Le demi-fond recolle au rouleau de la FFC

Crédit photo DirectVelo.com

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La Fédération française de cyclisme et l'association France Demi-Fond ont signé une convention, annonce cette dernière à DirectVelo.

Le premier effet de cette signature est de considérer la course derrière moto comme "une spécialité du cyclisme sur piste à part entière".

LA COUPE DE FRANCE POUR PREPARER LES ECHEANCES

Dans le cadre de cette convention, la Coupe de France de demi-fond, créée l'an dernier (lire ici), aura pour objectif d'offrir les meilleures conditions de préparation aux stayers (1) français "en amont des échéances nationale et internationale" et "un environnement plus propice à leur épanouissement". La FFC et l'association coordonneront leurs efforts pour démarcher des organisateurs pour la Coupe de France.

Pour les échéances internationales, aujourd'hui le Championnat d'Europe, les athlètes seront sélectionnés par la Direction Technique Nationale, et non plus par France Demi-Fond. Ils "seront intégrés au même titre que les autres membres de la famille de la piste", prévoit la convention. Depuis le Championnat d'Europe 2016 à Saint-Quentin-en-Yvelines, le demi-fond est de nouveau intégré au programme du Championnat d'Europe sur piste. Les coureurs français sont présents en finale chaque année depuis 2013 grâce à Antoine Gaudillat et Emilien Clère. Depuis la disparition du titre de Champion du Monde après 1994, le titre continental est la récompense la plus haute de la discipline

L'Association France Demi-Fond "continuera d'assurer ses missions de promotion et de valorisation de la discipline dans la lignée de la politique fédérale", déclare-t-elle dans un communiqué. Ainsi elle proposera des stages de formation et de perfectionnement pour les pilotes de motos.

PLUSIEURS FOIS DECLARE MORT

L'acte de décès du demi-fond, discipline née au XIXe siècle, d'abord derrière entraîneurs humains puis entraîneurs motorisés, a souventé été publié mais la discipline a la peau aussi dure que le cuir du costume des entraîneurs à motos.

En 1982, la FFC grâce à son nouveau DTN Lucien Bailly, a redonné un coup de fouet à la discipline. Grâce au fond national de développement du sport, la fédération investit dans l'achat de douze motos Yamaha XS 650, toujours en marche 36 ans plus tard. L'association France Demi-Fond veille sur ces engins alors qu'au dernier Championnat d'Europe à Berlin, en Allemagne, il manquait une "BM" pour pouvoir aligner huit coureurs en finale.

Lucien Bailly a confié l'organisation de la discipline à Jean Court, commissaire international à la forte personnalité. De 1981 à 1994, le Championnat de France est disputé pendant la Semaine Fédérale sur piste. Il faut attendre 2014, à Saint-Quentin-en-Yvelines, et 2016, à Bordeaux, pour revoir les stayers se disputer le maillot bleu-blanc-rouge en même temps que les autres pistards.

LA POLICE A CHEVAL POUR DEGAGER LE PARC DES PRINCES

Le demi-fond ne laisse pas indifférent car la course derrière moto intrigue. Pendant plusieurs décennies, elle a soulevé l'enthousiasme du public des vélodromes à travers le monde. En 1924, pour la finale du Championnat du Monde, le vieux Parc des Princes fait le plein et même plus que ça. Les 25 000 places, payantes, sont prises d'assaut. Il faut la police à cheval pour dégager les portes. La finale de la vitesse n'attire "que" 20 000 personnes. En 1933, dans les tribunes du nouveau Parc (2), ils sont encore 30 000 spectateurs payants pour la finale mondiale.

Le cas du stade olympique d'Amsterdam est encore plus parlant pour montrer l'impact populaire du demi-fond. En 1925, l'ancien stade est plein comme un oeuf (25 000 personnes) pour assister à l'attribution du titre de Champion du Monde. Au moment de construire le stade olympique pour les Jeux de 1928, les architectes conçoivent les ballustrades pour empêcher qu'une moto atterisse dans le public, alors que le demi-fond, discipline professionnelle, n'a jamais été au programme des JO. En 1958, ils sont 40 000 à s'entasser dans le vieux stade olympique pour la finale du Championnat du Monde.

Même les détracteurs des courses derrière motos - qui ont longtemps donné le bâton pour se faire battre - doivent reconnaître le potentiel populaire de la discipline. En janvier 1985, deux manches de demi-fond sont insérées au milieu du "match" France-Italie au Palais omnisports de Bercy. Yvon Bertin, ancien maillot jaune du Tour, y fait briller son maillot de soie rouge de l'ASPTT Nantes face aux meilleurs spécialistes étrangers. Certes, la course ne devait pas déplaire au public mais Jean-Marie Leblanc doit reconnaitre dans L'Equipe qu'"Yvon Bertin faisait des siennes en demi-fond ce qui ne gâtait rien". Les témoins de la soirée peuvent assurer que le Nantais fut plus applaudi et encouragé que Bernard Hinault et Francesco Moser, en piste ce soir-là. Pourtant, en 1995, le futur directeur du Tour de France fut un de deux qui poussèrent les stayers en dehors du programme du Championnat du Monde.

(1) le stayer est le coureur qui reste dans le sillage de l'entraîneur à moto.
(2) celui qui sera détruit en 1967 pour construire le stade actuel.

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