Cofidis : « On s’attendait à souffrir »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo
Le Tour de France Femmes de l’équipe Cofidis avait bien débuté, avec la prise du maillot blanc par Julie Bego dès le premier jour, pour sa toute première expérience sur l’épreuve. Elle l’aura gardé pendant six étapes mais la Savoyarde, diminuée au dos, n’a pas été au niveau espéré sur ses terres. Pour DirectVelo, le directeur sportif Gaëtan Lemoine est revenu sur le Tour de France de son équipe.
DirectVelo : Quel bilan fais-tu de ce Tour de France ?
Gaëtan Lemoine : Le bilan est plutôt positif dans l'ensemble avec le maillot blanc de Julie (Bego) pendant six journées. C'est quand même pour nous une belle vitrine. Hier (samedi), on a vu ses limites en haute montagne, mais on s'en doutait un petit peu. Elle a été en stage d'altitude. Elle est encore toute jeune, donc on s'attendait à ce qu'il y ait un coup de moins bien. Ce n'est pas arrivé sur la bonne étape, mais on est tombé sur un os avec Nienke (Vinke), 9e de la Vuelta. C’est du solide, donc dans l'ensemble, c'est plutôt positif.
Quel était l’objectif pour Julie Bego sur ce premier Tour ?
C'était vraiment une pure découverte. Elle a découvert son premier Grand Tour l'an dernier sur le Giro, où elle était malade. Honnêtement, à 20 ans, après un premier Grand Tour un peu compliqué en étant malade, elle venait avec un peu de pression. Elle se l’était mise un peu elle-même. Mais nous, on n'avait mis aucune attente. On s'était mis le maillot blanc dans un coin de nos têtes parce que c'était faisable sur les premières étapes. Si on prenait la course dans le bon sens, on savait qu'on pouvait l'emmener assez loin. Mais il n'y avait pas d'ambition particulière ou un classement défini. Le but du jeu était qu’elle puisse apprendre. Quand on voit aussi le niveau des Françaises autour, on ne peut espérer que du bon pour la suite.
On l’a sentie abattue après l’étape du col de la Madeleine…
Ça faisait quelques jours qu'elle se plaignait de son dos. Sur les étapes où ça roule, il y avait quand même des parties pour récupérer, mais sur une montée sèche d'une heure, le moindre problème s'amplifie et ça se paie cash. Je pense qu'il y avait beaucoup de déception parce qu'elle était chez elle. Il y avait plus d'attentes de sa part que de la part du public ou de tout l'environnement qu'il y a autour d'elle. Elle s'est mise une grosse pression, elle voulait vraiment conserver ce maillot. Je pense que la déception est plus sur le fait des attentes qu'elle s'était mises elle-même. Elle reviendra l’année prochaine pour faire au moins aussi bien, voire mieux.
« ON AURAIT ÉTÉ LES PREMIERS SURPRIS »
Avant la montagne, qu’avais-tu pensé du comportement des filles et notamment de Victoire Berteau qui retrouvait le Tour de France ?
Victoire (Berteau) avait axé son Tour sur les premières étapes. Finalement, elle est passée un peu au travers. C'est la même chose pour toutes nos filles. Elles se sont mis un peu la pression justement pour bien faire. Elles savaient que le niveau était hyper élevé. Certaines étaient parties en stage d'altitude. Sur des étapes très courtes, très punchy, on a vu que la préparation n'avait pas fonctionné pour d’autres. C'est sûr que c'est un peu décevant. Si on avait gagné une étape sur ce Tour, on aurait été les premiers surpris. Au final, on se dit qu'on est plus ou moins à notre niveau. Ces plusieurs jours en blanc montrent qu'on était vraiment dans ce qu'on souhaitait faire de façon globale.
L’équipe ne pensait pas pouvoir gagner d’étape ?
Je ne dis pas de ne pas gagner une étape parce que sinon on ne serait pas là. Mais au vu de l’homogénéité et de la qualité des équipes au départ, on savait qu'il y aurait peut-être potentiellement des équipes qui seraient piégées dès les étapes en Bretagne. C’est ce qui s'est passé. On a vu des grosses équipes comme Movistar et d'autres, qui d'habitude ne prennent jamais les échappées et qui se retrouvent à avoir les mêmes ambitions que nous. Pour elles, au rabais presque. On souhaitait aller dans les échappées parce qu'on savait que ça allait être compliqué à la pédale. Ce qui explique que la course a été hyper intense toute la journée. Il n'y a jamais eu d'échappée fleuve. Ça se battait toujours une demi-heure, trois quarts d'heure, une heure, donc on s'attendait à souffrir. Le parcours a fait aussi que la course s’est faite tous les jours.
« ON SAIT À QUI ON A AFFAIRE »
Quelques équipes ont dominé ce Tour de France, et pour les autres ça a été parfois assez compliqué…
On est face à un peloton WorldTour, on se bat avec nos armes. Toute l'année, on essaie d'exister dans les échappées. On essaie de renverser l'échiquier à chaque course en essayant de prendre des coups d'avance. Mais d'autant plus avec le niveau qui tend quand même à s'homogénéiser, mais à s'homogénéiser vers le haut. Ce qui fait qu'aujourd'hui, le niveau est très élevé.
Les filles terminent avec le moral ou elles se rendent compte que c'est de plus en plus dur d'exister ?
On arrive sur le Tour en ayant fait toute une saison en amont. On sait plus ou moins à quoi s'attendre. Quand on vient ici, on a toujours des grosses ambitions et des grosses attentes. Mais on sait à qui on a affaire et ce qui se fait en face. Les filles ont le moral, c'est l'essentiel. La saison n'est pas terminée, il y a encore de belles courses à venir et on reviendra l’année prochaine.
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