Pavel Sivakov en questions

Crédit photo Kim Caritoux

Crédit photo Kim Caritoux

Pourquoi le vainqueur de la Ronde de l'Isard 2017 fait-il autant parler dans le peloton amateur ? Va-t-il passer pro la saison prochaine ? Autant d'interrogations auxquelles Pavel Sivakov, 19 ans et demi, membre de la BMC Development, répond pour DirectVelo en toute transparence et décontraction au terme de son succès dans la prestigieuse course à étapes des Pyrénées.

1 UN VAINQUEUR QUI CASSE LES RECORDS ?

La victoire la plus impressionnante et incontestable depuis au moins 15 ans sur la Ronde de l'Isard. On n'avait jamais vu un coup de force aussi précis que celui de Pavel Sivakov, intouchable dans tous les domaines. Jeudi : il s'échappe sur la première étape, finalement annulée pour cause d'hypothermies dans le peloton et chutes à répétitions (lire ici). Vendredi : il s'échappe à nouveau et gagne au sommet de l'Hospice de France, sur les hauteurs de Bagnères-de-Luchon (voir ici). Samedi : il résiste au démarrage de Bjorg Lambrecht (Lotto-Soudal U23), vainqueur sortant de « l'Isard », dans le Plateau de Beille et il fait la montée à ses côtés, dans un style de rouleur-grimpeur bien assis et sans à coups.

Dimanche : il démarre dans la descente du Col d'Agnes, à 50 km de l'arrivée, continue de creuser l'écart sur la montée du Col de Latrape et ne perd rien sur ses poursuivants dans les 30 derniers kilomètres en faux-plat descendant. Pour l'anecdote, c'est la première fois que le maillot jaune s'adjuge l'étape finale depuis que la Ronde de l'Isard est inscrite au calendrier UCI en 1998. Un peu normal puisque d'habitude, elle permet de renverser le classement, donc de prendre le maillot de leader, ou bien de laisser filer une échappée inoffensive.

Pour un peu, Sivakov aurait pu gagner quatre étapes cette année. La première si elle n'avait pas été annulée. Et surtout la deuxième à Beille. "Mais Bjorg méritait de gagner, je n'ai pas de regret", dit-il, à propos du cadeau qu'il a consenti à son adversaire. Deux bouquets en trois jours, c'est quand même solide. Egalement du jamais-vu.

2 QUEL NIVEAU DE PERFORMANCE ?

Pavel Sivakov est inscrit sur Strava. Bien pratique pour analyser ses ascensions, et notamment celle du Plateau de Beille samedi. Certains s'attendaient à ce que le Russe paie ses efforts de la veille : il n'en fut rien. Il avale la pente (15,1 km à 8 % de moyenne) en 47 minutes, soit 19,03 km/h. Sur le réseau social du vélo, seuls Thibaut Pinot (44'06'') a fait mieux, à l'occasion du Tour de France 2015, alors que Laurens Ten Dam, autre coureur de la Grande Boucle, se classe ex-aeqo. Romain Bardet (47'53'') et Adam Yates (47'59'') font moins bien que Pavel Sivakov. Mais ces deux pros sont également battus par un autre participant de la Ronde de l'Isard 2017, le Britannique James Knox (Team Wiggins), qui a escaladé le Plateau de Beille en 47'52''.

Prudence avec Beille : les temps peuvent être difficiles à comparer en raison du vent de face, fréquent sur la fin de la montée. Prudence avec Strava : les circonstances de course pondèrent les données. Quand il était chez les Juniors, David Gaudu (maintenant pro à la FDJ) montait la Planche des Belles Filles plus vite que Romain Bardet sur le Tour de France. L'intéressé rappelait que tous les chiffres ne se comparent pas forcément : "Ca n'a rien à voir". Même chose pour Pavel Sivakov, très fort en montagne mais impossible à mettre en face d'un Bardet.

3 PROFESSIONNEL EN 2018 ?

"Je ne sais pas encore si je serai pro en 2018 ou non, indique Pavel Sivakov à DirectVelo. Rien n'est encore décidé à ce sujet. Il faut voir ce qu'on me proposera". Le coureur russe, dans sa deuxième année Espoir, figure déjà sur les tablettes de plusieurs équipes françaises et étrangères. "La piste la plus solide à ce stade, c'est BMC, ajoute-t-il. Je suis dans l'équipe réserve depuis deux ans et c'est la filière logique".

4 CLASSIQUES OU COURSES À ÉTAPES ?

Presque un problème de riche : Sivakov marche aussi bien sur les épreuves par étapes que les classiques. Aussi fort sur les pavés que dans la montagne. Chez les Espoirs, il a ainsi terminé 8e du Tour du Val d'Aoste et 11e du Tour de l'Avenir avant de s'imposer dans la Ronde de l'Isard. Mais il a aussi terminé 12e du Tour des Flandres Espoirs ce printemps et il était en lice pour un Top 10 dans Paris-Roubaix 2016 jusqu'à sa crevaison dans le premier virage du secteur de Hem. "Je suis polyvalent, je ne sais pas encore ce qui me convient le mieux", dit-il. Son équipe semble avoir choisi pour lui : Sivakov zappe Roubaix et dispute le Giro cette année.

5 PASSEPORT FRANCAIS ?

Né en Italie, venu en France vers ses deux ans, Pavel Sivakov a grandi à Soueich, près de Saint-Gaudens (Haute-Garonne). Il devrait recevoir la nationalité française d'ici Noël, explique-t-il à DirectVelo. Ce qui lui fera une double nationalité, en plus de la russe. Et ensuite ? "Je ne sais pas si je pourrai prendre la nationalité française dès 2018 selon les règlements UCI", dit-il. Avantage à courir sous étiquette hexagonale : "La logique, je suis quand même plus français que russe". Inconvénient : "Il est plus compliqué d'être sélectionné en équipe nationale pour un Championnat du Monde". Le dossier demeure en suspens.

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