Lucie Chainel : « Je préfère arrêter là »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

La décision était attendue pour certains, beaucoup moins pour tous les autres. Quoi qu’il en soit, elle est soudaine et brutale. Lucie Chainel vient de disputer, ce samedi à Flamanville, la dernière course de sa carrière, en remportant la Coupe de France de cyclo-cross Dames après sa quatrième place du jour. Epuisée physiquement et mentalement, sans motivation, l’ancienne double Championne de France de la discipline va changer de vie. A tous points de vue. Confidences au pied du podium, pour DirectVelo.

DirectVelo : Comment t’es-tu sentie ce samedi sur ce circuit de Flamanville ?
Lucie Chainel : Je ne me sentais pas si mal que ça, j’avais de la force, même si je n’avais plus trop d’énergie sur le final… Mais bon, je me dis que c’est déjà bien. Honnêtement, en dehors du cyclisme la vie n’est pas simple en ce moment et c’est vrai que ça se ressent directement sur le vélo. J’ai quand même pris du plaisir aujourd’hui : 4e, ce n’est pas trop mauvais, je n’étais pas complètement plantée.

« JE TERMINE MA CARRIÈRE SUR UNE BONNE NOTE »


Tu restes compétitive, au plus haut niveau français…
Mouais… “Au plus haut niveau français" parce que ça reste un niveau national, on va dire… Hormis Pauline (Ferrand-Prévot) qui a retrouvé un grand niveau international… De mon côté, mes performances ne sont pas du tout à la hauteur de mes attentes et de ce que j’aime dans le vélo.

Malgré tout, te voilà donc lauréate de la Coupe de France de cyclo-cross Dames !
C’est du plaisir, après deux ans de galère après mon opération. Je termine ma carrière sur une bonne note.

« QUAND ON TE DIT QUE TU DOIS PARTIR... »

C’est-à-dire ?
J’ai pris la décision hier (vendredi) d’arrêter ma carrière. J’arrête aujourd’hui ! Je suis très heureuse d’arrêter avec le maillot blanc de la Coupe de France. Je repars sur une nouvelle vie pour 2018. Le sport de haut niveau demande beaucoup de sacrifices. Je n’ai plus envie, tout simplement. C’est un choix, personne ne me l’impose. J’ai de nouvelles ambitions professionnelles qui n’ont rien à voir avec le vélo.

Mais tu n’as même pas eu envie d’aller jusqu’au Championnat de France ?
Non… Quand on te dit que tu dois partir de l’équipe et que tu es un boulet pour le groupe… C’est très difficile mentalement d’avoir envie de courir avec ce maillot-là. Pour moi, ce n’était pas simple. Je me suis retrouvée un peu toute seule. Je préfère arrêter là.

« JE VAIS POUVOIR DÉCOMPRESSER »


A quoi penses-tu au moment de mettre un terme à cette longue carrière ?
J’ai commencé le vélo à 11 ans, en VTT. Ca fait un bout de temps. J’ai souvent eu envie d’arrêter. Je ne savais pas quoi faire de ma vie. J’ai longtemps partagé ma vie avec Steve (Chainel) et du coup, j’ai continué le vélo alors que ce n’était pas forcément ce dont j’avais envie. Je l’ai fait parce que je ne savais pas quoi faire d’autre, c’est une réalité. Puis il y a eu l’arrivée de mes enfants. Après ça, j’ai marché fort et je ne m’y attendais pas. Sur deux-trois ans, ça marchait fort. J’étais fière de moi avec deux titres de Championne de France, des médailles européennes et mondiales. J’ai eu de très bons résultats. Je pense laisser une bonne image et une bonne trace. J’essaie d’encourager les filles. En 2000, je n’avais même pas pu participer au Championnat de France à Manosque. Je m’en souviens, en Cadettes/Juniors… Et là, quand je vois le nombre de jeunes filles qui sont là, je suis très heureuse pour les filles et pour la discipline. C’est un sport difficile, il faut avoir envie. Ce n’est pas facile surtout pour des filles : on n’a pas les mêmes capacités que les hommes… Quand je vois toutes ces filles, que je vois ce développement du cyclisme féminin, je suis contente.

A quoi va ressembler ta vie en dehors du vélo désormais ?
A une liberté de dingue (rires) ! C’est un changement de vie… J’ai des projets que je garde pour moi pour l’instant, le temps que je mette tout en place. Ce qui est sûr, c’est que je vais continuer de faire du sport : aller faire du vélo, de la course à pied, des duathlons. Mais sans gérer le sommeil, la récupération, la nutrition… Ce sera sans pression.

Tu es soulagée d’avoir pris cette décision ?
Oui, je le suis. Le sport, c’est beau mais c’est quand même dur. Je vais pouvoir décompresser. Je vais faire la fête au Nouvel An (rires). Ma nouvelle vie commence demain !

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