Ronde de l'Isard : Tout peut encore basculer

Jarno Widar va-t-il perdre la Ronde de l'Isard, l'un des rares joyaux du calendrier Espoirs qui manque à son palmarès ? Et va-t-il se faire dépouiller de son maillot jaune dans une longue descente, lui qui était censé le solidifier dans les montées ? C'est la question improbable, déjouant les pronostics du départ, qui se pose avant le dénouement de l'épreuve dimanche, la cinquième et dernière étape tracée entre Saubens (Haute-Garonne) et Saint-Girons (Ariège).

Le suspense et la tension restent à leur comble. D'abord parce que Jarno Widar ne possède que sept secondes sur son rival le plus direct (voir classement) ; ensuite parce que l'épreuve s'achève par cette fameuse descente de 32 kilomètres entre le sommet du Col de la Core et la ligne d'arrivée. Lieu de tous les retournements possibles.

« CE N’EST JAMAIS FINI ! »

“Oui, je vais essayer de faire quelque chose, confie Liam O'Brien (Lidl Trek Future Racing), deuxième du classement à 7 secondes. J'ai pris de la confiance après mon attaque et ma deuxième place d'étape (au sommet du Pla de Soulcem samedi, NDLR). La Lotto est très forte, mais mon équipe aussi. Il faudra voir comment les coureurs réagissent au quatrième jour d'efforts. Ça va être intéressant”. Et l'Irlandais de 20 ans d'enfoncer le clou : “Ce n'est jamais fini !”.

“J'aimerais tenter quelque chose”, glisse, lui aussi, le Britannique Huw Buck Jones (Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme), vainqueur de la première étape et quatrième du classement général avec 23 secondes de retard. Seule l'équipe du troisième, Juan Felipe Rodriguez (Team Sistecrédito), relégué à 20 secondes, n'affiche pas de prétentions particulières. Les Colombiens briguent officiellement le maillot à pois et le classement par équipes. Mais sait-on jamais...

Si on ajoute à la liste l'Italien Alessandro Cattani (Team Technipes #inEmiliaRomagna), cinquième à 1 minute et 1 seconde de Jarno Widar, le Top 5 du classement général se tient en presque une minute, malgré un parcours de collines et de montagnes qui aurait pu creuser davantage les différences. Jarno Widar le reconnaît en personne, “les jambes n'étaient pas très bonnes” sur l'étape-reine de samedi. Or, c'est peu probable que le grimpeur belge décramponne ses adversaires sur le seul et unique col prévu dimanche. La Core ne fait « que » 14 kilomètres à 5,7 %. Et elle se dresse si loin de l'arrivée...

“Ça pourrait être une étape dangereuse pour nous, admet Dirk Aernouts, le directeur sportif de Jarno Widar. Si on se retrouve isolé, ce sera particulièrement dangereux”. Le coach du maillot jaune regrette l'annulation du Tourmalet jeudi, pour cause de travaux : “Si on avait eu le Tourmalet, les écarts seraient sûrement plus grands au classement avant la dernière étape”.

COMME EN 2016

La victoire qui ne tient qu'à un fil, la Lotto Development Team a déjà connu cette situation sur la Ronde de l'Isard. C'était en 2016, avec le regretté Bjorg Lambrecht, qui était alors aux commandes du classement. Celui-ci avait perdu le contact le dernier jour dans le Col de la Core, au milieu du brouillard et sur une route détrempée. Son dauphin, Mathias Le Turnier, s'était retrouvé leader virtuel de la course (lire ici). “Bjorg n'avait que huit secondes d'avance au classement, mais il a gagné quand même, se souvient Dirk Aernouts. Ce qui compte, c'est d'avoir une équipe forte".

Patronne du peloton depuis le premier jour sur la Ronde de l'Isard, la Lotto Devo entend bien tenir la barre dimanche pour l'explication finale. “Nous sommes encore six coureurs et les Lidl-Trek ne sont que quatre, recense le directeur sportif de Jarno Widar. Et puis, les six secondes au classement sont en notre faveur. L'avantage de la course est pour nous”.

Jarno Widar arbore quant à lui un mélange de prudence et de confiance : “J'espère avoir de meilleures jambes, déclare-t-il. Je vais essayer de me battre. On ne peut pas dire qu'une étape est dangereuse ou pas dangereuse. Quand on joue un classement général, toutes les étapes sont dangereuses !”.