La chute du projet Topcompétition

Crédit photo Edith Lebleu

Crédit photo Edith Lebleu

Tom Boonen et Gert Steegmans, premiers vainqueurs de la Topcompétition, avaient bien lancé le Challenge de la fédération belge. Mais depuis, Nicolas Vereecken, Rob Leemans et Arjen Livyns, trois des derniers lauréats, n'ont pas vu leur carrière décoller après leur victoire.  Pire encore, les deux premiers ont interrompu leur carrière tandis que le troisième cherche encore une équipe pour l'an prochain (lire ici). La Topcompétition souffre alors que son objectif premier est d'ouvrir les portes d'une carrière professionnelle.

DirectVelo s'est penché sur la situation de ce trophée et a interrogé toutes les parties prenantes : coureurs, équipes, organisateurs et la fédération belge.

Nous vous proposons un dossier en trois volets sur l'état de santé et les perspectives du challenge : le calendrier, la nouvelle formule et les retombées de la Topcompétition avec à chaque fois une question : comment relancer la Topcompétition? Premier sujet de discussion : le calendrier. Deuxième sujet de discussion : le manque de retombées de la Topcompétition.

UN VAINQUEUR DEJA TROP VIEUX POUR PASSER PRO

Voir un Arjen Livyns peiner pour trouver un contrat professionnel est "incompréhensible" pour le directeur de la fédération Jos Smets. "Pourquoi Vérandas Willems ne le signe pas? Il a fait deux stages là-bas. Il a été régulier. Il a montré son habileté à passer sur tous les terrains. Je prends l'exemple de la Flèche Ardennaise.  Il termine quatrième. Avant, avec ce résultat, on passait pro directement", déplore-t-il. Jos Smets a son idée sur l'origine du problème : son âge. En 2017, le coureur de Pauwels Sauzen - Vastgoedservice a quitté la catégorie Espoirs. "Quelle équipe professionnelle engage encore des coureurs de plus de 22 ans à l'heure actuelle? Ces formations engagent des coureurs de plus en plus jeunes. Trouver un contrat au-delà de 22 ans devient de plus en plus difficile", constate Jos Smets.

Au fur et à mesure, un cercle vicieux s'est mis en place, avec comme point final d'être "terminé" pour le cyclisme de haut niveau au-delà de 22 ans, d'où l'empressement général de signer un contrat professionnel le plus tôt.  "Cette mentalité est entretenue par les équipes. Heureusement qu'il y a des formations comme Cibel-Cebon pour donner une chance à ces coureurs sans quoi on aurait peut-être jamais parlé des frères Naesen. Beaucoup de jeunes effectuent des études et ne consacrent pas à 100% pour le cyclisme. Ils ont parfois un développement sur le tard", analyse le directeur de la fédération.

En 2016, la domination des Vérandas Willems avec  des coureurs de plus de 27 ans était indiscutable, avec cinq succès sur sept. La frustration chez les rivaux était grande, d'autant que ces coureurs étaient hors-jeu pour le classement général. Dès lors, la fédération "à l'écoute des équipes" a décidé d'abaisser l'âge des participants à 25 ans et à ouvrir le classement général aux coureurs étrangers. "C'est une bonne chose. En 2016, Timothy Dupont qui avait plus de 27 ans surclassait la catégorie. En plus, il n'entrait pas en lice pour le classement général. La Topcompétition doit permettre aux jeunes d'avoir un challenge dans lequel ils peuvent s'affrontrer entre eux et parfois, contre des gars de plus de 27 ans, semi-pros ou professionnels", souligne Christophe Detilloux.

