Mickaël Guichard : « J'aimerais des petits changements »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Si Mickaël Guichard a habitué à des saisons à une dizaine de victoires par le passé, il a décroché, le week-end dernier, son troisième succès de l'année, en s'imposant au Mémorial d'Automne de Chasseneuil. Revenu dans sa région après un passage en Bretagne avec Morbihan Adris GOA, soldé par un arrêt de la structure, le coureur du Team Atria-Montluçon Cyclisme fait une nouvelle fois face à la réalité du vélo amateur. Son équipe a déjà annoncé qu'elle allait perdre son sponsor, mais compte bien poursuivre l'histoire en N1... avec un effectif réduit. Du haut de ses 32 ans, Mickaël Guichard est un vieux briscard du peloton amateur, l'un des plus expérimentés. Sa saison 2026 est pour le moment un point d'interrogation, mais il se verrait bien retrouver un calendrier plus à sa convenance, lui qui cherche à garder son meilleur niveau jusqu'à 2028, pour les Jeux Paralympiques de Los Angeles, où il nourrit toujours de bonnes ambitions avec son tandem Elie De Carvalho. Mickaël Guichard est revenu avec DirectVelo sur sa situation.


DirectVelo : Tu t'imposes à Chasseneuil pour ce qui n'est que ta deuxième victoire Elite de l'année !
Mickaël Guichard : C'est toujours bon de gagner, j'étais dans une bonne spirale, j'en ai profité, tout s'est bien goupillé. Ça fait plaisir de renouer avec la victoire. La saison a été un peu plus compliquée que les précédentes, mais il y a du bon aussi. Je suis soulagé encore, ça fait trois victoires, il reste encore de belles courses, j'espère bien finir.

Tu y a mis la manière en t'imposant en solitaire !
Un groupe est parti assez tôt au début, avec Romain Bréant et Cédric Bessaguet. Derrière on s'est extirpé avec les plus forts. On ne reprenait pas forcément de temps même si ça collaborait. Puis Cédric a eu une crevaison, ça a ralenti l'avant, et dans notre groupe c'est De Vincenzi qui a bien relancé. C'est ça qui fait qu'on rentre. On était cinq, dans le final je voulais anticiper, car il y avait des éléments rapides. Mais ils s'y attendaient aussi. J'ai trouvé le bon moment pour attaquer, à 3 km du but, et j'ai fini tout seul.

« JE ME SUIS RETROUVÉ DANS UN CALENDRIER DIFFÉRENT DE LA BRETAGNE »

Au-delà de la victoire, tu retrouves aussi ton style avec ces attaques en solitaire dans le final...
C'est aussi un peu plus compliqué parce que mes adversaires me connaissent et connaissent ma stratégie. Donc c'est à moi de m'adapter. Le vélo évolue, on voit des saisons où ça court plus cadenassé, plus en équipe, plus professionnalisé. Les profils comme moi, type baroudeur, où on aime avoir du mouvement, sont un peu plus pénalisés que les sprinteurs qui ont plus d'arrivées favorables. J'étais aussi mis à contribution pour rouler derrière et délaisser ma course parfois.

Tu évoquais une saison plus compliquée. Pourquoi ?
On est tombé un peu tous malade dans le Var en début de saison, ça a mis un coup de frein sur les courses qui ont suivi. Peut-être que je n'ai pas super bien géré mon entraînement. J'ai travaillé le sprint et le punch et je me suis retrouvé dans un calendrier différent de la Bretagne. J'ai retrouvé un calendrier avec des courses davantage pour les grimpeurs, ce qui ne me correspond pas forcément. Je suis adepte du chrono et on n'en a eu qu'un en vélo tradi, ce sont des opportunités qui passent à la trappe. Les périodes prolifiques que j'ai connues, quand tout roule, mentalement on a confiance, on est sûr, ça fonctionne. Mais quand on ne l'aborde pas du bon pied... Mais ça fait partie de la vie de cycliste. J'ai trois victoires quand même, certains aimeraient avoir la même chose. Mais il faut se remettre en question. En tandem par contre ça a été vraiment bien, on a fait une bonne année. Ça demande peut-être aussi un peu de temps et d'investissement, même si ça reste complémentaire.

