Twitter, la bouteille à la mer

Après une saison 2015 couronnée de six victoires, d'une deuxième place au Trophée Almar et une sixième au Tour des Flandres Espoirs en Coupe des Nations, Mihkel Räim veut passer pro. Alors le coureur du Team Pro Immo Nicolas Roux lance sa petite annonce sur Twitter. "Je n'avais rien à perdre", rappelle-t-il à DirectVelo. Avec le recul, il se rend compte qu'il a lancé une mode. "Je réalise que plusieurs coureurs ont fait la même chose."

Parmi les lanceurs de petites annonces de cette année, Fredrik Ludvigsson. Lui aussi n'avait "rien à perdre. Je n'avais plus d'équipe et mon agent ne me répondait plus... A partir du moment où ça pouvait me permettre de signer un contrat, je ne voyais pas de raison de ne pas tenter", explique le coureur non-reconduit chez Giant-Alpecin. Le 25 octobre, il relaie un message de son frère pour l'aider à trouver un contrat en 2017. Depuis, sa démarche a fait causer le microcosme de Twitter.

Twitter aime faire tourner en boucle les messages. Alors les histoires de l'Estonien et du Suédois font écho. "Beaucoup de personnes ont eu l'occasion de voir ce message (près de 500 "partages" sur Twitter, NDLR). Cela a vraiment pris de l'ampleur", constate Ludvigsson. Mihkel Räïm avait reçu le même accueil l'an dernier. "J'ai eu droit à plusieurs articles dans la presse internationale", apprécie-t-il.

Pourtant, si les deux coureurs ont décroché une place dans une équipe Continentale, ce n'est pas grâce à l'oiseau bleu qui brasse beaucoup d'air par ses battements d'ailes mais qui a du mal à déplacer les montagnes. "L'impact est resté au niveau du grand public et de fans qui essayaient simplement de m'aider. Mais au niveau des équipes à proprement parler, ça n'a pas vraiment eu l'impact espéré. Je n'ai pas réussi à trouver une équipe grâce à Twitter mais finalement, je me suis débrouillé par d'autres moyens pour signer dans une formation Continentale, donc tout va bien", apprécie le Suédois de 22 ans. Twitter ressemble à une cocote-minute qui monte vite à ébullition mais quand on soulève le couvercle, ça fait pschitt.

Même constat chez le Champion d'Estonie dont l'appel sur le réseau social lui a valu quelques touches avec des Continentales belges et des formations exotiques, sans suites. Niels De Rooze a aussi tenté sa chance cet automne avec plusieurs tweets mais Peter Bauwens qui l'a recruté chez Tarteletto le suivait déjà depuis deux ans.

Pourtant, les deux premiers coureurs pensent que Twitter peut se transformer en « Bon coin » pour trouver un contrat à l'avenir. "Il y a beaucoup de monde sur les réseaux sociaux. Il faut en profiter pour essayer quelque chose. Après, ça marche ou ça marche pas", affirme le pensionnaire de Giant-Alpecin, pour quelques jours encore. Le coureur de la Cycling Academy Team y croit aussi mais avec un bémol. "Trouver une équipe via Internet peut être intéressant à l'avenir, grâce au pouvoir des réseaux sociaux. Mais je pense que ça ne durera qu'un temps." Le pionnier de la démarche, Mihkel Räïm pense que les prochaines années, "les coureurs devront être encore plus inventifs pour se démarquer des autres."

Parfois, ce n'est pas le coureur qui lance une bouteille à la mer mais son entourage, peiné de le voir rester à quai. C'est le cas pour Morgan Kneisky, sans équipe pour 2017 à l'heure actuelle. L'entraîneur Nicolas Boisson a posté un tweet en sa faveur. "Comme ça, tout le monde est au courant de ma situation mais il n'y a pas de retombées directes, rien de concret", déclare le triple Champion du Monde à DirectVelo.

Même un coureur dont les relais lui permettent de tenir la dragée haute face à Wiggins et Cavendish au Championnat du Monde d'Américaine, doit attendre des relais virtuels sur Twitter pour trouver un contrat.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Morgan KNEISKY
Portrait de Fredrik LUDVIGSSON
Portrait de Mihkel RÄIM