CM Auber Dames : « La cohésion n'existait plus »

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

Cinq années après avoir quitté la Direction sportive de l’équipe féminine du club d’Aubervilliers (BigMat-Auber à cette époque), Sébastien Bailly revient à la tête de la DN Femmes de St-Michel-Auber 93. Après la présentation officielle de l’équipe mardi dernier, il livre  à DirectVelo les raisons de son retour et ses projets pour l’équipe.

DirectVelo : En 2013, tu quittes tes fonctions de DS de l’équipe Dames. Pourquoi cette décision à l’époque ?
Sébastien Bailly : Quand je suis parti, c’était essentiellement pour des raisons de temps. Je ne parvenais plus à articuler ma vie professionnelle, personnelle et la gestion de l’équipe avec notamment les courses tous les week-end. L’aventure était belle puisque nous avions commencé notre entrée dans le cyclisme féminin en gagnant la Coupe de France. Nous avions monté une belle équipe avec Roxane Fournier ou Mélodie Lesueur, Championne de France. Nous avions des arguments à faire valoir et ça fonctionnait bien. Mais je ne pouvais plus suivre le tempo et j’ai préféré passer la main.

« JE VOULAIS UN VRAI STAFF »

Tu reviens à Aubervilliers cinq ans après avec de nouveaux projets pour les féminines. Qu’est-ce qui a motivé ce retour ?
J’avais toujours un œil sur le cyclisme féminin sans forcément de velléité d’y reprendre des responsabilités. En juillet dernier, Stéphane (Javalet) m’a proposé de revenir car le Directeur Sportif Jackie Millet s’en allait. J’ai hésité, tâté le terrain, pris la température… Malgré le travail et l'investissement de Jackie et d'Auber, j’ai vite compris qu’il n’y avait plus d’osmose, de complicité, de plaisir. Par exemple, sur les courses, les filles s’échauffaient chacune de leur côté : elles n’avaient que le maillot en commun.  La cohésion n'existait plus.
 
Et tu penses pouvoir renverser cette tendance ?
Oui, je crois. Nous allons travailler à cela en tout cas. Cela va se jouer à plusieurs niveaux. Pour l’encadrement par exemple, j’ai posé des conditions de moyens quand Stéphane m’a proposé la mission. Je voulais un vrai staff. Un mécano attitré, un assistant et le DS. Ce sera le cas avec Patrice Gudeste et Bruno Martin, respectivement mécanicien et assistant. Au niveau de l’effectif aussi que nous avons renouvelé quasiment de moitié. D’ailleurs, celles qui ne s’entendaient pas sont parties d’elles-mêmes.

SANDRINE BIDEAU POUR DRIVER LES JEUNES

Tu avais carte blanche pour l’effectif 2018 ?
Oui, Stéphane m’a laissé construire une équipe qui devra représenter haut les couleurs de St-Michel-Auber 93. Ma priorité, par rapport aux difficultés de l’année dernière, c’était d’avoir une capitaine de route. Ce sera le rôle de Sandrine (Bideau) qui sera plutôt là pour driver et aider les jeunes à obtenir des résultats.
Par exemple, Camille Deligny a sportivement des vraies valeurs. Mais c’est quelqu’un qui n’a jamais fait de vélo et a besoin d’être encadrée (Elle arrive du triathlon, NDLR). Avec Sandrine, ce sera le cas. Expérience plus la qualité physique et athlétique de Camille, ça peut faire de bonnes choses !
Le reste de l’équipe est très jeune et nous nous fixons des objectifs de monter en puissance à moyen et long terme. Je pense notamment aux JO de Paris 2024. Cela peut paraître présomptueux de l’évoquer maintenant, mais je pense que ça peut être un objectif pour certaines d’entre elles.

Quels seront vos objectifs pour la prochaine saison ?
Avant tout et donc avant même l’objectif sportif, ma priorité est de monter une équipe qui fasse plaisir à voir, avec des filles qui s’entendent au quotidien. Quand tu as la cohésion et la dynamique, les résultats viennent tout seul après.
Pour autant, nous voulons aussi avoir des résultats. Les premières échéances importantes arriveront lors du week-end de Pâques avec la première Coupe de France (Prix de la Ville de Mont Pujols en Nouvelle Aquitaine, NDLR).
Au niveau de l’équipe, je voudrais retrouver dès cette année un Top 3 sur le classement des DN. Au niveau individuel, je citerais –parmi d’autres- le Championnat de France du contre-la-montre pour Camille. Elle a les qualités pour, elle est consciencieuse dans sa préparation. Je pense qu’on peut y arriver.

Quel regard portes-tu sur le cyclisme féminin aujourd’hui ?
Quand j’ai quitté le cyclisme féminin il y a cinq ans, le gap entre le niveau des équipes étrangères et celui des françaises était énorme. Plusieurs raisons à cela, mais j’observais notamment que l’attitude de certaines filles et la rigueur nécessaire au haut-niveau n’étaient pas toujours au rendez-vous par rapport aux étrangères. Cinq ans après, les mentalités semblent avoir changé. Les équipes étrangères ont montré l’exemple avec notamment les équipes pros hommes qui ont toute un pendant dans le cyclisme féminin. En France, il y en a qu’une. On n’est pas dans un pays sous-développé dans le cyclisme : ce n’est pas normal !
Mais ça bouge. Je suis allé au colloque sur le cyclisme féminin de la FFC en décembre et tu vois vraiment qu’il y a des envies de la fédération et des équipes de valoriser le sport féminin.C’est la dynamique dans laquelle Stéphane Javalet et St-Michel-Auber s’inscrivent.

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