Converset : « Marcher fort ne suffit pas pour passer pro »

3e du Championnat de France amateur et du Tour de Serbie (2.2) ou encore 8e du Tour Alsace (2.2), Matthieu Converset n'a pas décroché de contrat pro pour la saison 2012. Le Franc-Comtois, âgé de 24 ans, s'interroge. Le coureur qui va passer pendant l'intersaison de l'AVC Aix-en-Provence au CC Villeneuve-Saint-Germain répond aux questions de www.directvelo.com.

DirectVélo : Que retiendras-tu de ta saison 2011 ?
Matthieu Converset : Je ne peux être que content de ma saison car c'est la plus belle saison de ma carrière. J'ai pris du plaisir à faire du vélo dans un super club qui est l'AVC Aix. J'avais de supers sensations, et en plus j'étais entouré par de supers coureurs ! Je suis satisfait de mon année malgré un début de saison marqué à nouveau par des problèmes de santé, au niveau du dos. Je retiendrai ma troisième place au Championnat de France, même si mon objectif était d'être titré. Je pense aussi à cette 3e place au Tour de Serbie où j'ai eu des frissons lorsque j'ai réussi à distancer M. Michael Rasmussen dans les cols alors qu'un mois et demi plus tôt, je voulais arrêter ma carrière à cause de mon dos.

« J'ai retrouvé un bien-être intérieur »

Comment expliques-tu ce changement ?
Je dois ça à Niels Brouzes qui m'a beaucoup aidé. Il m'a vu déprimer au Tour de la Manche. Il m'a beaucoup conseillé pour soigner mon dos et retrouver les sensations. Je suis passé par un mode d'alimentation très strict ainsi qu'un mode d'entraînement différent pour permettre à mon corps de soigner mon problème de dos dans un premier temps, plutôt que de retrouver des sensations. Il ne faut jamais baisser les bras.

Comment as-tu travaillé cette année ?
J'ai retrouvé un bien-être intérieur en faisant un vélo différent depuis le mois de mai. Cela m'a permis d'avoir des sensations inconnues jusqu'alors, sans passer par un entraînement révolutionnaire. C'est davantage un entraînement basé sur de longues sorties avec une alimentation adapté. Cette méthode m'a permis de perdre sept kilos par rapport à mon poids de forme avant ma mononucléose.
J'ai beaucoup "travaillé" sur la récupération, très loin des méthodes SRM avec lesquelles je ne prenais aucun plaisir à m’entraîner. J'ai travaillé avec plusieurs entraîneurs qui sont très bons. Je pense en particulier à Lionel Reynaud avec qui j'avais de très bons rapports et beaucoup de dialogues. Mais pour moi le plus important est le bien-être intérieur du sportif et c'est ce que j'ai retrouvé avec Niels. Chacun doit trouver la personne qui lui correspond.

« Ne pas passer pro ? Une incompréhension totale »

Comment vis-tu le fait de ne pas avoir décroché un contrat chez les pros ?
C'est très dur. Je peux dire que c'est une incompréhension totale pour moi. C'est sûr il y a eu un super recrutement au niveau des grandes équipes françaises : Kenny Elissonde, Arnaud Démare, Romain Bardet, Rudy Molard... Mais je pensais avoir ma place dans les équipes continentales françaises. Je ne parle pas de La Pomme Marseille qui a fait un bon recrutement elle aussi. J'ai vu des coureurs aller chez les pros ces dernières années et qui n'ont rien prouvé chez les amateurs.

Sais-tu pourquoi personne ne t'a proposé de contrat ?
Ce n'est pas à moi de le dire mais aux dirigeants des équipes de l'expliquer. Je n'ai jamais eu de réponse juste : "Je te rappelle dans quelques jours". Mais si j'attendais leur réponse j'aurais eu le temps d'avoir des toiles d'araignées sur le téléphone et au coude. Je n'ai en aucun cas senti que je les intéressais. Seul Manu Hubert (Bretagne-Schuller) m'a toujours rappelé. Il m'a expliqué les raisons pour lesquelles il ne pouvait me proposer un contrat. Il y a quelques semaines de cela, et c'est le seul qui a tenu parole.
Je me pose la question comme beaucoup de collègues amateurs de savoir si le recrutement dans ces équipes est vraiment réalisé sur le côté sportif et les performances des coureurs ou si les coureurs achètent leur contrat ou sont recrutés grâce à des relations familiales ou amicales. Je comprends mieux pourquoi ces équipes se retrouvent souvent à un ou deux coureurs à l'arrivée des courses professionnelles.