PAS DE LUTTE POUR LE CLASSEMENT GÉNÉRAL

Malgré cette intiative, l'absence de lutte pour le classement général individuel et par équipes était criante. Pour l'expliquer, le manager général de WB Veranclassic-Aqua Protect Christophe Brandt remet en cause le barême. Pour rappel, les 25 premiers inscrivent des points à l'issue d'une manche.  "C'est de trop. Il faut limiter les points aux dix-quinze premiers par exemple. Attribuer des points au 25e n'a pas de sens. Primo, personne ne va se souvenir de la 25e place du coureur. Deuxio, cela ne va pas inciter à le recruter par la suite. Il faut selon moi valoriser davantage en points le vainqueur d'un manche."

Symptomatique de ce déclin, les déclarations d'avant-saison des coureurs. Aucun n'ose dire: "Cette année, je veux gagner le classement de la Topcompétition." Pourquoi?  Les coureurs préfèrent mettre l'accent sur une manche en particulier car ils savent que cela constitue leur meilleur passeport vers un contrat pro.

Ce manque d'intérêt remonte... à 2011 où Olivier Pardini devint le premier coureur à remporter la Topcompétition sans devenir professionnel par la suite. A l'époque, le cas du coureur wallon était particulier car son équipe d'alors, Wallonie-Bruxelles, avait la politique de ne pas conserver les coureurs au-delà de 26 ans. Trop vieux, déjà. Les années suivantes, la victoire à la Topcompétition redevient un atout avec Benjamin Verraes devenu ensuite professionnel chez Accent Jobs-Wanty.  D'ailleurs, le recordman de victoires sur le sol belge en 2017 affirme que son succès à la Topcompétition l'a aidé. "A l'époque, je n'avais pas remporté de manche. Grâce à ma régularité, j'avais réussi à décrocher un stage avant de signer chez Accent Jobs l'année suivante".

« IL VALAIT MIEUX GAGNER EN 2012 »

Benjamin Verraes a bel et bien remarqué l'intérêt déclinant pour la Topcompétition. "Il valait mieux la gagner en 2012 que maintenant car quand j'analyse la situation à l'heure actuelle, je trouve cela bien triste pour Arjen Livyns."  En 2013, Nicolas Vereecken trouve de l'embauche chez An Post-Chainreaction en Continental avec un contrat pro. Par la suite, Kenneth Van Rooy ne décroche aucun contrat pro et doit attendre sa quatrième année Espoirs pour effectuer le bond. La suite de l'histoire, est connue pour Nicolas Vereecken, Rob Leemans et Arjen Livyns.

La situation du classement interéquipes est différente. Lotto-Soudal U23 s'est imposé en 2017 pour la sixième fois consécutive. Si la lutte était encore serrée jusqu'en 2014, avec Wallonie-Bruxelles (à l'époque encore en Continental) et EFC (avant le retrait du soutien de Quick Step), les hommes de Kurt Van den Wouwer font désormais cavalier seul depuis trois ans. Pourtant, le meilleur Espoir de la saison, Bjorg Lambrecht ne figure qu'à la 22e place du général avec sa cinquième place sur la Flèche Ardennaise, la seule manche à laquelle il a participé. "C'est bien la preuve que Lotto-Soudal mise plus sur la scène internationale", commente Benjamin Verraes. "Mais l'effectif de Lotto-Soudal est tellement riche qu'ils sont suffisamment forts pour briller sur la Topcompétition", complète Jos Smets.

Le classement par équipes concernait seulement treize formations en 2017. Une conséquence directe du peloton Espoirs trop réduit. "La problématique est plus large que la Topcompétition. Il n'y a plus assez de jeunes coureurs Espoirs", affirme Jos Smets. "Avoir 97 partants à Saint-Nicolas fait mal au coeur. La faute à quoi? Les Espoirs sont concentrés dans quatre équipes. Sur une course, tu ne peux en aligner que sept à la fois, cela veut dire que tu en laisses une dizaine à la maison ou alors ils sont sur une course à l'étranger. Tout cela s'ajoute à l'empressement de ces jeunes hommes à devenir professionnel et à ce désintérêt autour de la Topcompétition."

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