Jarno Widar, le timing de l'attaque

Crédit photo Florian Frison / DirectVelo
“Quand j'ai attaqué, j'ai été déséquilibré sur les pédales. Pile au moment où je suis en danseuse, je sens le vélo qui part de gauche à droite. Je me suis dit « Oups ». À pas grand chose près, j'aurais pu tomber au moment où j'attaquais !”. Jarno Widar (Lotto Development) raconte sa journée à DirectVelo et s'amuse beaucoup de son démarrage en montagne ce jeudi, dans la deuxième étape de la Ronde de l'Isard, entre Luz et Cauterets (Hautes-Pyrénées). Non seulement le grimpeur belge de 19 ans évite la chute, mais il fait coup double, s'adjugeant l'étape et le maillot jaune.
« LE SEUL ENDROIT OÙ JE POUVAIS FAIRE LA DIFFÉRENCE »
Il est parti pile au bon endroit. À cinq kilomètres de l'arrivée, dans la portion la plus dure, dans une enfilade de virages à plus de 10%. Le public ne s'y est d'ailleurs pas trompé, qui s'est massé dans les lacets, avec une vingtaine de spectateurs. Pour le reste, la montée vers le village de Cauterets est considérée comme roulante (3 km à 5 %), les pentes les plus sévères se situant bien plus haut, par exemple à la station du Cambasque. “J'avais repéré ce passage difficile (sur Veloviewer, NDLR), raconte Jarno Widar. Comme je me sentais bien, un kilomètre avant d'attaquer, j'ai prévenu mes coéquipiers. C'est le seul endroit où je pouvais faire la différence. Sinon, je prenais le risque d'arriver au sprint”.
Il est parti pile au bon moment aussi. Ses lieutenants avaient écrémé le peloton et commençaient à s'écarter, pour laisser la concurrence travailler, tel le maillot jaune Huw Buck Jones (Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme), qui trahissait quelques signes de faiblesse. Ce petit flottement a profité à Jarno Widar, le plus saignant de la journée. Sitôt qu'il jaillissait, les membres de ce peloton très réduit s'observaient : personne ne pouvait le suivre, personne n'avait non plus la capacité à se relayer pour combler l'écart... Et ce, malgré un final sur des lignes droites, avec Jarno Widar en point de mire, devant pour une dizaine de secondes tout juste.
“Ces dix secondes me suffisaient au début, ajoute le vainqueur. Je contrôlais l'écart et je savais que ça allait se regarder derrière. Les autres allaient plutôt se battre pour la deuxième place. J'ai bien géré la fin de la montée”. Son avance, culminant à 18 secondes, s'est réduite à 6 au franchissement de la ligne, sur les coureurs de XDS Astana qui ont réglé le sprint des poursuivants, Mattia Negrente et Ludovico Maria Mellano (voir classement).
« JE VOULAIS FAIRE GAGNER NIELS DRIESEN »
La veille, sur la première étape, Jarno Widar n'avait pas daigné planter une attaque, ce qui avait surpris ses rivaux. Le col des Palomières, au-dessus de Bagnères-de-Bigorre, offrait pourtant un beau terrain d'expression, aussi bien en montée qu'en descente. “Mais ce n'était pas le plan du premier jour, confie celui qui était déjà le grand favori de l'épreuve. Je voulais faire gagner Niels Driesen, qui fait normalement du super travail pour moi. J'avais envie de le remercier. Au sommet, je suis un peu décroché mais je reviens dans la descente pour l'accompagner. D'ailleurs, au virage juste avant l'arrivée, il débouche en tête, avant de se faire remonter par deux gars (Huw Buck Jones et Victor Loulergue, NDLR)”.
Le passage à l'acte a donc eu lieu vers Cauterets, où Jarno Widar a testé ses jambes, au sortir d'un camp de préparation dans la Sierra Nevada. “Apparemment, l'organisme a bien récupéré”, se réjouit-il, louant par la même occasion “le travail extraordinaire de [ses] coéquipiers, qui ont roulé toute la journée”. Le vainqueur 2024 du Giro Next Gen, du Tour du Val d'Aoste et de l'Alpes Isère Tour va désormais bien évidemment “défendre le maillot jaune” jusqu'à dimanche dans les Pyrénées. La Ronde de l'Isard est, comme le Tour de l'Avenir, l'une des seules courses de référence chez les Espoirs qui manque à son palmarès.
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