Enzo Boulet : « Un Boulet peut en cacher un autre »

Crédit photo Nicolas Berriegts - DirectVelo
À l'arrivée du Grand Prix d'Is-sur-Tille, Enzo Boulet ne s'est pas attardé bien longtemps en fond de ligne, et a rapidement rejoint le parking. Poursuivi par sa compagne, celui-ci s'est un instant mis à l'écart de l'animation et de ses coéquipiers. Portable posé sur le guidon, les yeux rivés dessus, et dans sa bulle en compagnie de sa petite amie, le son des commentaires laisse deviner que le coureur du VC Villefranche Beaujolais n'est pas en train de revoir Liège-Bastogne-Liège, mais plutôt en plein replay de ce qu'il s'est passé à l'autre bout de la France. Ému, Enzo Boulet assiste à la victoire au sprint massif de son petit-frère, Eliott, sur le Tour de Bretagne. "Ma copine vient juste de me l'annoncer. J'ai regardé le live en replay vite fait. C'est bien pour lui vu qu'il cherchait une victoire en Classe 2. Je suis content pour lui", sourit-il à l'arrivée, après avoir lâché une réaction plus spontanée au moment du verdict.
« ON EST RESTÉ PAS MAL DE TEMPS AU TÉLÉPHONE »
Enzo Boulet se serait volontiers vu au côté de son frère cette semaine. "J'étais très déçu de ne pas être au Tour de Bretagne, l'équipe n'a pas été retenue. Le départ était près de chez moi. Du coup, je l'ai vu à travers mon frère". La veille, il a même longtemps échangé avec lui. "Il se posait des questions. On est resté pas mal de temps au téléphone. Il me demandait des conseils, vu que je l'ai déjà fait trois fois. Je lui ai dit qu'il ne fallait pas qu'il s'inquiète. S'il voulait faire quelque chose au général, il fallait qu'il fasse les sprints, et ne pas attendre. Je pense qu'il m'a écouté. Un Boulet peut en cacher un autre au sprint, s'amuse l'aîné. J'espère retourner chez les pros et refaire des courses avec lui". Mais en attendant, c'est au Grand Prix d'Is-sur-Tille qu'il s'est exprimé. "C'est bien vu que je reviens de loin, j'ai viré 15e. Je reviens avec de la vitesse. C'est frustrant mais ça montre que la forme est là".
Finalement au pied du podium (voir classement), l'essentiel est ailleurs pour un garçon qui a pris un coup sur le casque depuis quelques temps. "J'étais vraiment en perte de confiance. J'ai vécu des semaines pas faciles à l'entraînement et je me posais vraiment des questions sur mon état de forme et tout. Donc le Loir-et-Cher m'a remis un peu en confiance même si je suis ressorti frustré. J'ai fait une belle 8e place mais je suis resté sur ma faim vu que j'espérais mieux". Malgré ses frustrations, l'appétit était et est revenu. "Dans tous les sprints j'étais dans la boule et je n'arrivais pas forcément à remonter. J'ai eu l'opportunité à la dernière étape sous la pluie. Maintenant, il faut lâcher les chevaux".
« JE ME DEMANDAIS CE QUE JE FAISAIS SUR UN VÉLO »
Depuis son succès aux Boucles du Haut-Var, Enzo Boulet n'a que très peu couru. "J'ai eu un manque d'entraînement. Après le Haut-Var, j'ai baissé un peu vu qu'avec mon entraîneur, on pensait qu'avec les deux saisons chez les pros, j'avais du fond. Donc il fallait plus faire des intensités chez les amateurs. Puis on a vu que je ne faisais pas assez d'entraînement la semaine. Donc on a fait le choix avec l'équipe de ne pas courir pendant trois semaines. Et du coup, faire des grosses semaines. Je me suis dit, faire tout ça à l'entraînement, faire tous les sacrifices pour ne pas que ça paie, c'est chiant". Mais le problème n'était pas tant physique que psychologique. "J'ai trouvé que je n'avais pas de sensations. À l'entraînement, je me demandais ce que je faisais sur un vélo. C'était surtout dans la tête".
Depuis, l'ancien coureur du CIC U Nantes a trouvé une issue de secours à ses problèmes. "Maintenant, je vis chez ma copine. Mon beau-père fait un peu de coaching mental donc il m'a bien remis en place. Dans le final, je pensais à ce qu'il me disait. Il fallait que je croie en moi car ce n'était plus le cas. J'espère regagner rapidement maintenant que je remonte en puissance". Au-delà de son résultat du jour, ses sensations l'ont rassuré. "Faire 4 sur un circuit comme ça qui est bien exigeant... Je bascule avec les meilleurs du jour en haut du dernier grimpeur. Je retrouve un bon niveau. Ça va me remettre en confiance pour le week-end prochain pour la Coupe de France". Car Enzo Boulet n'a pas perdu de vue son objectif. "Quand je vais à l'entraînement, c'est au monde pro que je pense, même si les places sont chères. Regagner à la Coupe de France ferait une belle ligne au palmarès. Et je pense que ça fera parler les managers".
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