Homme de l’ombre chez Decathlon AG2R, Callum Scotson est de plus en plus précieux

Crédit photo Florian Frison / DirectVelo
Il est sans nul doute l’un des coureurs de la formation Decathlon AG2R La Mondiale que le grand public connaît le moins bien et pourtant, Callum Scotson est devenu en moins d’une saison un pilier de la WorldTeam française. Il n’y a qu’à jeter un œil au calendrier de course de l’Australien pour s’en rendre compte. Depuis le printemps, celui qui a été recruté à l’intersaison après sept saisons chez Jayco-AlUla n’a disputé que des courses WorldTour de premier plan : Paris-Nice, le Tour du Pays Basque, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Romandie, le Tour de Suisse, le Tour de France et désormais le Tour d’Espagne.
“Quand j’ai rejoint l’équipe, ils ont vu que j’avais de bonnes qualités pour tous les terrains. Ils espéraient que je sois capable de bien grimper tout en étant aussi à l’aise sur le plat pour positionner les leaders dans les moments clefs ou piégeux”, explique pour DirectVelo l’athlète de 29 ans, ancien spécialiste de la piste et Champion du Monde de poursuite par équipes avec sa sélection nationale.
UN PUR ÉQUIPIER QUI NE DEMANDE RIEN
L’ancien quadruple Champion d’Australie du chrono dans les catégories de jeunes - une fois chez les Juniors puis par trois fois en Espoirs - n’a pratiquement jamais sa carte à jouer. Ce qu’il accepte sans broncher. “Je reste toujours autour de Félix (Gall), c’est mon rôle. Je ne vais quasiment jamais dans les coups. Je suis celui qui doit faire en sorte qu’il ne soit jamais isolé. Je ne vais pas forcément être le dernier mec à ses côtés en montagne, dans une ascension finale, mais je m’assure toujours de l’accompagner toute la journée et de le lâcher le mieux placé possible au pied de l’ascension finale”. Ce rôle qu’il tient actuellement sur la Vuelta, Callum Scotson l’a également eu lors de la grand-messe de juillet. “Je suis clairement là dans un rôle d’équipier, je le sais en amont. Il peut toujours y avoir une ou deux possibilités sur trois semaines de course, ce n’est pas totalement exclu, mais je ne suis pas là pour ça. Cette situation me va très bien. Je ne suis pas un gars qui a beaucoup de résultats personnels, de toute façon. J’ai trouvé le bon rôle ici, au côté des grands noms du peloton. Et ça me semble idéal pour mes qualités”.
Directeur sportif historique de Decathlon AG2R La Mondiale et actuellement présent sur les routes du Tour d’Espagne, Julien Jurdie n’a que des compliments à faire sur sa nouvelle recrue. “On a découvert un garçon qui est un formidable travailleur de l’ombre, un équipier exemplaire avec un niveau physique très solide. Son intégration a été remarquable, bien qu’il soit assez timide et réservé. C’est un superbe garçon, agréable à vivre. Il se sent bien chez nous. Il est en confiance depuis Paris-Nice. On l’a souvent vu accompagner les meilleurs. Pour moi, c’est le parfait équipier, qui n’hésite jamais à se sacrifier. Il met totalement de côté ses objectifs personnels”.
UNE ENTENTE PARFAITE ENTRE CALLUM SCOTSON ET FÉLIX GALL
Cette situation ferait parfois presque mal au cœur de Julien Jurdie. “C’est celui qui a le moins de libertés personnelles. Malheureusement, on le bloque, concède le technicien, avant de livrer une anecdote toute fraîche. Au brief récemment, Félix lui a dit : « si tu veux, va dans l’échappée aujourd’hui ». J’ai dû intervenir pour dire « non ». Ce n’est pas facile, mais Callum l’accepte. On doit toujours avoir au moins un gars avec Félix, et c’est lui. J’aimerais le voir dans une belle échappée d’ici la fin de la Vuelta, malgré tout, suivant le scénario de course, mais il sait pourquoi il est là et le fait parfaitement. Pour autant, c’est aussi à nous de savoir le mettre en valeur, de toujours trouver les bons mots”.
Callum Scotson insiste sur le fait qu’il est totalement à l’aise avec cette situation. “Ils me voulaient pour ça, dès le début. J’y trouve franchement mon compte. Au moment de signer le contrat, ils m’avaient déjà parlé de cette possibilité de découvrir le Tour de France. Enchaîner avec la Vuelta n’était pas forcément prévu initialement mais ça s’est fait naturellement”. L’« Aussie » se félicite d’ailleurs d’avoir sans doute atteint son meilleur niveau chez Decathlon AG2R La Mondiale. “C’est ma saison la plus régulière et la plus aboutie. C’est très motivant de se sentir utile et d’avoir trouvé sa place de la sorte. J’ai pu découvrir le Tour de France et j’ai passé un cap. J’ai un rôle plus important dans ma nouvelle équipe. C’est plus de pression mais ça me plaît”.
LE CHAMPIONNAT DU MONDE POUR BOUCLER LA BOUCLE
Voilà donc ce que l’on appelle un bien joli transfert, qui semble satisfaire pleinement tous les partis. “Chez Jayco, il n’avait pas forcément le grand leader pour le général pour qui travailler. Ici, il a trouvé chaussure à son pied tout en restant dans un environnement qui lui convient grâce à un nombre d’anglo-saxons plus important que par le passé, qui a facilité son intégration”, développe Julien Jurdie. Cerise sur le gâteau : son entente parfaite avec l’Autrichien Félix Gall, avec qui il fait d’ailleurs chambre sur le Tour d’Espagne. “Il y a une très bonne cohabitation et même une certaine osmose entre les deux”. N’est-ce pas d’ailleurs le leader de l’équipe qui aurait demandé à avoir une nouvelle fois l’Australien à ses côtés sur la Vuelta ? “La décision a été prise en amont par le staff mais Félix a bien évidemment acquiescé”, répond Julien Jurdie.
Après cette Vuelta, celui qui réside en Andorre devrait sans doute avoir pratiquement terminé sa saison, tant il aura enchaîné les jours de course et les compétitions du plus haut niveau mondial. Il lui restera tout de même un grand rendez-vous, du côté du Rwanda, puisqu’il a été sélectionné pour disputer le Championnat du Monde. “Je ne suis pas sûr d’avoir encore beaucoup de jours de course après ça, j’ai déjà bien donné et je risque de finir la Vuelta rincé”, conclut-il avec le sourire.
En savoir plus : coureurs et équipes associés
Coureurs

