Antonin Marécaille dormait chez l’habitant

Crédit photo Crosstobeerfest

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Fin de saison prématurée pour Antonin Marécaille. Alors que le coureur de 24 ans - spécialiste du cyclo-cross - venait de passer plus de deux mois aux Etats-Unis et qu’il comptait profiter de cette nouvelle expérience pour faire de gros résultats en fin d’année, il a finalement été stoppé en plein élan par une chute à l’entraînement. Victime d’une fracture du scaphoïde, le pensionnaire de l’AVC Aix-en-Provence est contraint de couper de longues semaines. Antonin Marécaille n’en oubliera pas pour autant une très belle aventure outre-Atlantique, qu’il a pris le temps de raconter pour DirectVelo.

DirectVelo : Pourquoi ne te voit-on pas sur les cyclo-cross depuis ton retour en France fin novembre ?
Antonin Marécaille : Je me suis blessé lors de ma tournée américaine. Durant un entraînement, j’ai voulu sauter un tronc d’arbre et je suis passé par dessus le vélo. Comme souvent lors d’une chute, mon premier réflexe a été de mettre les mains et je me suis fait mal. A partir de ce moment, je suis passé par tous les états. La douleur a été très forte durant quelques jours, mais après quelques temps, je semblais récupérer un peu. J’ai plusieurs fois essayé de reprendre l’entraînement et même la compétition mais à chaque fois, ça a été un échec. Je n’arrivais plus du tout à forcer sur le guidon. Faire du cyclo-cross avec une grosse douleur au poignet est simplement impossible. Malheureusement, j’ai dû me résoudre à rentrer en France dans ces conditions. Par la suite, j’ai fait des examens qui ont révélé une fracture du scaphoïde. Ma saison de cyclo-cross est donc terminée. En tout cas, je ne participerai pas aux grands rendez-vous de fin de saison.

« DE GRANDS MOMENTS DE BONHEUR »

Tu as donc écourté ton voyage aux Etats-Unis pour venir te faire soigner en France ?
Non car nous avions nos billets d’avion depuis un bon moment déjà (Antonin Marécaille avait fait l’ensemble du voyage avec son père, NDLR). Il était prévu que je parte aux Etats-Unis le 7 septembre et que je rentre le 20 novembre. Je ne voulais pas changer mon programme. J’ai simplement dû passer mes deux-trois dernières semaines aux Etats-Unis sans courir. C’était un peu long, mais il a fallu faire avec.

Outre ce dernier épisode malheureux, que retiendras-tu de cette aventure américaine ?
C’était absolument génial ! J’ai vécu de grands moments de bonheur là-bas. L'idée, c'était vraiment de prendre un maximum de plaisir et de découvrir une nouvelle culture, pour ensuite revenir en France encore plus fort sur les gros rendez-vous de décembre et janvier. Malheureusement, je ne pourrai pas m’appuyer sur tout ce que j’ai vécu aux Etats-Unis pour la fin de saison, mais j’en garderai assurément de très bons souvenirs.

« HUMAINEMENT, C'ÉTAIT DINGUE »

Tu sembles être un véritable aventurier dans l’âme. Par le passé déjà, tu avais passé de longues semaines hivernales en Belgique, au pays du cyclo-cross (lire ici). Pourquoi avoir, cette fois-ci,  choisi les Etats-Unis ?
Ce n’est pas que pour des raisons sportive. Cela faisait déjà pas mal de temps que je rêvais de partir aux Etats-Unis. J'avais ce projet dans un coin de la tête mais je ne pouvais pas partir seul. Finalement, mon père a bien voulu m’accompagner et nous nous sommes donc lancés dans l’aventure. On avait prévu un budget et nous n’avons pas eu de mauvaises surprises une fois sur place, au contraire. On s’en est plutôt bien sortis (sourires). Les plus grosses dépenses et galères ont été sur la route : nous avions loué une voiture et nous nous sommes souvent perdus. Il y a eu des prises de tête, mais à chaque fois tout finissait par s’arranger.

Et pour le logement ?
Nous n’avons jamais eu à payer un hôtel, mis à part les tous premiers jours. On a toujours logé chez l'habitant. C'était une aventure de fou. Les organisateurs des courses nous mettaient en contact avec certains de leurs amis qui voulaient bien nous héberger. Parfois, nous restions pendant une semaine chez des gens que nous ne connaissions pas. Ces personnes-là partaient travailler toute la journée et nous laissaient la maison et les clefs. Sur les cross là-bas, il n’y a que des Nord-américains. Moi, j’étais vraiment le “Frenchie” de la bande et tout le monde m’a vite repéré (sourires). On m’a beaucoup aidé. Humainement, je ne sais pas si j'aurais pu vivre la même chose en France. C’était dingue, je ne m’attendais pas à ça. Avec mon père, nous avons vécu plein de moments forts.

« D’ABORD POUR LE PLAISIR »

Tu en as également profité pour sillonner de nombreux Etats américains…
Bien sûr ! J’ai été dans l’Iowa, à Washington, en Nouvelle-Angleterre… et j’en oublie plein d’autres. On en a fait des kilomètres. Parfois, il y avait 800 kilomètres entre deux cross mais bon, ce n’est pas la mer à boire non plus. En France, tu peux faire cette distance-là pour te rendre sur un cross à l’autre bout du pays. Là, c’était folklorique, ça faisait partie de notre aventure.

Mais physiquement, tu tenais le coup ?
C’était forcément intense et au niveau de la récupération, c’était rarement l’idéal. Mais il fallait faire avec. De toute façon, même si je reste compétitif, j’étais d’abord là pour me faire plaisir et vivre une grande expérience humaine. Je savais bien, en arrivant aux Etats-Unis, que je n’allais pas être dans les mêmes conditions qu’en France pour performer. Mais ce n’était pas le but non plus.

« DES CROSS SUR DES AUTOROUTES »

En parlant de performances, comment as-tu trouvé le niveau du cyclo-cross américain ?
Alors déjà, ce n’est pas vraiment du cyclo-cross (rires). Enfin, disons plutôt que ce n’est pas le même cross que chez nous. Là-bas, la plupart des cross se disputent sur des autoroutes, en nocturne. C’est beaucoup plus roulant que chez nous mais ça reste technique. Par comparaison, le circuit de Pontchâteau serait franchement plus dur et plus sélectif que la plupart des cross américains, c’est dire. Du coup, les scénarios de course sont particuliers. Parfois, tu peux avoir un sprint entre quinze mecs pour la gagne. Pour ce qui est du niveau, j’ai été très surpris. Les Américains n’ont pas grand-chose à nous envier. Franchement, ça roule fort. Je dirais que certains week-ends, ça valait largement le niveau d’une manche de Coupe de France Elites.

Quelle sera ta prochaine destination en 2017 ?
(Rires). Je ne sais pas encore. Pourquoi pas simplement retourner aux Etats-Unis. Mais j’ai encore le temps d’y réfléchir. 

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