« Terminer sur le podium, c'est exceptionnel » : Edgard Berthelemy s'est surpris

À 18 ans, Edgard Berthelemy vient de signer le meilleur résultat de sa jeune carrière en terminant troisième d'étape et du général du Tour d’Eure-et-Loir. Après un début de saison en demi-teinte, le coureur du SCO Dijon s’est rassuré sur sa condition physique et son adaptation au niveau Elite. Il revient pour DirectVelo sur ce week-end de course et ses ambitions pour la fin de saison. Entretien.
DirectVelo : Tu as terminé 3e du Tour d’Eure-et-Loir, ta meilleure performance de la saison. Quel est ton ressenti avec ce
résultat ?
Edgard Berthelemy : C’est une grande satisfaction. C'est un de mes meilleurs résultats cette année. J'avais déjà porté un maillot de leader sur une Open 1, mais là sur une Elite Nationale. Terminer sur le podium d’une course par étape, c'est exceptionnel.
Revenons à la première étape, qui a largement influencé le classement général. Comment s’est-elle déroulée pour toi ?
Je savais que cette première étape allait être décisive pour le classement général, donc j’ai pris la course à mon compte dès le départ. Le circuit était le plus dur du week-end, et comme j’étais en forme ces dernières semaines, je voulais vraiment concrétiser. C’était une belle opportunité, et comme j’allais être en coupure la semaine suivante, je voulais finir sur une bonne note, sans frustration. Je suis sorti avec Jean-Louis Le Ny et Baptiste Gillet dans une bosse non répertoriée, on a vite creusé l’écart avant de rentrer sur le groupe de tête. D’autres coureurs sont revenus de l’arrière, et puis la moto nous a annoncé trois minutes d’avance. On a commencé à y croire sérieusement. À 10 km de l’arrivée, je pensais que la bosse repérée en briefing était la seule, alors j’ai attaqué à ce moment-là. Même si j’étais à bloc, je savais que tout le monde l’était aussi et que ça allait tarder à réagir. J’ai pu creuser un peu, puis Paul Picard et Baptiste Gillet sont revenus sur moi dans une seconde bosse non répertoriée. J’étais vraiment dans le dur, mais j’ai réussi à me faire mal pour jouer le podium.
« IL N’Y AVAIT PAS LEADER DÉSIGNÉ »
Quelles étaient les consignes au départ le vendredi matin ?
Le briefing était clair : celui qui serait devant aurait sa carte à jouer. Il n’y avait pas de leader désigné, donc c’était à celui qui saisissait sa chance. Quand on est sorti, c’était vraiment à la pédale, on était forts. J’étais super content de pouvoir être là, devant. Je savais que derrière, ça ne roulerait pas pour un sprint, donc j’ai joué ma carte à fond. J’ai saisi l’opportunité et ça m’a souri. Ça m’a permis d’aller chercher un très bon résultat.
Comment avez-vous abordé l’étape du samedi, notamment avec ce fameux chemin blanc ?
On ne voulait pas placer de coureurs à l’avant. On savait que si ça partait, ce serait très dur de rentrer, surtout qu’on n’était plus que quatre après l’abandon d’un coéquipier le vendredi. On savait aussi que OCF, l’équipe du leader, n’avait pas une équipe assez solide collectivement pour rouler, seul Rouen pouvait se le permettre. On est restés bien placés et attentifs. Le chemin blanc, au début, je pensais que ça allait. J’avais discuté avec quelqu’un de l’organisation qui m’avait dit qu’ils étaient propres. Le début était correct, un petit chemin un peu large, mais ensuite on est arrivé des parties pleines de cailloux. Heureusement, grâce au cyclo-cross, j’ai pu bien piloter et éviter la crevaison. Sur le papier, ça aurait pu être une bonne idée, mais vu l’état réel des chemins, ça a fait plus de dégâts qu’autre chose. La décision d’arrêter la course était la bonne. Une fois repartie, l’échappée est allée au bout malgré les efforts de certaines formations. Farley (Barber) est venu régler le sprint du peloton pour la 10e place, c’était une bonne journée.
