Sandrine Guirronnet : « Créer un collectif »

Les Championnats du Monde de cyclisme sur route auront lieu du 21 au 28 septembre prochains à Ponferrada (Espagne). Les différentes sélections françaises sont tombées en début de semaine. Pour DirectVelo.com, la sélectionneuse de l’Equipe de France Elites Dames, Sandrine Guirronnet, nous parle de ses choix et de sa sélection pour ce Mondial.

DirectVelo : Quels ont été tes critères de sélection pour ce Championnat du Monde ?
Sandrine Guirronnet : J’ai regardé les résultats des filles tout au long de l’année. J’ai également été attentive à leurs attitudes en course. Je pense notamment à des filles comme Elise (Delzenne) : elle court à l’étranger au niveau international et a un rôle d’équipière. Je trouve cela très bien car c’est intéressant d’emmener des filles qui pourront aider les leaders à chercher la victoire. Elise se sent bien en ce moment, on voit qu’elle est plutôt en bonne forme sur le Tour d’Ardèche (30e du classement général après cinq étapes, NDLR). On retrouve dans ma sélection Pauline (Ferrand-Prévot) et Audrey (Cordon) qui ont pu montrer toute l’année qu’elles avaient vraiment passé un cap au niveau international, l’une comme l’autre. Pauline peut vraiment avoir de grandes ambitions. Quant à Audrey, elle a souvent été une excellente équipière d’Elisa Longo Borghini dans son équipe (Hitec Products). Elle est très dévouée, mais elle est aussi capable de prendre les choses en main quand la course peut basculer. Elle sait prendre des initiatives. Je pense aussi à Eugénie Duval, qui a montré de très belles choses cette année, là aussi dans un rôle d’équipière. Elle a bien progressé au niveau international. On a notamment pu la voir faire une belle course à Plouay récemment au niveau mondial (32e). Avec l’attitude qu’elle a pu avoir toute l’année, elle mérite sa sélection.  

« J’AVAIS ENVIE DE TESTER EUGENIE DUVAL »

Tu as préféré te passer Edwige Pitel, actuellement 4e du Tour d’Ardèche...
Il y a des choix à faire. J’ai voulu privilégier une dynamique de groupe. Sportivement, Edwige avait sa place. Elle était d’ailleurs dans la pré-sélection. Mais j’avais envie de tester Eugénie Duval. Je pense que ce choix peut être plus intéressant dans une vision plus globale, de groupe. J’ai pensé à l’équipe dans son ensemble, collectivement parlant. Et je me suis dit qu’Eugénie (Duval) pourrait y avoir un rôle plus intéressant peut-être qu’Edwige (Pitel).

Séverine Eraud, très brillante en Espoirs, n’est que remplaçante. Tu la juges encore trop jeune, trop tendre pour un Mondial Elites ?
Effectivement ! C’est la première remplaçante. J’ai surtout hésité entre Séverine (Eraud) et Eugénie (Duval) pour tout dire. Plus encore qu’avec Edwige (Pitel). Le problème de Séverine, c’est qu’elle n’est qu’Espoirs première année. Elle manque encore de repères. Elle n’a pas encore disputé beaucoup de courses de niveau international. Je sais qu’elle a le niveau, mais c’était peut-être encore un poil trop tôt. Elle sera sans doute emmenée à faire d’autres Mondiaux plus tard. Pour cette année, et en regardant bien le profil du circuit, je me suis dit qu’Eugénie (Duval) semblait mieux armée que Séverine (Eraud) pour intégrer le collectif.

Contrairement à Pierre-Yves Chatelon avec Thomas Boudat et à Julien Thollet avec Damien Touzé, tu as décidé de ne pas emmener tes sprinteuses, Roxane Fournier ou Fanny Riberot...
Je pense que ce parcours va convenir aux filles polyvalentes. Ce ne sera pas forcément pour les pures grimpeuses, mais selon moi, ce sera un circuit sélectif. Je pense qu’il y aura une plus grosse sélection chez les féminines que chez les hommes. Roxane (Fournier) et Fanny (Riberot) vont vite mais auraient peut-être du mal à s’accrocher aux meilleures filles sur ce circuit. Et puis, je sais que je pourrai compter sur Pauline (Ferrand-Prévot) ou Audrey (Cordon) qui au niveau international, sont capables d’aller vite également. Il me fallait des filles rapides mais aussi dans la capacité de passer les bosses.

« DE GRANDES CHANCES QUE L’EQUIPE S’ARTICULE AUTOUR DE PAULINE FERRAND-PREVOT »

Elise Delzenne - notre photo - et Pauline Ferrand-Prévot ne doubleront pas avec le chrono. Juges-tu Aude Biannic et Audrey Cordon plus à même de faire une performance contre-la-montre, ou préfères-tu simplement préserver les deux premières citées pour la course en ligne ?
Pauline disputera déjà le chrono par équipes de marque le premier dimanche. Deux courses, ce sera déjà pas mal. Aude (Biannic) et Audrey (Cordon) ont faits de très belles choses en contre-la-montre cette année. Audrey a vraiment fait un gros chrono sur le Championnat de France (elle avait échoué à deux secondes de Pauline Ferrand-Prévot, NDLR). Elle mérite sa place sur ce chrono. Aude (Biannic) et Elise (Delzenne) ont toutes les deux de grosses capacités contre-la-montre. Encore une fois, cela ne s’est pas joué à grand-chose. Mais j’ai jugé Aude un tout petit peu au-dessus. Ce n’est pas une question de doubler ou non.

L’équipe sera-t-elle articulée autour de la seule Pauline Ferrand-Prévot ?
Vu ce qu’a fait Pauline tout au long de la saison, il y a effectivement de grandes chances que l’équipe s’articule autour d’elle. Maintenant, on ne va pas complètement fermer l’équipe non plus. Je pense entre autres à Audrey (Cordon) qui pourrait tirer son épingle du jeu suivant le scénario de course. Mais c’est vrai que j’aurai besoin d’équipières, de filles prêtent à aider l’équipe à 100%. Je vais discuter avec chacune d’entre elles. Mon but, c’est de créer un collectif. Ensuite, on s’adaptera suivant la forme de chacune et, encore une fois, le scénario de course. L’équipe doit être en mesure de s’adapter à tous les schémas éventuels. On ne sait jamais à l’avance ce qu’il va se passer. Il vaut mieux anticiper, avoir plusieurs cartes en main. Mais oui, Pauline sera quand même plus protégée que d’autres filles.

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Crédit photo : Elen Rius - Elen Rius - Photos
 

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