Et si ça venait de toi ?
Peut-être que mon comportement, ma façon de courir ou encore mon âge dérangent. J'ai peut-être une mauvaise réputation comme je l'ai entendu par plusieurs coureurs même dans le peloton pro après le Tour Alsace. Des amis d'une grande équipe française, qui était présente en Alsace et qui a gagné le général (la FDJ, NDLR), m'ont rapporté certaines paroles comme quoi on disait que ce n'était pas possible que je grimpe comme ça... En tout cas je ne comprends pas, et je ne suis pas le seul dans le peloton amateur à ne pas comprendre le recrutement.

« Un projet à l'étranger pour 2013 »

Après le Championnat de France amateur, tu disais que tu arrêterais si jamais tu ne franchissais pas le Rubicon...
Oui c'est vrai, j'ai dit que je voulais arrêter. Mais j'ai pris tellement de plaisir et retrouvé un bien-être intérieur sur mon vélo comme je l'ai dit, que ça soit en course ou à l’entraînement et tellement progressé que j'ai envie de voir jusqu'où mon corps peut progresser, avec la manière de me conseiller sur l’entraînement de Niels Brouzes. Je veux encore travailler plus dur et faire une saison complète au haut-niveau. Et puis il y a le projet d'une équipe étrangère intéressée par mes services. Elle devait se monter pour 2012 mais n'est toujours pas sur pied par manque de temps. Ce sera fait en septembre 2012, pour la saison 2013. On m'a apporté les preuves. Je devrais signer mon contrat tôt dans la saison. Il me tient vraiment à cœur d'intégrer ce groupe professionnel. Mais aussi de briller sous mes nouvelles couleurs du CC Villeneuve Saint-Germain.

Pourquoi avoir choisi le CC Villeneuve Saint-Germain ?
Si cela avait été possible, j'aurais continué avec l'AVC Aix-en-Provence. Mais 2012 sera pour Aix une année de transition avec des jeunes donc il ne pouvait pas me garder ni moi ni d'autres collègues, de mon âge. Eddy (Seigneur, le directeur sportif, NDLR) est venu discuter avec moi et Jean-Michel Bourgoin (le directeur sportif de l'AVC Aix, NDLR) en fin de saison. Il m'a dit qu'il pouvait déjà attendre de savoir si mon projet à l'étranger partait ou pas. Il est le seul à avoir compris ma façon de faire du vélo. Il a écouté mes attentes. Il a beaucoup discuté et Eddy ne m'a jamais jugé, au contraire de beaucoup d'autres, qui l'ont fait, mais dansmon dos. Et dans le vélo, tout finit par se savoir. Je n'ai donc même pas cherché à contacter ces équipes qui ont dit que cela n'était pas possible que je revienne aussi bien et si vite. J'ai tout de suite expliqué à Eddy que je suis conseillé par Niels Brouzes sur l'entraînement. Cela ne l'a pas du tout dérangé, au contraire même comme Niels a aidé à former les jeunes pendant plusieurs années chez Auber 93. J'ai vraiment senti qu'Eddy me faisait confiance à 2000 % pour 2012.

Qu'attends-tu de 2012 ?
Progresser encore, passer un pallier et prouver à ce futur groupe étranger qu'ils ont raison de me faire confiance. Je me fixe moins sur le Championnat de France qui sera plat. Le CC Villeneuve m'a fait choisir mon programme de course. Nous aurons un deuxième front en 2012, donc je ferai beaucoup de courses qui me correspondent. Mon objectif sera d'être N°1 français en fin de saison. C'est un objectif haut mais se fixer des objectifs simples n'a pas d'intérêts. Je pourrai me dire "je veux gagner 25 courses" et faire que des courses toutes catégories mais je n'ai pas cette vision du vélo. Je veux me surpasser.
Je ne me fais pas d'illusions sur un contrat professionnel en France car si je ne suis pas passé cette année, c'est que je n'intéresse pas ces équipes-là. J'ai prouvé que je marchais bien et je ne suis pas le seul coureur à avoir compris que marcher fort ne suffisait pas.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki de Matthieu Converset.

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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