Paul Seixas : « C'était un gros point d'interrogation »

Crédit photo Aurélien Regnoult - DirectVelo

Crédit photo Aurélien Regnoult - DirectVelo

Le public du Tour de l'Avenir attendait son protégé. Alors que Paul Seixas approchait de la ligne d'arrivée, Marion Hérault Garnier a pronocé le nom tant attendu, et les décibels sont montés à Tignes 1800. Jusqu'au verdict. L'habituel sociétaire de Decathlon AG2R La Mondiale a devancé Lorenzo Finn in extremis, pour 7 dixièmes. La foule exulte, Paul Seixas lève son poing. Alors qu'il continue à tourner les jambes quelques mètres, les spectateurs, notamment les plus petits, lui courent après, alors qu'il reste encore des concurrents sur la route. Mais c'est bien lui, le premier vainqueur. "C'est incroyable", exulte Paul Seixas au moment de retrouver François Trarieux et Pierre-Yves Chatelon. Tout de suite, le nouveau maillot jaune du Tour de l'Avenir prend le temps de signer quelques autographes avant de filer au protocole. Certains prennent un peu de hauteur sur une butte pour photographier la nouvelle coqueluche du cyclisme français.


Puis lorsque celui-ci est parti vers le podium protocolaire, l'ovation a continué. Applaudissements, des félicitations en chœur, Paul Seixas a eu droit au bain de foule. Seul au podium protocolaire, il n'y avait encore une fois pas grand doute sur le coureur attendu par les spectateurs. Même durant les interviews à l'arrière, certains sont venus s'accouder aux barrières pour avoir un selfie ou simplement admirer le garçon sur son home trainer. DirectVelo était là pour recueillir les impressions de Paul Seixas, pour qui les dernières semaines ont été loin d'être évidentes. Lâché par ses sensations à l'entrainement, le 8e du Critérium du Dauphiné ne se voyait pas si bien réussir son entrée en matière au Tour de l'Avenir. Car pour lui qui a eu l'habitude de toujours répondre présent, douter est encore nouveau.

DirectVelo : Te voilà vainqueur en ouverture !
Paul Seixas : C'est vraiment une belle surprise pour moi. Je n'avais pas fait d'effort de ce type à l'entraînement et je ne me sentais pas particulièrement bien pour être honnête. Je préférais ne pas le dire parce que je ne voulais pas me trouver d'excuses. Et si je ne gagnais pas aujourd'hui, je pensais que ce serait normal. Maintenant, j'ai gagné donc c'est super. C'est une très bonne nouvelle. Les sensations sont quand même là et je suis au niveau de jouer la victoire sur ce Tour de l'Avenir.

« J'AI MIS CE QU'IL FALLAIT POUR GAGNER »

Tu t'es bien senti dès le départ ?
Oui, je me suis bien senti. Tout s'est bien passé aujourd'hui. L'équipe a très bien géré au niveau des courses, la gestion du planning, de l'emploi du temps. Tout était parfait, tout s'est aligné. Sur le chrono, les sensations étaient meilleures que prévu. C'est super.

C'était un effort extrêmement violent. Qu'est-ce que tu en ressors ?
C'était un gros point d'interrogation. Ça s'est très bien passé. J'ai bien géré. J'ai même très bien géré. J'ai senti à quel rythme je devais aller. Je ne me suis pas calé sur les chiffres. Et à la fin, j'ai pu en remettre un peu, même si j'étais cramé. J'ai mis ce qu'il fallait pour aller gagner.

Et tu ne gagnes que pour 70 centièmes...
C'est sûr que je gagne pour un rien. Mais déjà, juste de gagner le prologue, si on m'avait dit ça ce matin, je pense que je n'y aurais pas cru. C'est une belle surprise. Que ce soit pour 70 centièmes, c'est anecdotique.

« IL Y A DES MOMENTS DANS LA CARRIÈRE D'UN SPORTIF OÙ C'EST TOUJOURS PLUS DUR »

Sur la rampe de départ, tu pensais à quoi ? Tu as dit que tu n'étais pas très bien...
Je pense à mon effort. À ce moment-là, il faut vraiment se concentrer sur soi-même. Ses objectifs d'abord. Je pense aussi à tout le travail que j'ai fait pour en arriver là. Même si les sensations n'étaient pas très bonnes à l'entraînement, je me disais qu'il y avait quand même des conditions qui jouaient, comme l'altitude ou la chaleur. Je ne savais pas trop exactement ce qui allait se passer. Je n'avais pas fait de stage en altitude aussi. C'était ma première crainte. Dormir ici à 2100 m, ça peut vite fatiguer quand on n'a pas fait d'altitude. L'effort à haute altitude, c'est différent. Je ne le savais vraiment pas. Au final, ça s'est très bien passé. J'en suis super content.

C'est un peu nouveau pour toi de douter ?
Oui, c'est un peu nouveau. Parce que quand tu es jeune, tu progresses tout le temps. Le fait d'avoir des moins bons chiffres que d'habitude à l'entraînement, sans aucune raison, c'est un peu différent. C'est dur à gérer. Même à l'entraînement, c'est dur mentalement. Mais je savais que ça pouvait être lié à d'autres facteurs. Tout est lié. Il y a des moments dans la carrière d'un sportif où c'est toujours plus dur. Mais c'est à ce moment-là qu'on progresse le plus. Que ce soit mentalement ou physiquement. Ça montre que malgré les sensations, on ne doit pas trop s'inquiéter et toujours rester sur ce qu'on a prévu.

« C'EST QUAND MÊME UNE VICTOIRE »

C'est aussi ta première victoire depuis que tu es sorti des Juniors !
Mais c'est en Espoir. Ce n'est pas en pro. Il y a beaucoup de pros au départ, mais pas beaucoup de WorldTour, c'est pas mal de Contis. Mais c'est quand même une victoire. Ça fait plaisir.

Objectif maillot jaune maintenant ?
Un maillot, ça se défend quand même. Après, on verra ce qu'on fait. Les prochaines étapes sont relativement faciles. Tout d'abord, on va défendre le maillot, mais aussi attaquer pour l'équipe et aller chercher des victoires.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Paul SEIXAS