Le Tour de France aurait pu basculer en une fraction de seconde, ce mercredi, dans les faubourgs de Toulouse. Fauché bien malgré lui par Tobias Halland Johannessen, Tadej Pogacar est allé au sol, tout seul, à six bornes de l’arrivée d'une onzième étape remportée par Jonas Abrahamsen. Un grand frisson a saisi coureurs, suiveurs et téléspectateurs durant quelques secondes, mais le Slovène est rapidement remonté en selle. “Ça va, je suis un peu secoué mais j’ai connu pire”, a-t-il confié auprès de Luke Maguire, l’attaché de presse d’UAE Team Emirates, quelques minutes après la course.

« DE LA PEINTURE »

Les Visma-Lease a Bike et les autres adversaires du Champion du Monde n’ont pas cherché à profiter de cet incident. Bien au contraire, ils ont temporisé pour permettre à Tadej Pogacar de rentrer. “Merci à tous les gars du peloton d’avoir attendu. Bien sûr, ils ne jouaient pas la victoire d’étape, mais ils auraient quand même pu en profiter pour me reprendre du temps. Peut-être pas beaucoup mais il aurait fallu que je m’emploie sérieusement pour rentrer ou au moins limiter la casse. Respect à tout le monde pour ce geste”, a-t-il tenu à souligner, après avoir été interrogé sur son état physique par de nombreux coureurs dans la zone d’arrivée.

Mais que s’est-il donc passé lors de cette chute ? “Tout le monde était à bloc après les attaques de Matteo (Jorgenson) et de Jonas (Vingegaard). C’était mouvementé dans la descente, puis ça attaquait encore après, dans tous les sens, ça n’a pas débranché. Malheureusement, un gars est allé de gauche à droite sans me voir en essayant d’aller chercher une attaque de l’autre côté de la chaussée”, relate Tadej Pogacar avec calme et précision. “Il m’a complètement coupé la route et a chopé ma roue avant. Bon… C’est de la peinture, j’ai eu peur d’heurter violemment le trottoir mais ça va…”.

FORCÉMENT DANS LE DOUTE POUR HAUTACAM

Dans la soirée, la formation émiratie a donné des précisions quant à la nature des blessures de son leader. “Fort heureusement, Tadej ne souffre pas de blessures importantes, ni de contusions, ni de fracture. Il est brûlé et râpé au niveau du coude gauche et de la hanche, du même côté, mais il a le feu vert pour reprendre la course demain”. 

L’inquiétude est tout de même présente, forcément, d’autant que la première grande explication en montagne doit justement se tenir ce jeudi, avec la longue ascension du Col du Soulor et l'arrivée à Hautacam après une dernière montée de 13.5 km à 7.9%. “Ce sera le grand jour. Il faudra voir comment je vais récupérer. Généralement, tu n’es jamais au top au lendemain d’une chute mais je vais donner le maximum. Collectivement, on est prêts pour ce qui arrive”, conclut Tadej Pogacar, forcément moins serein qu’il ne l’était jusqu’à présent. Et si ses adversaires ont fait preuve de classe en Haute-Garonne, nul doute qu’ils le testeront dans les Pyrénées. C’est de bonne guerre.