Cyclo-cross féminin : Bientôt plus de professionnelles ?

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo.com

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Il y a douze mois, le mano a mano Sanne Cant-Marianne Vos avait enthousiasmé les spectateurs du Championnat du Monde à Belvaux. Samedi dernier, le duel entre Sanne Cant et Katherine Compton a de nouveau tenu en haleine les amoureux du cyclo-cross réunis sur les flancs du Cauberg. A chaque fois, la Belge a pris le dessus et endossé le maillot arc-en-ciel mais c'est aussi sa discipline qui en est ressortie gagnante.

"Les courses pour femmes sont pleines de suspense", affirme Danny De Bie, Champion du monde en 1989 et actuellement directeur sportif chez Tarteletto-Isorex. "C’est plus passionnant que le seul duel Van der Poel–Van Aert chez les hommes. Nos sponsors sont très intéressés par les féminines. Elles reçoivent toujours plus d’intérêt médiatique", rappelle De Bie. "Nous avons demandé aux organisateurs de modifier les horaires et de placer les Elites Femmes juste avant les Elites Hommes dans cet objectif de médiatisation", explique Peter Van den Abeele, Directeur adjoint des sports à l’UCI.

PAS UNE HISTOIRE BELGO-NEERLANDAISE

Jurgen Mettepenningen, manager de la formation Marlux-Bingoal se réjouit également de ce progrès.  "Semaine après semaine, j’observe que le public suit toujours davantage les filles". Le peloton féminin semble aussi plus international et diversifié que celui des garçons. "Ce n’est pas une histoire entre Belges et Néerlandais comme chez les hommes. On observe aussi un phénomène de passerelle entre le VTT et le cyclo-cross. C’est notamment le cas pour Pauline Ferrand-Prevot, Jolanda Neff ou Evie Richards. Cette combinaison est très intéressante. Le VTT donne la possibilité de participer aux Jeux Olympiques. Le cyclo-cross permet de gagner pas mal d'argent pendant l’hiver", ajoute Van den Abeele.

CHAQUE ECURIE VEUT SA CHAMPIONNE

Telenet-Fidea ne veut surtout pas rater le train en marche. Fleur Nagengast et Ellen Van Loy portent le même maillot noir que Lars van der Haar. "On doit faire un point avec l’équipe car on veut investir sur les filles", annonce le patron Sven Nys, "Ellen Van Loy a un excellent niveau mais elle aura 38 ans à la fin de l’année. On cherche donc à recruter des filles plus jeunes, pour construire l’avenir". Chez Marlux-Bingoal, Laura Verdonschot est professionnelle. Elle est, avec  la double Championne du Monde en titre Sanne Cant, l'une des deux seules Belges du peloton dans cette situation. "Nous croyons en Laura. Elle a connu une saison difficile mais nous sommes convaincus qu’elle succédera un jour à Cant. L’UCI oblige chaque équipe à engager une athlète féminine. Toutefois, nous n’avons pas attendu cette décision pour nous intéresser à elles", précise Mettepenningen.

« ON NE VIT PAS, ON SURVIT »

Toutes les filles recrutées par les groupes sportifs UCI ne sont pas professionnelles, loin de là. Actuellement, la situation n'est pas rose pour toutes les femmes réunies dans les sous-bois. Caroline Mani, médaillée d'argent des Mondiaux 2016, vit aux Etats-Unis. "C'est un sponsor qui me paie mes billets d'avion. D'autres partenaires m'assurent un peu de liquidités. Mais si je veux payer mes factures, je dois compter sur les prix à l'arrivée. C'est une situation difficile", témoigne la quadruple Championne de France.  "Sur les manches de Coupe de France, il y a beaucoup de jeunes filles au départ. Mais combien d'entre elles seront encore sur un vélo à 20 ans ? On ne vit pas. On survit. A un moment donné, on doit penser à faire des projets, acheter une maison et cotiser pour sa retraite", regrette Mani, 31 ans.

UCI : « BIENTÔT LES MÊMES PRIX QUE LES HOMMES »

Danny De Bie est plus optimiste et pense que les cyclistes pourront bientôt profiter de cette demande grandissante. "Je suis convaincu que les féminines vont bientôt gagner plus d’argent. Le nombre de filles professionnelles va augmenter dans quelques temps". A l’UCI, on veut réduire l’écart des grilles de prix entre les sexes. Déjà, la dotation du Championnat du Monde, du Championnat d'Europe et des épreuves Classe 1 et 2 est la même. "Nous allons bientôt proposer un même barème de prix pour les femmes et les hommes sur les manches de Coupe du Monde", annonce Van den Abeele qui jubile d’avance de cette évolution. "L'argent est un vecteur supplémentaire de développement de la discipline. Je me réjouis de voir où nous en serons dans 5 ans".

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