Personne dans la bonne : une occasion ratée pour les équipes françaises

Crédit photo ASO - Charly Lopez
Les échappées n'ont pas vraiment la part belle au Tour de France. Avec les mastodontes du classement général qui se livrent bataille à la moindre bosse, être un baroudeur n'est plus un espoir vivace de victoires d'étape. Côté français, les Pierrick Fédrigo, Sandy Casar ou autre Cédric Vasseur auraient sans doute bien moins de bons de sortie s'ils prenaient le départ du Tour de France 2025. Alors quand une occasion se présente, mieux vaut ne pas la rater.
Mais ce jeudi, en Normandie, les Français ont raté l'embarquement. Mathieu Burgaudeau a bien tenté de prendre son ticket avec un temps de retard pour le bon wagon. "Le curseur était très haut, on est à 47 km/h la première heure. À cette vitesse il n'y a pas de tactique, c'est le placement, la force, l'engagement. Mathieu n'a pas été assez inspiré mais il avait la force, on retrouve du grand Mathieu Burgaudeau. Le Tour est très violent, aujourd'hui va laisser des traces", analyse Jean-René Bernaudeau.
« PAS ASSEZ FORT, PAS ASSEZ MALIN, OU LES DEUX »
En effet, même quand une échappée a l'opportunité de se jouer la victoire, il vaut mieux avoir les cales bien accrochées et les jambes bien légères pour avoir le droit de caracoler aux avant-postes. "Si on n'y est pas c'est qu'il n'y avait pas les moyens d'y être. Il fallait y être tout de suite, mais on avait un temps de retard", constate Marc Madiot. Romain Grégoire l'a vécu de l'intérieur. "On a vécu deux premières heures de fou, il fallait avoir les jambes pour être devant. Ceux qui sont sortis étaient plus forts que nous. Même si on est déçu, on ne peut pas avoir de regrets".
Son coéquipier Guillaume Martin-Guyonnet avait lui aussi envie, surtout à domicile. Il est le premier à avoir tenté de rentrer sur le groupe Van der Poel sorti après la côte de la Rançonnière . "Il n'y a pas de regrets parce que je n'étais pas assez fort, pas assez malin, ou les deux, pour rejoindre le groupe de tête. On a fait pas mal d'efforts pour essayer de la prendre, ça n'a pas souri mais ça marchera une prochaine fois".
Il y a un autre garçon qui évoluait à domicile. Mais Kévin Vauquelin a lui beaucoup moins de liberté en raison de sa place au classement général. "Tout le monde savait que Kévin était hyper déterminé. On espérait mettre un élément devant, Ewen (Costiou) a beaucoup tenté au début. On manque de peu l'échappée avec Raul Garcia, c'est le petit regret. Kévin a tenté avec l'euphorie, mais il n'avait pas de marge de manœuvre", regrette Laurent Pichon, directeur sportif d'Arkéa-B&B Hôtels.
« LE PLUS GRAND NUMÉRO DEPUIS LE DÉBUT DU TOUR »
Mais tous ont constaté la domination de Ben Healy, et tous s'accordent à dire qu'il n'y avait de toute façon pas grand chose à faire face au vainqueur du jour. "Quand on voit les 40 derniers kilomètres de Ben Healy, il valait mieux ne pas être devant. Il n'y avait rien à faire face à lui. Animer, se montrer à la télévision c'est sympa, mais le but c'est d'aller chercher la gagne", pense Cédric Vasseur.
Car si aucun des costauds de l'échappée n'a pu suivre Ben Healy dans le final, peut-être que personne n'en était tout simplement capable dans le peloton. "Tous les coureurs qui étaient devant en ont fait les frais, y compris Mathieu Van der Poel. Ben Healy était dans un jour incroyable. Avec 2'30" dans une étape où tout le monde se donne à fond, alors que lui est seul devant... C'est le plus grand numéro depuis le début du Tour", applaudit le manager de Cofidis.
Les équipes françaises auront d'autres cartes à jouer sur la suite du Tour. "C'est mitigé parce qu'on n'a pas réussi à avoir le super résultat. On savait qu'aujourd'hui était une opportunité, on l'avait cochée. Emanuel (Buchmann) avait les jambes mais il attend davantage la montagne. On attend plus de Teuns, Aranburu, Izagirre... Je ne les ai pas encore vus, je ne sais pas ce qui s'est passé. C'est une occasion de loupée", reprend Cédric Vasseur. "On a Steff Cras qui vise le général qui est dans l'allure, avec Jordan Jegat bien placé, qui assure bien. Et on a des troisièmes hommes pour faire la belle échappée et aller chercher une belle victoire", ajoute Jean-René Bernaudeau.
À QUAND LA PROCHAINE ?
Ce vendredi, pas sûr que des échappés aient encore leur chance, à Mûr-de-Bretagne. "J'imagine davantage un peloton massif, mais on ne sait jamais", prédit Guillaume Martin. Romain Grégoire est d'accord. "Demain ce sera plus court et plus punchy, ce sera sans doute groupé". Côté Arkéa-B&B Hôtels, on espère jouer la victoire avec Kévin Vauquelin. "Pour l'instant, on reste quand même sur les étapes. Kévin était au contact donc c'est de bon augure pour demain sur nos terres bretonnes", salive Laurent Pichon.
Pour le technicien d'Arkéa-B&B Hôtels, il faudra peut-être attendre l'étape du 14 juillet, au Puy de Sancy, pour retrouver une échappée victorieuse. "À l'image d'aujourd'hui, avec une grosse bataille pour l'échappée. Si c'est dur, pourquoi pas se glisser devant. On l'a cochée, comme beaucoup d'équipes". Cédric Vasseur lui préfère rester optimiste et espère retrouver des baroudeurs à la fête dès ce vendredi. "Le même scénario peut se produire demain, mais il faut avoir des super jambes comme Ben Healy, meilleures que celles d'aujourd'hui". Et saisir les chances laissées par les leaders, car elles ne seront sans doute pas nombreuses durant les trois semaines.
En savoir plus : coureurs et équipes associés
Coureurs


