuses, je savais que j'avais une chance de faire quelque chose. Pour moi, c'était la vraie rentrée aujourd'hui et vivement la suite.

Imaginais-tu un tel scénario avant la course ?
Non, je n'avais pas fait de plans. Je ne savais pas vraiment où j'en étais, j'ai beaucoup travaillé cette semaine. Le but était de simuler la course par étapes que j'ai manqué. Les jambes ont bien répondu, et c'est de bonne augure pour la suite.

« SUR UN PIED D'ÉGALITÉ »

Est-ce que tu t'es surpris dans la plaine à résister à Jungels et Cavagna ?
Non, pas vraiment. Je sais que la course est difficile, il y a eu plus de 3000 mètres de dénivelé et 180 kilomètres. Pour un début de saison, ça fait beaucoup. Je savais que sur le plat, sur des distances de moins de 10 kilomètres, je suis capable de résister, et c'est ce que j'ai fait. J'ai eu de la chance que le Val d'Enfer soit difficile et que le final sinueux m'avantage de cette façon.

Comment vois-tu la course de demain ?
Avec les efforts que l'on a fait aujourd'hui, on va encore probablement subir le poids de la course. Après, c'est un parcours qui convient bien à Sam (Dumoulin). On a encore plusieurs options pour bien faire, et on part avec 7 coureurs sur un pied d'égalité, avec un état d'esprit offensif. C'est un plaisir, car ça change des courses stéréotypées qu'on a en World Tour. Ici, c'est du vélo d'attaque, sans arrière-pensée. C'est super.

« LES VICTOIRES DES COPAINS FONT PLAISIR »

Qu'est-ce qui provoque autant de réussite dans l'équipe cette année ?
Je pense que c'est un groupe qui se forme, qui s'est forgé petit à petit. C'est une gestion dynamique. Quand on prend la saison dans le bon sens, les victoires des copains font plaisir. Quand j'ai été immobilisé, je prenais plaisir à voir les gars gagner. J'ai aimé suivre sur DirectVelo les victoires de Tony (Gallopin) à Bessèges, ou l'équipe qui prenait la course en main sur la Provence... J'avais hâte de revenir dans le groupe. C'est un climat positif. Tout le monde est dans une bonne phase psychologique. Les victoires appellent les victoires, on court sans complexe, en prenant des risques et ça paie.

C'est un soulagement de gagner dès ton retour ?
Oui, c'est sûr. Après, mes objectifs sont cet été. J'ai pas mal douté quand je me suis blessé. Quand on passe dix jours sans faire grand chose, à voir les autres courir, on cogite un peu. J'ai eu de la chance que ça arrive tôt dans la saison. Je suis bien content de m'être fait violence pour ne pas rien faire, d'avoir fait pas mal de home-trainer pour ne pas repartir trop bas. Finalement, les sensations sont peut-être meilleures que si j'avais couru la Ruta del Sol la semaine dernière. Il faut trouver du positif dans chaque situation. Maintenant, on verra sur Tirreno et sur les grands rendez-vous WorldTour où je me situe.

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