Pierre Latour (AG2R La Mondiale) est devenu, ce jeudi, Champion de France Elites du contre-la-montre sur le circuit de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Le coureur de 23 ans décroche ainsi son premier titre national, toutes catégories d'âge confondues. Il revient sur ce succès auprès de DirectVelo.

DirectVelo : On t'a vu fondre en larmes après l'arrivée (voir ici). Que représente ce titre pour toi ?
Pierre Latour : Sur le coup, je ne réalisais pas trop. D'ailleurs, je crois que je ne réalise toujours pas. Il faudra peut-être attendre de porter le maillot en course. Puis quand Thibaut (Pinot) est passé, là c'était fait alors j'ai un peu éclaté. Je n'avais jamais été Champion de France même dans les catégories de jeunes. J'avais fait deux podiums mais rien de plus, alors ça fait vraiment plaisir. Même pour l'équipe, c'est un grand moment car on n'avait jamais eu un Champion de France chrono. Et puis, je porterai le maillot pour la première fois sur le Tour de France. C'est vraiment spécial.

« PAS BEAUCOUP D'OCCASIONS DANS UNE CARRIÈRE »

Tu avais peur de ne jamais pouvoir porter le maillot bleu-blanc-rouge après tes différentes places d'honneur dans les jeunes catégories ?
Il n'y a pas beaucoup d'occasions d'être Champion de France dans une carrière. Il ne faut pas rater les opportunités et c'est vrai que jusqu'à maintenant, j'étais passé à côté même s'il ne m'avait pas manqué grand-chose. Maintenant, c'est fait. J'ai pensé à tout le travail fait, les sorties derrière scooter avec mon père depuis longtemps pour en arriver là. Je suis très content.

Ton père t'accompagne souvent sur les courses mais il n'était pas là cette fois-ci...
Oui, tant pis pour lui. Mon père n'avait qu'à venir (rires). Non, plus sérieusement, ça faisait loin pour venir ici. Il sera là plus souvent sur le Tour. Je l'ai eu au téléphone. Il est content lui aussi. Par contre je ne sais pas s'il a pleuré comme moi, il ne me le dira sûrement pas. 

« J'AI COMMENCÉ À Y CROIRE PETIT À PETIT »

As-tu compris que tu avais une chance de t'imposer en voyant le circuit ?
Hier (mercredi), en voyant le chrono je me suis dit : "Putain, c'est un chantier!". Aujourd'hui, il faisait un peu moins chaud mais il y avait beaucoup de vent. Je venais pour essayer de faire un Top 5, j'aurais déjà été très content avec ça. En prenant le départ, je savais que j'allais très vite savoir si j'étais bien ou non et ça a été le cas. Sur les différents temps intermédiaires, Nico (Nicolas Guillé, NDLR) me disait que je gagnais des places et du temps, alors j'ai commencé à y croire petit à petit.

Tu n'as jamais lâché l'épreuve du contre-la-montre...
J'aime bien les chronos. Tu es seul et il n'y a personne qui te fait chier. J'aime bien me faire mal à la gueule. C'est ça dans les chronos de toute façon, tu ne peux pas te cacher dans les roues. A la maison, j'essaie d'en faire au moins une à deux fois par semaine. J'avais ce rendez-vous dans la tête, surtout après mon bon chrono au Dauphiné. J'avais déjà fait de bons chronos aux Herbiers, au Tour d'Espagne ou sur le Championnat de France l'an dernier. Depuis le Dauphiné, j'ai fait beaucoup de sorties avec le vélo de chrono et j'étais motivé pour faire quelque chose ici.

« JE NE PENSE PAS QUE ÇA CHANGE LA HIÉRARCHIE »

Tu penses pouvoir faire un résultat contre-la-montre sur le prochain Tour de France ?
Ce sera d'abord du plaisir. Pour le reste, ce sera quand même compliqué car le niveau WorldTour, c'est autre chose. Il y a beaucoup plus de spécialistes qui ne travaillent que ça mais je le ferai quand même à bloc. Il n'y aura pas de stress, pas plus que d'habitude. Au contraire, je pense même que ce titre va m'enlever du stress.

Peux-tu prendre encore plus d'importance au sein de la formation AG2R La Mondiale grâce à ce titre ?
Je ne pense pas que ça change la hiérarchie. On verra au fil des courses mais je dois encore apprendre. Je me fais toujours taper dessus sur les courses WorldTour.