Shara Gillow, leader épanouie à la FDJ

Crédit photo Thomas Maheux - FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope

Crédit photo Thomas Maheux - FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope

Shara Gillow est passée tout près de l'exploit. En tête à 500m de l'arrivée des Strade Bianche le week-end dernier, la nouvelle leader de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope a bien failli apporter un succès de prestige à la formation tricolore. Finalement sixième sur la ligne d'arrivée de la première épreuve WorldTour de la saison, la jeune femme de 29 ans - native du Queensland, au Nord-Est de l'Australie - prouve qu'il faudra compter sur elle cette saison. DirectVelo fait un point complet avec la quadruple Championne d'Australie du contre-la-montre avant les grands rendez-vous du Printemps.

DirectVelo : Tu n'es pas passée loin d'un très grand coup sur les Strade Bianche ?
Shara Gillow : J'ai toujours été dans le coup, jusqu'au final. Dans les dix derniers kilomètres, je me suis retrouvée dans le premier groupe de contre-attaque mais j'avais encore un peu de jus, alors j'ai décidé de faire le saut. J'ai trouvé l'énergie pour rentrer seule sur le groupe de tête à un moment où ça se regardait un peu. Du coup, j'ai immédiatement tenté ma chance en ressortant (à 2 kilomètres de l'arrivée, NDLR). Malheureusement, j'ai été reprise dans la dernière ascension, juste avant la bascule sur l'arrivée.

« LES STRADE BIANCHE, C'ÉTAIT TRÈS PHYSIQUE »

Tu avais déjà terminé successivement 17e puis 15e des deux premières éditions de cette nouvelle épreuve WorldTour...
C'est l'une des courses que j'aime le plus dans la saison, même si c'est tout neuf et que nous n'avons disputé ce week-end que la troisième édition de cette épreuve. J'aime les courses dures. Sur les Strade Bianche, il faut faire attention à toujours bien rester dans les premières positions. C'est une course par élimination. Pour le coup, on peut dire que c'était très physique. En plus, le scénario de course était passionnant : c'était très serré et très sympa pour ma première avec l'équipe FDJ dans le WorldTour. 

Tu as pu profiter des conditions estivales australiennes ces derniers mois pour parfaitement préparer cette nouvelle saison...
J'ai passé plusieurs mois à la maison, en Australie. J'étais rentrée au pays à la suite des Championnats du Monde au Qatar puis je suis revenue en Europe vers le 12-13 janvier, peu de temps après les Championnats d'Australie (vice-Championne nationale contre-la-montre et 5e sur la course en ligne, NDLR). Sur le coup, c'est toujours un choc de retrouver les températures très froides de l'Europe au mois de janvier, mais je suis quand même arrivée avec une bonne condition physique et c'est ce qui m'a permis d'être dans le coup dès les toutes premières courses du calendrier.

« J'AVAIS ENVIE DE CETTE EXPÉRIENCE »

Pourquoi as-tu choisi de rejoindre la formation FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope cet hiver ?
Je voulais changer d'environnement, j'avais besoin de quelque chose de nouveau. J'ai passé des années et des années à jouer l'équipière et je pense qu'à 29 ans, il était temps pour moi de trouver une équipe dans laquelle j'allais pouvoir m'épanouir en tant que leader. C'est ma sixième année chez les pros et j'avais envie de cette expérience. Être protégée sur les courses, pouvoir jouer sa carte personnelle, c'est vraiment cool (rires). Je me sens capable de faire de très bons résultats et j'ai vraiment envie de me donner les moyens de réussir.

Tu te sens donc désormais les épaules pour assumer un rôle de leader à l'année ?
Je pense que j'ai suffisamment d'expérience pour ça. Bien sûr, il y a toujours des choses à apprendre et je vais continuer d'apprendre cette année et dans le futur, c'est évident. Mais je pense avoir, aujourd'hui, la maturité nécessaire pour me plaire dans ce rôle-là. J'ai envie de gagner des courses et je pense sincèrement en être capable.

