Guillaume Thévenot sort du trou noir

En août dernier, Guillaume Thévenot aurait pu devenir Champion de France Espoirs. Il s'en sentait capable pour sa dernière chance de participation, à 22 ans, et après deux places sur le podium en 2013 et 2014 qui lui avaient laissé un goût d'inachevé (lire ici). Au lieu de quoi le néo-professionnel du Team Europcar a essuyé un nouveau problème de santé, un nouvel avatar dans une série noire qui a débuté l'hiver passé.

"J'ai l'impression de n'être toujours pas passé pro", confie le Francilien, à peine 13 jours de compétition en 2015, à DirectVelo.com.

La chronologie commence en octobre 2014, avec une opération au genou censée apaiser les douleurs qui se réveillaient en début de course. Fin novembre : une voiture le percute à l'entraînement et le laisse pour mort ("Je voudrais connaître le conducteur et qu'il m'explique pourquoi il a fait ça"). Fin avril : il reprend la compétition, sur la Roue Tourangelle. 15 août : une chute sur l'Arctic Race rouvre les cicatrices de son genou droit et anéantit ses espoirs de briller sur le Championnat de France qui se tenait à la fin du mois.

DEPRESSION

"L'hôpital n'était pas approvisionné en bétadine, donc on a utilisé de l'alcool à 90° pour désinfecter, raconte Thévenot. Il y avait très peu d'anesthésiant aussi. J'ai eu trois points de suture internes et six internes. Par la suite, les antidouleurs que je prenais chez moi me rongeaient l'estomac. Je ne voulais plus m'alimenter..."

Thévenot qui avait passé déjà presque un an en délicatesse avec son genou, en rééducation, à regagner du tour de cuisse, à se préparer enfin à son entrée dans le peloton pro, révèle aujourd'hui : "J'ai vécu une dépression."

Pour garder un contact avec son sport, il s'est déplacé sur quelques épreuves, comme le Tour de France ou la Polynormande. "J'ai passé la saison comme spectateur plus que comme coureur", constate-t-il. Mais il a soigneusement évité le Championnat de France Espoirs, organisé aux Pieux, à trois kilomètres de la maison de ses grands-parents, en Normandie.

OPTIMISME

S'il s'exprime enfin aujourd'hui, c'est parce qu'il va "mieux". Grâce à son équipe, notamment. Son histoire diffère de celles, pathétiques, d'autres pros délaissés par leur encadrement en période de blessure... "Je remercie Jean-René Bernaudeau pour son soutien, il aurait pu ne pas me conserver l'an prochain chez Team Direct Energie [malgré deux ans de contrat], parce que je suis encore en arrêt de travail, dit Thévenot. Je remercie aussi le Dr Hubert Long. Et mes coéquipiers : ensemble, on forme une famille !". Le coureur a une pensée pour "tous ceux qui l'ont aidé", sa compagne et sa famille en particulier.

Pourtant, il n'est pas encore totalement tiré d'affaire. Son échéance : revenir en forme d'ici le 1er janvier 2016. Pour envisager d'exercer son métier "correctement", au service de Bryan Coquard et de ses leaders, peut-être aussi de lui-même, au gré des opportunités. Ce qui ne fait plus que deux mois pour retrouver le coup de pédale...

"Sinon j'arrête, prévient Guillaume Thévenot, ex-vainqueur de l'Agglo Tour à Saint-Brieuc et d'une étape de la Ronde de l'Isard. Je ne veux pas être un fardeau pour mon équipe et je préférerais dans ce cas laisser la place à quelqu'un qui pourra être plus utile...".

Tentative d'optimisme : "On dit qu'après une année noire, on vit une très bonne année". De ces épreuves, il sort évidemment renforcé. "J'ai appris ce qu'était la vraie défaite, dit-il. Pas la défaite en course, la pire, celle où on risque de tout perdre...".

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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