« JE NE M’ATTENDAIS PAS À CE QUE CE SOIT AUSSI DUR »
Et le dimanche, c’était le moment de tout tenter…
C'était quitte ou double, soit on renversait le général, soit on finissait troisième. On avait prévu avec Dinan de faire un coup de bordure au kilomètre 100. Ça a cassé dans tous les sens, j’ai vu que le maillot jaune était piégé. Baptiste Gillet a insisté et on arrive à sortir en costaud. On pensait aller au bout mais on se fait reprendre à la fin, c'est comme ça. On a tenté jusqu'au bout, malheureusement, ça n'a pas marché.
Comment se passe ta première saison en Elite ?
Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi dur. Vu mes résultats en Junior, je pensais que la transition serait un peu plus fluide, mais la marche est vraiment haute. On ne s’en rend pas compte tant qu’on ne le vit pas. J’ai beaucoup couru cette saison, et c’est clair que ça ne roule pas du tout comme chez les Juniors. C’est plus rapide, plus intense, plus exigeant à tous les niveaux. J’ai eu des problèmes de genoux en début de saison, ce qui m’a fait perdre pas mal d’heures d’entraînement. Je l’ai clairement senti. Mais là, ça va mieux. Je sens que je commence à m’adapter, à prendre le rythme de la catégorie Elite. Donc dans l’ensemble, je suis assez content de ma progression.
« MÊME MES PARENTS N’Y CROYAIENT PLUS TROP »
Tu t’es surpris toi-même sur le Tour d’Eure-et-Loir…
Bien sûr ! Même mes parents, qui n’y croyaient plus trop après mon début de saison compliqué, ont été étonnés. Je ne pensais pas réussir à avoir ce déclic, à me dire que je peux vraiment peser sur des courses Elite Nationale. Et quand ton nom commence à ressortir dans les briefings des autres équipes, qu’on dit "lui, il est costaud, faut pas le laisser partir", tu te rends compte que tu commences à exister dans le peloton. C’est super satisfaisant, surtout quand je repense aux premiers week-ends de l’année où je finissais à 20 minutes ou hors délai sur les Classe 2. La courbe de progression est vraiment énorme, et c’est motivant pour la suite.
As-tu changé ta manière de t’entraîner ?
En Junior, je m’entraînais très peu, voire pas du tout, et malgré ça, j’arrivais à avoir des résultats grâce à mes qualités physiques. Je me contentais de ça, mais en Elite, la marche est tellement haute que tout le retard accumulé à ce moment-là, je le paie aujourd’hui. Cet hiver, j’ai voulu rattraper ce retard avec une grosse charge d’entraînement, sauf que mon corps n’a pas suivi. J’ai eu des problèmes aux genoux, musculaires et tendineux, à cause de ce changement brutal. Résultat : j’ai perdu quasiment deux à trois semaines d’entraînement. Dès que je reprenais, la douleur revenait, donc je devais couper à nouveau. Ça a duré un bon mois et demi, et ça a vraiment handicapé mon début de saison.
« FINIR SUR UNE BONNE NOTE, ÇA CHANGE TOUT MENTALEMENT »
Après cette performance, quelles sont tes ambitions pour la fin de saison ?
D’abord, je vais bien profiter de la coupure pour me reposer et revenir avec de la motivation. Ce résultat m’a rassuré, finir sur une bonne note, ça change tout mentalement. Ça me donne confiance, ça me montre que je peux vraiment peser sur les courses. Pour la fin de saison, je veux continuer sur cette lancée, être acteur sur les grosses épreuves, et apporter aussi au collectif. Je ne ferai pas le Championnat de France, étant réservé au cinq coureurs du Nivernais, plus un. J’avais déjà prévenu l’équipe que je coupais à cette période donc logiquement ils ne m’ont pas retenu, mais je n’ai pas de regrets.
En parlant d’équipe, depuis cette année tu es de retour au SCO Dijon, celle de ta première année Junior…
C’était assez naturel pour moi de rejoindre le SCO Dijon. J’y avais fait ma première année, avant qu’ils arrêtent la section Juniors, puis je suis allé à Argenteuil l’an dernier. Mais j’ai eu la mononucléose, ce qui m’a mis à l’arrêt pendant un mois et demi. Je n’ai pas pu obtenir les résultats qu’il fallait pour intégrer une équipe de développement. Le SCO Dijon m’a toujours suivi, même après mon départ. On est restés en contact, et comme j’habite à Dijon depuis quatre ans, que je connais bien l’équipe, les directeurs sportifs, le manager… c’était presque une évidence de revenir. Je ne regrette absolument pas. Au contraire, ça me motive encore plus.
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