Christian Scaroni : « La place finale fait mal »

Crédit photo Philippe Pradier - DirectVelo
Christian Scaroni s'est transformé en 2025. Cette année, l'Italien a empilé cinq succès, avec en point d'orgue une étape du Giro. En cette fin de saison, c'est au Championnat d'Europe que le sociétaire d'Astana a encore confirmé qu'il était un coureur à considérer. Sur le difficile parcours de Guilherand-Granges, Christian Scaroni a terminé à la plus mauvaise place, au terme d'un duel avec Paul Seixas pour la médaille de bronze. Malgré cette petite frustration, c'est un coureur fier de son exercice 2025 qui s'est présenté au micro de DirectVelo, en attendant de se tester sur les routes du Tour de Lombardie.
DirectVelo : Quel est ton sentiment après cette 4e place ?
Christian Scaroni : Je suis très triste pour l’équipe nationale, qui a fait beaucoup de sacrifices. Ces convocations me rendent très fier, et c’est déjà une belle chose. Bien sûr, la place finale fait mal, mais on sait que les deux premiers étaient clairement au-dessus de nous. On a donc quasiment obtenu le meilleur résultat possible. Je remercie toute l’équipe qui a vraiment couru pour moi aujourd’hui. Je suis vraiment fier de cette équipe nationale.
Comment s'est passée ta course ?
Disons que la course est entrée dans le vif dès le deuxième long tour. Je m’attendais à ce qu’un coureur tente d’anticiper, mais la course est devenue très dure dès ce deuxième tour. Au troisième tour, quand Tadej a attaqué, je savais que je ne devais pas le suivre. Alberto Bettiol et Diego Ulissi ont fait un travail extraordinaire, ils m’ont mis dans les meilleures positions, et là ma course a vraiment commencé, au troisième tour. Je suis resté avec Remco, Ayuso et Seixas jusqu’à l’arrivée. Ensuite, Remco avait clairement une meilleure jambe que nous. Je savais que je pouvais jouer le podium, mais malheureusement, sur le dernier mur, Seixas a pris cinq mètres d’avance que je n’ai jamais réussi à combler. Je suis vraiment déçu, parce qu’une fois qu’Ayuso a lâché, j’ai vraiment cru que la médaille était à ma portée.
« DEPUIS JUIN, JE PENSAIS À CES EUROPE »
On t'a vu beaucoup discuter, notamment avec Remco...
Remco essayait d’accélérer à chaque montée pour partir seul, et à chaque tentative, il demandait de la collaboration. Mais c’est normal que, quand quelqu’un est plus fort, la collaboration se fasse plus rare. Sur les deux derniers tours, quand on n’était plus que trois, la fatigue s’est vraiment fait sentir. On était à découvert toute la journée, on avait peur que le groupe de derrière revienne. On s’est dit de rester unis et ensuite de jouer la victoire sur la dernière montée. Et c’est ce qui s’est passé. Seixas avait clairement de meilleures jambes que moi.
Vu le plateau et la course, c'est une sacrée performance d'être 4e !
Oui, depuis juin, je pensais à ces Europe. Je connaissais très bien, car on avait fait cette même course en février. Je savais qu’elle correspondait très bien à mes caractéristiques. Marco Villa a parlé avec moi dès juin, il m’a donné sa confiance. Il fallait du courage pour être devant aujourd’hui. Dès la mi-course, on a dû faire quelques « sprints à fond » pour rester avec les meilleurs. Je savais que j’étais en forme car ma préparation avait été faite pour être au top pour ce rendez-vous. Et ça a été le cas. Je suis juste déçu pour la médaille.
« COMPRENDRE QUEL POURRAIT ÊTRE MON AVENIR DANS DES COURSES COMME LE LOMBARDIE »
Vas-tu encore courir ?
Je vais faire le Gran Piemonte et le Tour de Lombardie. Je veux vraiment me tester au Lombardie. Je sais que les montées sont peut-être un peu trop longues pour moi, mais je pense que c’est bien de me mettre à l’épreuve. Je n’ai pas de grandes ambitions de podium, mais on verra bien. C’est un test pour moi, pour comprendre quel pourrait être mon avenir dans des courses comme le Lombardie. Ensuite, je finirai avec les courses en Europe, le Tour de Vénétie et la Veneto Classic.
Tu as vraiment changé de dimension cette année...
Oui, on a changé beaucoup de choses depuis le début de l’année, aussi bien dans la préparation que dans la mentalité. Je crois que deux renforts comme Ulissi et Bettiol m’ont permis de franchir ce cap pour arriver là où je suis aujourd’hui. Dans toutes les courses qu’on court ensemble, ils m’apprennent énormément, ils sont proches de moi, surtout Diego. D’ailleurs, en plaisantant hier, je lui ai dit que mon objectif pour l’année prochaine est d’essayer de le garder encore un an, vu qu’il a dit que l’an prochain pourrait être sa dernière saison. J’aimerais qu’il reste encore quelques années, mais ce sera son choix. Comme je le disais, je pense que la mentalité de certains coureurs a permis de passer ce cap.
Tu as fait du chemin depuis Gazprom où tu aurais pu arrêter là...
Je crois que je suis arrivé à ce niveau à un âge relativement "tardif", justement parce que quand j’avais l’opportunité de franchir un cap, ça ne m’a pas été permis. Que ce soit à cause de l’affaire Gazprom ou l’année du Covid, je n’ai pas pu donner de continuité à ma progression. Maintenant, ça fait deux ans qu’on travaille là-dessus, et clairement, la détermination ne manque pas.
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