« JE VOIS L'AVENIR A LONG TERME AVEC L'ÉQUIPE »

Sur quelles grandes courses imagines-tu pouvoir t'illustrer en 2017 ?
Je pense prochainement au Trophée Alfredo Binda en Italie, puis aux Classiques telles que l'Amstel Gold Race et Liège-Bastogne-Liège. Dans un autre registre, j'aimerais également faire un grand Tour d'Italie (lauréate d'une étape en 2011 et 4e du général en 2013, , NDLR). Puis il y aura bien sûr les Championnats du Monde en fin de saison, où j'espère faire un résultat personnel mais aussi avec l'équipe dans le contre-la-montre. Nous travaillons d'ailleurs beaucoup pour ça.

Que penses-tu de la formation de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope ?
C'est une belle formation, en plein développement. Le projet de l'équipe est très solide. Le fait d'être liée à la grande équipe masculine WorldTour de la FDJ est forcément très intéressant et motivant car tu te dis qu'il y a des bases solides avec un tel sponsor. Le groupe est composé de filles de tous les âges avec notamment de jeunes Françaises talentueuses et prometteuses pour l'avenir. Il y a un gros potentiel dans cette équipe. On sent également que le staff fait un très gros travail depuis cet hiver pour que nous soyons dans les meilleures conditions de travail possibles. Je trouve le groupe très professionnel et surtout, on y vit très bien. C'est comme une famille : chacun se respecte et s'écoute. On essaie de tous travailler ensemble, pour le bien de tout le groupe. Tout cela me plaît beaucoup et je vois l'avenir à long terme avec l'équipe.

« TRANSMETTRE MON ENTHOUSIASME »

Tu viens de passer trois saisons chez Orica-AIS puis les deux dernières à la Rabobank-Liv, entourée de quelques-unes des meilleures cyclistes du monde : désormais, ça va être à toi de transmettre ton expérience aux jeunes Françaises ?
Avec plaisir ! Cela dit, je dois avouer que je ne suis pas toujours la plus douée et la plus habituée pour donner des conseils, surtout qu'il y a encore la barrière de la langue. Mais dans un premier temps, j'espère au moins pouvoir transmettre mon enthousiasme aux autres filles. Je peux essayer de leur transmettre certaines façons de faire et j'ai vraiment envie que tout le monde progresse, ensemble. C'est vraiment excitant de voir le groupe grandir petit à petit, d'un point de vue structurel, financier, logistique... mais aussi et d'abord sportif. Et ça doit passer par l'apprentissage de jeunes talents. Si je peux contribuer à tout cela à ma petite échelle, j'en serai ravie.

Tu parlais à l'instant de communication : or, il y a différentes filles de l'équipe qui ne parlent que très peu l'anglais. Comment échangez-vous ?
C'est sûr que c'est plus facile avec Eri (Yonamine) ou Rox (Roxane Knetemann) pour le moment mais il y a aussi quelques Françaises qui se débrouillent en anglais. Et surtout, je comprends relativement bien le Français. En tout cas, mieux que je ne le parle (sourires). J'aime la culture française et j'aime la langue française. D'ailleurs, je l'ai étudiée à l'Université. Je travaille pour progresser et ça ira de mieux en mieux avec le temps. En vivant dans le pays, on progresse vite.

« TRÈS SPÉCIAL POUR LE CYCLISME FÉMININ FRANÇAIS »

On te sent très impliquée dans ce projet...
Bien sûr ! C'est la moindre des choses. Ce projet est important pour moi et il me plaît. Je suis très surprise de voir qu'il n'y a qu'une seule formation UCI féminine en France. La France est un pays de vélo, de passionnés. Dans ce contexte, je pense qu'il est encore plus beau de porter ce projet très haut dans le futur. C'est très spécial pour le cyclisme féminin français. Quand je vois le nombre de jeunes filles douées qu'il y a en France, je me dis que c'est un minimum d'avoir une équipe qui brille à l'international. Et pour moi, c'est un honneur de faire grandir ce projet.

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