Tadej Pogacar : « C’était assez fou et ça ne m’a pas trop plu »

Crédit photo A.S.O / Tony Esnault
Tadej Pogacar avait des choses à dire en conférence de presse. Ce samedi, après sa troisième victoire d’étape sur ce Critérium du Dauphiné, le Slovène n’a pas hésité à lâcher plusieurs phrases fortes face aux médias, au terme d’une étape où il aura une nouvelle fois écrasé la concurrence. Que ce soit pour évoquer la relative faiblesse de son équipe ce jour - il s’est un temps retrouvé esseulé et donc en danger - ou le comportement des Visma-Lease a Bike, qu’il n’a pas apprécié, le Champion du Monde n’a pas mâché ses mots et a même, à vrai dire, fait preuve d’une certaine arrogance en évoquant la façon dont il a géré la montée finale. Entretien.
DirectVelo : Dans quel état d’esprit abordais-tu cette étape reine ?
Tadej Pogacar : J’imaginais plutôt être sur la défensive aujourd’hui, à vrai dire. On avait prévu de laisser filer l’échappée en faisant le tempo à l’arrière. Mais les Visma avaient une autre stratégie en tête et ils ont attaqué au sommet de la Croix-de-Fer, puis ont accéléré à nouveau au début de la descente. Je ne sais pas trop ce qu’ils ont essayé de faire, c’était assez fou et ça ne m’a pas trop plu qu’ils agissent ainsi dans la descente. Ça m'a même énervé, pour tout dire, mais heureusement, il y avait Pavel (Sivakov) à mes côtés pour gérer la situation.
Pourquoi avoir décidé d’attaquer toi-même à 12 km de l’arrivée ?
On s’est dit qu’il y avait des chances que les Visma essaient à nouveau de jouer sur le nombre dans la dernière montée, comme ils l’avaient fait précédemment. Je préférais anticiper ces éventuelles attaques en y allant moi-même. Et ça a marché ! J’ai quand même hâte d’avoir Joao Almeida et Adam Yates sur le Tour à mes côtés pour ne pas devoir encore courir comme je l’ai fait aujourd’hui. C’était une exception. Mais encore une fois, on comptait jouer sur la défensive. Le scénario de la course a fait que je me retrouve à gagner l’étape, je suis donc plus que satisfait.
« AU MOINS, UNE FOIS SEUL DEVANT, PLUS PERSONNE NE POUVAIT M’EMBÊTER »
Tu as l’air agacé du comportement des Visma dans la descente du Col de la Croix-de-Fer. Est-ce aussi pour cette raison que tu as voulu frapper fort dans la dernière ascension ?
Oui, j’étais énervé de ce moment dans la descente mais encore une fois, pour la dernière montée, c’était plutôt stratégique. Pavel arrivait à la limite, je n’allais plus avoir d’équipiers avec moi alors il fallait faire quelque chose. Mais c’est vrai que cet événement dans la descente m’a donné une motivation supplémentaire pour la dernière montée. Au moins, une fois seul devant, plus personne ne pouvait m’embêter dans les dix derniers kilomètres.
Lors de ton attaque, tu as rapidement pris une petite vingtaine de secondes d’avance sur Jonas Vingegaard. Ensuite, lors des dix derniers kilomètres, l’écart est resté sensiblement le même jusqu’à la ligne. Est-ce à dire que Jonas se rapproche petit à petit de ton niveau ?
Je n’avais pas besoin de creuser l’écart. L’écart creusé hier était déjà suffisant. Aujourd’hui, je me suis contenté de gérer l'ascension à mon rythme et j’ai fini le dernier kilomètre plus tranquillement pour ne pas arriver trop rincé sur la ligne. Ça me permet de passer moins de temps sur les rouleaux après la course et d'aller plus vite aux interviews. Il faut être efficace un peu partout et c’est le cas aujourd’hui, c’est donc une bonne journée.
« IL N'ÉTAIT PAS NÉCESSAIRE D’ALLER AUSSI VITE »
Attaquer dans les descentes est-il forcément un problème ? En quoi cela te chagrine-t-il ? N’est-il pas permis d’attaquer ses adversaires en descente ?
Je n’étais pas content parce que c’était limite. D’ailleurs, j’ai laissé un petit écart dans les premiers kilomètres de la descente pendant qu’ils poussaient, au cas où ils partiraient à la faute (rire) car ça roulait très vite. Peut-être qu’ils n’ont pas eu cette impression mais de mon côté, j’ai vraiment trouvé qu’ils y étaient allés très fort dans la descente et que, parfois, ils étaient à la limite. Ça allait, au final, mais bon… Disons que selon moi, il n’était pas nécessaire d’aller aussi vite (pour rappel, en 2022, Tadej Pogacar était lui-même parti à la faute en mettant la pression au maillot jaune Jonas Vingegaard dans la descente du Col de Spandelles, sur les routes du Tour de France, NDLR). Mais ça fait partie de la course, c’est vrai, et je l’accepte.
Tu l’as évoqué précédemment : seul Pavel était à tes côtés dans le final. Il avait d’ailleurs lui-même été un temps lâché et tu t’étais alors retrouvé seul devant face à plusieurs coureurs de Visma. As-tu eu peur ?
Je savais que Pavel n’avait pas basculé très loin et qu’il allait sûrement rentrer. Pour Jhonatan (Narvaez) et Marc (Soler), j’espérais qu’ils rentrent aussi, ils n’en étaient pas loin. Bien sûr, ça aurait été mieux de les avoir à mes côtés mais ce n’est pas une source d’inquiétude. Encore une fois, j’aurai deux autres très bons coureurs à mes côtés sur le Tour.
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