Une semaine après la fin du Hellfest, qui se tient chaque année à Clisson, à côté de la Vendée, la commune des Herbiers avait un goût de festival. Un festival de cyclisme, mais aussi de musique. Car en fond de ligne, pendant que Marion Hérault-Garnier attendait d'avoir la vision sur les derniers mètres, et le match à suspense entre Léandre Huck et Théo Lévêque, toute la structure du Vendée U retenait son souffle. Jusqu'à la délivrance, et le nom de Theo Lévêque comme nouveau Champion de France. Le Vendée U s'est alors déchainé et a livré une célébration digne des pogos dans l'univers du hard rock. "Je ne réalise pas encore de pouvoir porter ce maillot. C'est vrai que je l'espérais toujours au fond, mais là, de vraiment le porter, il va falloir du temps pour réaliser. En plus, être à deux sur le podium avec Mathéo (Barusseau), c'est vraiment beau", exulte Théo Lévêque.

THEO LÉVÊQUE, « UN ÉLÉMENT MAJEUR DE CETTE NOUVELLE VAGUE »

Le nouveau Champion de France n'avait pas d'excès de joie en conférence de presse, mais il a volontiers participé aux festivités au rythme des chants de son équipe, qui scandait son nom. "Dans l'état où j'étais il y a encore deux ou trois mois... Je sortais dix-quinze minutes, je pensais que la saison allait être très longue et qu'elle allait être blanche. Maintenant ça fait un mois qu'on est sur un nuage, on gagne tous les week-ends". Et si la Conti Fédérale l'avait attendu lui pour se réveiller et lancer enfin la belle dynamique amorcée il y a plus d'un mois... C'est en tout cas l'avis de Mathéo Barusseau. "Théo est un mec simple, gentil, je sais qu'il a un gros potentiel. J'ai toujours su qu'il allait déclencher un petit truc chez nous. Au début de la saison, il n'était pas avec nous. Quand on a fait la réunion de crise, je savais qu’il allait être un élément majeur de cette nouvelle vague, et je crois que je ne me suis pas trompé. Ce maillot est mérité".

Et pourtant, Léandre Huck était bien parti pour un numéro solitaire jusqu'au maillot tricolore. Avant de voir son avance s'effriter dans le dernier tour. Seul le Vendée U avait deux éléments en contre, et ce n'était pas le moment de se louper. "Je voyais Léandre devant, il n'était pas loin. Je savais que la dernière bosse était longue. Ça me rappelait aussi l'année dernière à Manche-Atlantique, avec cette dernière bosse où je m'étais vraiment écroulé, je n'avais plus d'énergie, se rappelle Théo Lévêque. Je repensais à ça, que ça allait être un peu le même cas pour lui car il a fait toute la course devant". Mais fort de son expérience, l'ancien coureur de Dinan préfère prendre le taureau par les cornes. "L'année dernière, j'ai déjà vécu ce cas, il n'y a pas grand-monde qui fait l'effort dans les derniers mètres. J'ai tenté ma chance et personne n'a suivi".

UN DOUBLÉ QUI NE PASSE PAS LOIN

Mathéo Barusseau a compris le jeu de son coéquipier. "On s'est compris sans se parler, je savais qu'il allait attaquer et anticiper". Théo Lévêque n'avait pas peur d'être suivi. "Je lance au kilomètre. Dans tous les cas, si un mec restait dans la roue, j'aurais lancé jusqu'à l'arrivée, et puis Mathéo aurait sûrement gagné, vu sa pointe de vitesse". En rattrapant Léandre Huck, le coureur de 21 ans croit même au doublé. "Je savais que Léandre n'allait pas pouvoir prendre la roue. D'ailleurs, j'aurais même pensé que Mathéo fasse deux, c'est dommage, mais c'est déjà pas mal". Il a manqué quelques mètres au médaillé de bronze. "J’ai lancé aux 300 mètres, pour plutôt faire un effort lactique, donc je les ai un peu surpris. C'est pour ça que j'ai été chercher la médaille de bronze".

À domicile, le Vendée U ne pouvait pas se rater. "C'est une belle surprise. C'était vraiment le jour J. C'est incroyable de récompenser tout ce qui a été mis en place pour nous depuis le début de saison. On a eu des moments où c'était un peu le doute. C'est un signe de résilience, ça montre qu'on a continué à bosser et à aller jusqu'au bout. Finalement ça paie", se réjouit Mathéo Barusseau. Comme au Tour Nivernais Morvan où les deux garçons étaient présents, le Vendée U a fait une démonstration d'équipe. "J'étais coéquipier et ça m'a bien servi", note Mathéo Barusseau. "On savait que si on mettait les mêmes choses en place, on n'allait pas être loin du titre. Je pense qu'aujourd'hui, on a été plus forts", ajoute Théo Lévêque, qui n'avait pas grande envie de penser à son avenir. "Je vais d'abord savourer ce titre, je ne me mets pas la pression là-dessus, on verra pour la suite". Place à la fête.