La prophétie d'Adrien Garel

Crédit photo Bahn-em2017.de

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Adrien Garel a des dons de voyant. La veille de son titre de Champion d'Europe du scratch, il a décrit à ses camarades de l'équipe de France le scénario de la course du lendemain. "En rigolant, je leur ai dit que j'allais prendre un tour et gagner au sprint", rappelle le sociétaire du VC Pays de Loudéac à DirectVelo, "comme ils venaient de réaliser le meilleur temps des qualifications en poursuite, je me disais que ce serait tellement beau d'avoir six maillots".

Le Jour J à l'heure H, la prophétie s'est réalisée sur le scratch. "C'était là où j'avais le plus de chances de m'imposer car on peut prendre un tour sans être trop surveillé", explique-t-il.

« JE NE SAVAIS PAS QUE C'ETAIT UN SPRINTER »

Derrière un groupe de quatre coureurs partis prendre un tour, Adrien Garel sent qu'il faut réagir mais ne veut pas emmener tout le monde sur son porte-bagage. Il se cale alors dans la roue du maillot le plus voyant, celui du Champion du Monde, Adrian Teklinski. Mais l'habit, même irisé, ne fait pas toujours le moine. "J'avais l'impression qu'il n'était pas à fond pour m'inciter à rouler et me flinguer derrière", raconte le coureur 21 qui reconnaît un manque d'expérience : "je ne savais pas que c'était en fait un ancien sprinter qui ne gagne les scratchs que quand ça arrive groupé. Il était cuit en fait". Cette méconnaissance lui coûte quinze tours supplémentaires pour prendre un tour.

A partir de là, le prophète la joue fine. "Je suis resté 20 tours au fond de la classe en me disant que c'était aux autres d'aller chercher ceux qui ressortaient du peloton. J'ai joué à quitte ou double. Dans les dix derniers tours je suis devenu encore plus attentif. Je voulais éviter le sprint. Je sors avec Kenny De Ketele pour rejoindre l'Ukrainien et le Hongrois qui étaient repartis. Je lance mon sprint à 1 tour et demi pour ne pas me faire surprendre", décrit le vainqueur du scratch.

« ENVIE DE VOMIR »

Le seul regret du nouveau Champion d'Europe est de ne pas avoir pu profiter sur le moment de ce titre, son premier. D'abord, il est allé le chercher avec ses tripes. "Après la course, j'avais envie de vomir. J'ai fait un sacré effort. Sur le podium, je n'étais pas très bien à la limite de la fringale. Ensuite, je suis parti tout de suite au contrôle", regrette-t-il. Quand il revient au centre de la piste, les poursuiteurs ont déjà gagné leur finale. "Ce n'était déjà plus mon moment." Mais la vision des six maillots s'est révélée juste.

Après le scratch, Adrien Garel n'est pas resté assis sur son coussin à Berlin. Le médaillé de bronze de l'Omnium au Championnat d'Europe Espoirs participe aussi à l'élimination. "Il y avait moyen d'aller chercher une médaille mais je me fais mettre dans la boîte. J'ai eu la sensation d'être éliminé sans avoir forcé. C'est une erreur qui me servira pour l'avenir", concède-t-il.

L'EXAMEN DU KILOMETRE

Le dernier jour du Championnat, le futur néo-pro de Vital Concept continue d'investir dans l'avenir. Il profite d'une place libre pour participer au kilomètre avec une mission bien définie. "Je devais boucler la borne en moins de 1'04" et terminer le dernier demi-tour sur le rythme du record du monde de poursuite par équipes. Pas question de gérer", indique-t-il. Steven Henry, l'entraîneur national, demande d'ailleurs à ses poursuiteurs de disputer les kilomètres départ arrêté sur les Grand Prix auxquels ils participent pour travailler le départ. Mission remplie avec un temps de 1'03"924 et un dernier tour parmi les plus rapides, plus vite par exemple que Jeffrey Hoogland.

Le "meneur d'ambiance" de l'équipe de France termine donc sa saison sur piste avec un maillot de Champion d'Europe, une médaille de bronze au Championnat d'Europe Espoirs et le sentiment d'avoir prouvé qu'il est "capable de faire de belles choses sur les courses en peloton". Place maintenant à une coupure avant de préparer sa première saison chez les pros sous le maillot Vital Concept.

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