Le Championnat de France, cette course qui peut changer des carrières

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo
Outre Titouan Margueritat, Champion de France l'an dernier et qui a depuis raccroché le vélo cette année, il faut remonter à 2015 pour trouver trace d'un Champion de France Amateur qui n'a pas fait le bond chez les professionnels. À l'époque, Clément Mary triomphait sous les couleurs de Sojasun espoir-ACNC à Chantonnay. Depuis, chaque amateur qui s'est paré de bleu-blanc-rouge a rejoint le niveau supérieur. En 2025, certains jouent plus gros que d'autres. Des amateurs réguliers depuis plus ou moins longtemps, tous favoris et qui voudraient bien voir leur destin basculer en Vendée, vendredi après-midi. Parmi eux, Mathias Sanlaville (Team Atria-Montluçon Cyclisme). "Je suis motivé, la forme est là. J'ai des ambitions sur le France depuis le début de saison. Je pense que c'est le rendez-vous de chacun sur l'année. Je vais tout donner pour aller chercher ce beau maillot".
« UN JOUR SPÉCIAL »
Dans le même profil, Victor Jean (CC Etupes) aussi fait partie des têtes d'affiche. "Avec la saison que j'ai faite, on m'en parle depuis 2-3 semaines. Moi, je ne veux pas me monter la tête avec ça. Une saison cycliste, elle ne se joue pas sur une course, donc j'arrive quand même avec une certaine prise de recul, parce que je vois autour de moi que beaucoup ne pensent qu'au France". Dans ces profils captivés par le Championnat, il y a notamment des coureurs plus âgés, comme Julien Marin (Hexagone-Corbas Lyon Métropole). "J'ai cette course dans le coin de la tête depuis un petit moment". Ancien professionnel, Antoine Raugel (VC Villefranche Beaujolais) a la pancarte. "Je trouve que j'ai des sensations qui ne sont pas trop mal. Je sais que je vais être surveillé. Mais tout peut arriver sur un Championnat de France. C'est un jour spécial".
Habitué des Championnats de France, notamment en cyclo-cross, Théo Thomas (SCO Dijon-Team Matériel-velo.com) ne veut pas se torturer l'esprit. "Je ne pense pas du tout à cette course. Je suis tellement passé au travers de ces courses-là que ça n'a pas trop de valeur pour moi. Je veux vraiment juste faire la course, m'amuser. Après, que je fasse premier ou dernier...". Certains comme Louis Hardouin (Guidon Chalettois), 1er Français du Challenge DV, ont eu peur du pépin de dernière minute. "L’an dernier, je termine 9e un peu par surprise, parce que je ne m’étais pas encore trop déclaré. Deux jours après, je gagne la Coupe de France N1. Cette année, je sais que je peux faire mieux. Je suis un peu plus sur la réserve, les mains sur les freins. Je n’avais pas envie de tomber. C’est un travail que je mène depuis longtemps, je ne voulais pas tout gâcher".
« J'AI 1% DE CHANCES DE PASSER. SI JE SUIS CHAMPION, CE SERA PEUT-ÊTRE 100% »
En fin de semaine, ils seront nombreux à jouer l'envol de leur carrière au Mont des Alouettes. "C’est possible que ce jour-là décide d’une partie de mon avenir. Je ne suis pas le seul, c’est pareil pour beaucoup. Je sais que je vais être attendu. Toutes les équipes pro sont là. C’est le jour où il faut se montrer", reprend le coureur du Guidon Chalettois. "J'ai 1% de chances de passer. Si je suis Champion de France, ce sera peut-être 100%. J'y crois toujours et j’espère que le Championnat va m'aider", espère Julien Marin, qui joue aussi son avenir sur le vélo. "Ce sera fini en amateur si je n'arrive pas à faire un bon France et que le reste de la saison n'est pas ouf. C'est le gros rendez-vous. Après, ça ne se résume pas la saison entière. Mais c'est un rêve pour tout le monde, ça peut changer ta vie. Dans quinze ans, on s'en souviendra encore".
Antoine Raugel compte sur le déclic pour retrouver le monde pro. "C'est un tournant, un jour spécial. Toutes les planètes peuvent être alignées, comme je peux m'enterrer avec cinq mecs et c'est un outsider qui va aller gagner. C'est une fois dans l'année, il y a du monde. Je sens que je suis vraiment prêt. J'ai pris douche froide sur douche froide depuis un an et demi. En amateur, j'ai réappris aussi la science de course, les moments importants, le money time que je rate rarement". Tous ont le point commun d'avoir déjà prouvé des choses durant l'année. "Il faut aussi regarder sur toute la saison et la régularité dans les résultats. Mais c'est sûr que toutes les équipes sont présentes, donc elles regarderont la course. Le rater serait une déception", explique Mathias Sanlaville. "Certes ça change des carrières, mais si on y arrive avec trop de pression, on passe à côté", ajoute Victor Jean.
EXPÉRIENCE, BONHEUR ET HOMMAGE POUR OUBLIER LA PRESSION
La pression, ce mal qui peut transformer un cheval de course en âne le jour-J. Théo Thomas l'a déjà connu. "Je ne pense pas du tout à ça. Je veux juste être bien et à côté du vélo, je suis heureux. Si ça se passe mal, je rentrerai le soir et la vie continuera. Là où l'année dernière c'était un peu un challenge et un objectif, cette année, je n'ai rien à faire du résultat. C'est peut-être un peu bizarre de dire ça, mais l'état d'esprit a beaucoup changé". Cette fois, le coureur du SCO Dijon va éviter les nuits blanches. "C'était un peu moi avant. Mais là l'été arrive, j'ai envie de profiter, de m'amuser à l'entraînement, d'aller faire de la randonnée, profiter. Être fort n'est pas forcément la clé. C'est plutôt de réussir à se détacher de tout ce qui est négatif. Et pour ça, il faut avoir une vie à côté et être heureux. C'est une approche totalement différente. C'est un plus maintenant".
Chacun arrive à se débarrasser de ce poids. "J'arrive à me détacher de ça", pense Victor Jean. "Je pense que je suis plutôt tranquille. Peut-être que ça viendra, mais je ne suis pas du genre stressé", sourit Mathias Sanlaville. "Je ne pense pas être un des favoris. Le classement DirectVelo parle. Je ne suis que 19e", justifie Julien Marin. Quant à Antoine Raugel, son bagage l'aide. "Je suis habitué à ces grands rendez-vous. J'arrive avec un statut mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de dormir. Je me mettrai la pression quand il faudra, c'est-à-dire pendant la course". Quant à Louis Hardouin, tout cela va au-delà du vélo. "Depuis la perte de Simon (Millon), je prends les choses un peu différemment. La vie est courte alors je relativise. Si ça ne passe pas, ce n’est pas la fin du monde. Il y a plus grave. C’est encore très émouvant pour moi, dit-il la voix serrée. Je me dis que j’ai une bonne étoile, et que les choses se passeront comme elles doivent se passer". À savoir en bleu-blanc-rouge pour un coureur du peloton.
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