Théo Nonnez, un titre au bout du sacrifice

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Théo Nonnez est devenu, ce samedi à Civaux (Vienne), Champion de France Juniors sur route. Après avoir passé la majeure partie de la course à se sacrifier pour ses leaders Enzo (Anti) puis Tanguy (Turgis), le pensionnaire du Comité d'Ile-de-France a réussi à sentir le bon coup dans le final. Il a ensuite réglé au sprint ses derniers compagnons d'échappée, Tristan Montchamp (Rhône-Alpes) et Quentin Grolleau (Provence).
Pourtant, il y a trois ans à peine, Théo Nonnez n'avait jamais touché un vélo. "Quand j'étais jeune, je ne supportais pas le vélo. Je ne pouvais pas regarder une seconde à la télé, ça ne m'intéressait pas". Entretien avec le nouveau Champion national. 

DirectVelo : Te voilà Champion de France Juniors !
Théo Nonnez : Je ne réalise pas du tout. Je n'arrive pas à y croire, je ne m'y attendais pas. J'ai toujours été en progression depuis mes débuts en Cadets 1, mais de là à être Champion de France ! Cette année, j'ai fait un bon début de saison, j'étais présent sur quelques courses nationales, toujours dans le Top 15. Au fond de moi, j'espérais un podium mais Tanguy (Turgis) était le leader absolu du Comité. Et puis, il y avait aussi Enzo (Anti) à l'avant. Sur le papier, je n'étais pas supposé gagner ou réellement jouer un podium.

« TANGUY (TURGIS) M'A DIT DE SUIVRE LES COUPS »

Tu as donc gagné en faisant l'équipier ?
C'est ça ! En plus, je n'étais pas bien du tout pendant une longue partie de la course. Une fois rentré dans un contre avec Enzo, je voulais l'aider. J'étais à bloc. On s'est retrouvé à cinq, j'avais des crampes, après 80 bornes. Je me suis accroché. Je me suis dit que ça allait passer. Enzo m'a dit qu'il voulait attaquer, et c'est ce qu'il a fait. J'ai fait le début de la deuxième bosse en tête pour l'emmener. Enzo est sorti avec Tristan (Montchamp).

A ce moment-là, on aurait pu croire que tu avais terminé ton boulot...
Je n'avais pas trop à rouler, je me suis retrouvé dans les roues, dans un troisième groupe. Ca aurait pu être terminé, mais j'ai appris que Tanguy allait rentrer. Je voulais travailler pour lui. Il est revenu avec les costauds. Je me suis encore accroché, j'ai passé les relais pour l'aider. Je suis allé chercher les coups une fois que Tanguy est rentré. Il m'a dit de suivre les coups. Une fois, deux fois... puis je suis sorti sur le troisième coup. Les jambes s'amélioraient.

« POURTANT, J'ETAIS MORT »

Et tu as commencé à y croire, malgré avoir déjà beaucoup donné pour Enzo puis Tanguy ?
L'idée de gagner m'a reboosté, pourtant, j'étais mort. Tristan (Montchamp) était impressionnant dans l'échappée (il a cassé sa roue dans le final, NDLR). Tanguy va vite au sprint, alors je ne savais pas quoi faire. Fallait-il l'attendre ? Finalemet, j'ai compris aux 300m que j'allais jouer le titre. J'ai tout donné, et j'ai pu gagner. C'est énorme.

Cette victoire, c'est la récompense d'un sacrifice d'équipier...
J'ai tout donné pour mes équipiers. J'espérais voir Tanguy gagner. Je ne pense pas que j'étais le plus costaud. Mais pendant la course, on s'est dit que si le groupe passait la minute d'avance, on avait une chance d'aller au bout. J'ai sauté quelques relais car j'étais mort. Je ne pensais pas pouvoir jouer le titre. Les crampes m'avaient refroidi. Et pourtant, je gagne... Je remercie toute l'équipe de l'Ile-de-France, ils m'ont bien fait plaisir (rires).

« IL Y A TROIS ANS, J'ETAIS MAUVAIS »

Ce titre pourrait t'ouvrir les portes de l'Equipe de France ?
Avant cette course, j'avais l'espoir d'aller en Equipe de France, mais en Juniors 2e année. Avec ce titre, ça fait du chemin de parcouru. Si ça peut m'ouvrir les portes de l'équipe de France, ce serait encore plus énorme. Dans tous les cas, je vais porter le maillot pendant un an, c'est énorme.

Que peut changer ce titre national ?
Beaucoup de choses. Outre, éventuellement, l'Equipe de France, ça va sûrement me permettre d'avoir plus confiance en moi. Aujourd'hui (samedi), j'ai bien vu qu'il ne fallait jamais lâcher. Pour mes débuts en cyclisme il y a trois ans, j'étais franchement mauvais. Et deux saisons plus tard, me voilà Champion de France, après m'être sacrifié pour les autres. Mon père a pleuré sur la ligne d'arrivée. Je n'oublierai jamais cette journée. 

« JE NE SUPPORTAIS PAS LE VELO »

Devenir Champion de France était un rêve de gamin ?
Non (rires) ! Quand j'étais jeune, je ne supportais pas le vélo. Je ne pouvais pas regarder une seconde à la télé, ça ne m'intéressait pas. J'ai fait du foot pendant 8 ans. Et puis, mon père me disait que le vélo était un sport dangereux. Mais j'ai voulu essayer il y a trois ans, et voilà le résultat. Encore une fois, c'est juste énorme. 

 

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