Hector Alvarez : « J'arrivais frais à cause de toute la malchance »

Crédit photo Philippe Pradier - DirectVelo

Crédit photo Philippe Pradier - DirectVelo

Parfois, la patience paie. Malgré des problèmes en début de saison, il faut savoir prendre son mal en patience et se convaincre que la fraîcheur en fin de saison permettra de réaliser de grandes choses. Avec un Championnat du Monde fin septembre et un Championnat d'Europe début octobre, Hector Alvarez a eu raison de ne pas arrêter d'y croire, malgré un enchainement de blessures et de problèmes en tout genre sur les courses qu'il avait cochées. Après une 4e place au Rwanda, l'Espagnol est cette fois monté sur le podium du Championnat d'Europe Espoirs, en décrochant la médaille de bronze à Guilherand-Granges, ce samedi. Le grand et massif Espagnol a tenu bon dans les montées, jusqu'au sprint. Auprès de DirectVelo, Hector Alvarez s'est confié sur sa journée mais aussi ses rêves de... Paris-Roubaix, de Classiques et de conditions météo du Nord, un profil original pour un coureur ibérique.


DirectVelo : Quel est ton ressenti avec cette médaille de bronze ?
Hector Alvarez : Je suis très heureux, après cette saison difficile, avec beaucoup de malchance. Je dois être content après tout ce travail. À Kigali, j’étais proche du podium, mais avec l’altitude, les sensations là-bas n'étaient pas parfaites. Quand je suis arrivé ici après le Rwanda, je sentais que l'entraînement avait bien marché. Sur le contre-la-montre, j’ai fait une bonne performance, même si je n’étais pas aussi rapide que je l’espérais. Je ne m’attendais pas à une médaille sur un parcours aussi dur, en pesant 74 ou 75 kilos.

Tu étais revanchard après ta 4e place au Rwanda ?
Ce n'était pas vraiment décevant. Pour une première année, finir 4e, je ne peux pas être déçu. Mais quand tu vois les médailles te filer sous le nez une deuxième fois… En Junior déjà, j’étais avec Lorenzo (Finn), on se battait pour les médailles. Mais j’ai oublié de boire, j’étais cuit. Ma langue était sèche, je ne pouvais plus me battre pour le podium. Alors je voulais vraiment une médaille, et aujourd’hui, je l’ai eue, donc je dois être heureux et fier. J'arrivais frais, à cause de toute la malchance que j’ai eue au début de l’année. J’arrive ici, et finalement, au sprint, je peux aller chercher la médaille. Donc je dois être content.

Tu savais que tu avais des qualités de sprinteur ?
J’aime sprinter. Quand je suis avec l’équipe WorldTour, je demande toujours si je peux sprinter. Ils n’aiment pas trop ça, surtout que je suis dans ma première année Espoir... Mais j’aime ça, j’aime aussi grimper, j’aime tout faire. Je ne suis pas le genre de coureur qui déteste certains trucs. C’est évident que je ne suis pas le meilleur grimpeur, mais j’aime tout faire.

« JE SENTAIS QUE J'AVAIS RATÉ LA PREMIÈRE PARTIE DES ANNÉES U23 »

Tu as évoqué des problèmes en début de saison. Lesquels ?
Avant même de commencer la saison, je me suis cassé la clavicule à l'entraînement. Puis je suis arrivé à ma première course, je suis tombé et je me suis cassé la main. Ensuite, à Paris-Roubaix, je me suis cassé le coude. Le début de saison a été dur, pas super bon non plus pour le mental, parce que quand je suis passé de Junior à Espoir, je voyais que les choses ne se passaient pas bien. Alors j’ai juste essayé de m'améliorer, encore et encore. J’ai pu recommencer à m’entraîner après les blessures, donc sur la fin de saison, j’ai pu obtenir les résultats que je cherchais depuis le début.

Faire le bond directement dans une équipe réserve a été difficile ?
Oui, c’était assez difficile, surtout quand je ne pouvais pas m'entraîner. J’ai dû m’arrêter un mois. Et à ce niveau, chez les moins de 23 ans, c’est impossible si tu n’as pas la charge de travail nécessaire pour ces courses. Après, quand j’ai pu vraiment m’entraîner, c’est là que les résultats sont venus. Donc je suis très content.

Quels sont tes objectifs pour 2026 ?
Il y avait l’option de passer en WorldTour. Mais je sentais que j’avais raté la première partie des années U23, notamment les Classiques. Et moi, je veux devenir un coureur de Classiques. Donc j’ai un peu perdu ce processus d'apprentissage. Je veux continuer à apprendre. C’est super important à mon âge. Ensuite, en 2027, j'aimerais passer en WorldTour et aller avec les grands, pour apprendre encore plus. Jakob Soderqvist a couru presque toute l’année avec la WorldTour, mais en étant dans la devo. Comme ça, il pouvait faire les Mondiaux, les Europe et certaines autres courses. Donc c’est l’idée pour moi aussi.

CONTADOR, VALVERDE... MAIS SURTOUT MADS PEDERSEN

Quelles sont les courses que tu souhaites faire ?
Je veux faire Paris-Roubaix U23, les Mondiaux et les Europe. Et je veux faire pas mal de courses avec la WorldTour, mais aussi rester avec la Devo pour apprendre avec les nouveaux coureurs qui arrivent, vu mon mauvais début de saison. Je veux pouvoir aussi donner quelques conseils, et ensuite passer en WorldTour pour apprendre à travailler, et essayer de devenir un très bon cycliste à l’avenir. C'est mon rêve de gagner Paris-Roubaix. Aucun Espagnol ne l'a fait. Cette année, je n’ai même pas atteint les pavés.

C'est original pour un Espagnol d'être autant attiré par cette course...
Quand tu vas avec l’équipe nationale, tu vas au dîner, tu demandes aux pros et dans les contrats, il y a “pas de Roubaix, pas de pavés”. Ils détestent ça. Je me dis que je suis peut-être le seul “bizarre” qui veut courir sur les pavés. Mais moi, j’adore ce genre de courses : les pavés, le vent, la pluie. Je veux vraiment devenir ce type de coureur, et m’améliorer là-dedans. Quand j’étais plus jeune, je regardais Contador et Valverde. Mais j’ai compris que je ne pouvais pas grimper super bien, parce que je suis un gars assez costaud, j’ai du poids à trainer. Alors j’ai commencé à regarder Mads Pedersen. Dans l’équipe, c’est le leader, c'est un peu comme un papa pour nous. On le voit en stage, il s’occupe de nous. Il donne le meilleur exemple. C’est un de mes modèles. Je veux suivre ses pas et essayer de lui ressembler à l’avenir.

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