Jules Pijourlet a songé arrêter le vélo

Jules Pijourlet (Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin) a remporté mardi le Tour des Deux-Sèvres (Elite Nationale). La victoire arrive au bon moment pour le coureur de bientôt 24 ans qui pensait abandonner le vélo. DirectVelo.com a recueilli ses impressions à l'arrivée.

DirectVelo.com : Comment as-tu géré cette dernière étape ?
Jules Pijourlet : Aujourd'hui, un coup est parti très tôt. C'était parfait pour nous. Mais ça ne plaisait pas à tout le monde, alors à mi-course, on a rattrapé l'échappée. Nous étions dans une partie très vallonnée alors mes adversaires m'ont attaqué. Je les ai repris un à un. Je savais qu'on avait des coureurs pour assurer sur la partie en ligne. Ensuite, j'espérais que les équipes de sprinteurs viennent nous prêter main forte. Elles ont tardé à le faire, mais même quand je me suis retrouvé tout seul, j'étais fort. J'avais la socquette légère ! Même au bout de cinq jours de course, j'étais bien. En plus, la course se terminant au sprint, j'ai pu lever les bras et savourer ma victoire en franchissant la ligne d'arrivée.

Après avoir pris le maillot le premier jour, pensais-tu réussir à garder le maillot ?
Depuis le début, je ne pensais qu'à la victoire finale. Au soir de la première étape, je pensais qu'on allait avoir une course qui allait faire un tempo tranquille pendant toutes les autres étapes. J'aurais signé tout de suite pour une victoire facile, mais ça n'aurait pas été intéressant pour les spectateurs. A la place, on a dû se battre tous les jours. Ça relève le goût de cette victoire. L'équipe a super bien géré pendant cinq jours. Ils ont fait un boulot formidable. Ils se sont sacrifiés. Par exemple, sur une étape, Alexandre Paccalet se relève alors qu'il est dans l'échappée qui va au bout. Je les remercie vraiment.

« JE SUIS UN SANGUIN »

As-tu senti la pression monter au fil des jours ?
Plus ça allait et plus j'avais de pression sur les épaules. En plus, on évoluait sur les terres de notre sponsor, Vulco. Même si on ne nous en aurait pas tenu rigueur, il ne fallait pas perdre la course. Mais j'ai bien géré cette pression. Tout ça m'a fait grandir et me servira même dans la vie de tous les jours. Hier, j'étais un peu stressé à l'arrivée parce que je pensais avoir pris une cassure. Je suis un sanguin. J'ai tendance à vite m'énerver, mais ça s'arrête vite. Dix minutes après, je suis passé à autre chose. Mes coéquipiers le savent.

C'est un soulagement pour toi, j'imagine...
Ca fait six ans que je l'attendais. On me disait toujours que j'allais en décrocher une belle, mais ça ne venait pas. Et si ça ne l'avait pas fait ici, je serai probablement tombé dans la fatalité en me disant que ce n'était pas pour moi. Hier, mon frère m'a envoyé un message émouvant. J'en avais la larme à l'oeil. Ce mercredi, il sera sur la piste pour les Championnats d'Europe de poursuite par équipes. C'est aussi une récompense pour Régis Auclair qui a beaucoup fait pour moi. Cela fait deux ans que je suis au Team Vulco et j'ai eu plein de problèmes physiques. Mais ni lui ni le président du club ne m'ont reproché quoi que ce soit. Au contraire, ils m'ont encouragé. Ils m'ont dit qu'ils savaient ce que je valais. Ils ont été très patients.

Comment vois-tu ton avenir ?
Au Championnat de France, il y a trois semaines, j'ai pensé arrêter le vélo. Puis, je me suis dit qu'au pire, j'allais quand même terminer la saison. J'ai pris quelques vacances avec des copains. J'ai rencontré d'autres personnes. Ça m'a fait du bien. Après ça, j'avais envie de me faire plaisir. Et je pense que ça s'est vu pendant ces cinq jours. Je repars satisfait, soulagé et très motivé pour la suite. Je me dis qu'avec quelques autres bons résultats, je peux peut-être attirer l'oeil des managers d'équipes professionnelles. La fin de saison sera déterminante pour mon avenir. Soit je réussis à décrocher un contrat pro, soit je reprends mes études à 300%. Dans ce cas-là, je me contenterai de sortir le 38x28 pour monter le col du Galibier, l'été, avec des copains juste pour me faire plaisir.

Crédit photo : Freddy Guérin - DirectVelo
 

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