Philippe Bardet : « Romain me surprendra jusqu'au dernier jour »

Crédit photo Nicolas Gachet / DirectVelo
Pendant que son fils ouvrait la route en solitaire, Philippe Bardet n’en a pas raté une miette devant l'écran géant se trouvant juste après la ligne d’arrivée de l’avant-dernière étape du Dauphiné, et de la carrière de Romain. Une fois son fils repris à douze kilomètres de Valmeinier 1800, il a tué le temps en l’attendant, échangeant longuement avec Bernard Thévenet, avant de faire une photo souvenir avec le double vainqueur du Tour, ou en répondant aux questions de quelques journalistes, curieux de savoir comment il vivait la belle journée de Romain. “Ça se passe comme toutes les autres journées de la semaine. La phrase qui résume l’étape, c'est que Romain me surprendra jusqu'au dernier jour. Ça résume tout en fait. Il peut être fier de son parcours jusqu'à la fin. Je suis vraiment admiratif”, dit-il au micro de DirectVelo.
« SUR LE PODIUM AVEC ROMAIN »
Romain Bardet est arrivé douze minutes après le vainqueur du jour, Tadej Pogacar. Avant de répondre aux médias, l’ancien 2e du Tour de France et son père ont échangé quelques mots. Puis un membre d’ASO lui a proposé de venir derrière le podium accompagner son fils, qui allait recevoir le prix de la combativité.
Au fil des minutes et à force de parler de Romain, Philippe Bardet a les yeux qui deviennent de plus en plus humides. Juste avant le début de la cérémonie protocolaire, Gilles Maignan s’approche de lui. “On aimerait que vous accompagniez Romain sur le podium”. Il ne peut refuser la proposition du directeur de course. “Que d’honneur… Merci beaucoup. Je suis très content qu’il termine sur cette si belle épreuve”, répond-il.
« UN TEMPS POUR TOUT »
Habillé d’un maillot du VS Brivadois et d'un cuissard de la DSM, Philippe Bardet est monté à vélo à Valmeinier, pendant que sa femme se trouvait du côté de Termignon, en Haute-Maurienne. “1100 mètres de dénivelé, ça lui faisait un peu beaucoup, sourit le père. Mais elle sera là demain (dimanche). Il y aura toute la famille, Angus, Amandine… On va aller à l'arrivée, on l’attendra là-haut”. Il en profitera pour monter le col du Mont-Cenis pour la toute première fois sur un vélo.
L’ancien instituteur, aujourd'hui à la retraite, a souvent été aux bords des routes pour suivre la carrière de son fils. Et qu’il brille en Juniors ou sur le Tour de France, il aura toujours gardé la même discrétion. “Ce week-end, j'en profite comme j'en ai profité depuis quatorze ans, et même avant quand il était amateur”. Mais Philippe Bardet se dit soulagé de voir son fils raccrocher. “Il y a un temps pour tout. Il a 34 ans et demi. Il a accompli une très longue et belle carrière. La plupart des coureurs de sa génération ont déjà arrêté. Ça a été courageux de sa part de rempiler pour une demi-saison et de repréparer un Giro où la pièce n'est pas tombée du bon côté. L’essentiel est d’avoir tenté et c’est formidable, aussi bien sur le Giro que sur le Dauphiné”.
« PROFITE »
Il l’assure, il n’y aura pas de tristesse ce lundi où Romain ne sera plus cycliste professionnel. “Il fera autre chose. On va découvrir les courses gravel. Je suis très fier de son parcours. Je lui souhaite de se faire plaisir dans sa vie future. De toute façon, il faut savoir arrêter à un moment donné, c'est pour tout le monde pareil”.
Selon lui, le mot ténacité résume la carrière de son fils. Il refuse de ne retenir qu’une seule image de la carrière de son garçon. “Il y en a plein, toutes ses bonnes performances… Et puis il y a aussi eu des moments plus difficiles à la suite de chutes… Ça fait partie de la carrière. On a eu tout l'ascenseur émotionnel qui peut vite passer du bonheur à l'inquiétude, en repassant par une phase d'entraînement pour retrouver le haut niveau". Il sait déjà ce qu’il va lui dire ce dimanche sur les coups de 17h. “Bravo Romain pour ton parcours. Et maintenant, profite”.
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