« J'AURAIS PU EN AVOIR MARRE »

Atria et Montluçon se séparent, l'effectif va donc se réduire. Qu'en est-il pour toi ?
On est dans une période de transition, les choses bougent, je ne suis pas encore fixé sur mon avenir, je vois ce qui se présente. De toute façon je veux continuer, mon objectif avec Elie (De Carvalho), c'est Los Angeles 2028. J'ai envie de lier les deux jusqu'à cette échéance et d'être performant. Je prends en compte ce qui a pu se passer cette année. Je reviens sur le calendrier, j'aimerais des petits changements, donc c'est à voir. Là on était tous assez expérimentés aussi, l'aspect formation n'était pas forcément présent. Donc pourquoi pas appuyer ce rôle que j'affectionne, ça peut aiguiller mon choix mais rien n'est arrêté. Mais il y aura de toute façon du changement du fait que l'équipe se divise.

Le fait de garder cette motivation à 32 ans, chez les amateurs, est surtout lié à ce projet de Jeux Paralympiques ?
Il y a toujours des trucs à faire, d'autres personnes à rencontrer. L'aspect formation me plait aussi. Les Jeux, ça a insufflé quelque chose de nouveau. J'avais besoin d'objectifs différents donc ça me sert. Mais j'ai toujours à cœur d'être performant. Enchaîner les saisons en N1 en ayant gagné pas mal avec les mêmes objectifs à chaque fois, j'aurais pu en avoir marre. Mais c'est vrai que ce projet me fixe d'autres objectifs. Et la course me sert pour être en forme. Puis j'ai aussi débuté assez tard, donc j'étais relativement neuf en commençant.

« EN N1 ON EST CENSÉ ÊTRE AMATEUR ET CE N'ÉTAIT PLUS FORCÉMENT LE CAS »

Quel est justement ton regard sur le vélo amateur qui évolue ?
On se rend compte que c'est une période de transition. Les Conti ont pris la place des N1. Maintenant tous les jeunes passent directement en Conti donc la N1 est un peu le rattrapage. On avait un peu un système à double vitesse. On s'est rendu compte que les meilleurs type Conti Fédérale étaient au-dessus, avec un budget plus conséquent, une approche encore plus pro. Et les N1 sont un peu plus en retrait avec des budgets divisés par deux, à l'ancienne. On se rend compte que ces équipes-là à long terme, c'est compliqué. Ça n'a pas forcément de sens. En N1 on est censé être amateur et ce n'était plus forcément le cas, ça s'est énormément professionnalisé. On est en train de payer toute cette évolution. Est-ce qu'on va revenir dans un vélo un peu plus amateur ? Ce vélo où ceux qui voulaient s'amuser étaient un peu délaissés, avec les courses régionales qui disparaissent. Donc peut-être qu'on aura un cyclisme plus régional, mais ça mettra du temps et il y aura une période de transition. En plus, le contexte économique ne joue pas en notre faveur. C'est compliqué de savoir ce qui va se passer.

Avec les Conti Fédérale, espères-tu encore dans un coin de ta tête une expérience de ce type ?
Mon profil n'intéresse plus personne en Conti, maintenant. J'ai fait une croix dessus, je sais que ça n'arrivera pas ou il faudrait un gros miracle. Je ne me fais pas d'illusions et personne ne s'en fait autour de moi non plus. Mais je suis content de ce que je fais, j'ai déjà eu l'opportunité d'être stagiaire, j'ai vu ce que c'était, et ce n'était pas ce qui me rendait le plus heureux. Je trouvais dommage qu'il y ait eu une petite injustice, à mon sens. Je méritais, avec les saisons que j'ai faites. Mais du point de vue expérience de vie, j'ai pu faire le projet tandem, on a participé aux Jeux de Paris, c'est aussi une chance. Je n'aurais peut-être pas pu en passant au-dessus. C'est une opportunité qui s'en va et une autre vient à la place. Ce n'est pas encore terminé, j'ai trois belles années et j'espère me relancer. La saison prochaine peut être autant même plus prolifique qu'avant. Comme je dis aux jeunes, il faut rester concentré, ça paie toujours et ça viendra à un moment ou un autre.

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