Guillaume Martin-Guyonnet : « Une histoire de bluff »

Crédit photo Christian Cosserat / DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat / DirectVelo

Il aura attendu 981 jours avant de regoûter au bonheur de lever les bras sur une ligne d’arrivée. Puis bien moins longtemps pour remettre le couvert puisqu’après s’être imposé sur la Classic Grand Besançon Doubs vendredi, Guillaume Martin-Guyonnet a remis le couvert 24 heures plus tard sur le Tour du Jura. Et comme la veille, le régional Clément Berthet a été son plus sérieux rival (voir classement). “Je pense que l’on était d’un niveau à peu près égal physiquement. Clément était super fort aujourd’hui, mais la confiance a peut-être fait la différence. Si je n’avais pas déjà gagné hier, je n’aurais pas eu la confiance pour accepter de ne pas rouler dans le final et tout jouer pour la victoire plutôt que d’assurer une place”, synthétisait-il quelques instants après l’arrivée. DirectVelo a recueilli la réaction du grimpeur normand de la Groupama-FDJ au terme du podium protocolaire. Entretien.

DirectVelo : Que s’est-il passé lorsque tu as laissé filer Clément Berthet ?
Guillaume Martin-Guyonnet : Je voulais voir si quelqu’un d’autre allait faire l’effort car je n’étais pas directement dans la roue. C’était l’occasion de jauger les forces en présence. J’avais opté pour une stratégie un peu différente de celle d’hier. Je voulais être un peu plus attentiste. Les jambes étaient un peu moins bonnes également. C’était tactique. Je suis revenu à la bascule et ensuite, j’ai joué un peu avec lui en ne passant pas de relais. C’est une arrivée un peu spéciale, je commence à la connaître après trois éditions. Je savais à quel moment je devais produire mon effort.

« CETTE FOIS-CI, C'ÉTAIT LE BON TIMING »

Tu voulais donc le laisser travailler… Et douter ?
Oui, c’est ça, il y avait une histoire de bluff. Physiquement, on était proches l’un de l’autre, en réalité. Les deux années précédentes, j’avais attaqué un peu tôt. La première fois, j’étais arrivé pour la place de 2e avec Thibaut Pinot et j’avais trop attendu pour lancer le sprint. Et la deuxième fois, j’avais lancé trop tôt. Cette fois-ci, c’était le bon timing.

Clément Berthet t’a-t-il surpris en passant à l’offensive ?
Non, c’était le bon endroit pour le faire. Je crois que Kévin Vauquelin avait attaqué au même endroit il y a deux ans. Je voyais qu’il avait de bonnes jambes, je m’attendais à une attaque comme celle-là de sa part. Hier, j’étais le chassé et c’était plutôt intéressant tactiquement d’être le chasseur cette fois-ci.

Te sens-tu plus confiant que tu ne l’as jamais été ?
Oui, c’est sûr qu’encore une fois, si je n’avais pas gagné hier, je n’aurais pas gagné aujourd’hui. Ce petit grain de confiance m’a permis de jouer. J’ai eu quelques doutes en début de saison avec ce mal de genou. J’ai connu quelques aléas, avec ce Tour du Pays Basque où j’ai été reclassé 12e, il y a eu un peu de frustration mais elle est évacuée avec ces deux succès.

« LEUR DONNER DE LA CONFIANCE »

Ces deux victoires, c’est aussi la preuve que tu as bien fait de te relancer avec une nouvelle équipe ?
Découvrir un nouvel environnement après cinq années chez Cofidis, à 31 ans, ça fait du bien évidemment. Je peux compter sur un collectif solide. Le staff est aux petits oignons pour nous. Et les gars ont assuré sur le terrain, comme hier. Je tiens à saluer la performance du coureur de la Conti, Oscar Nilsson-Julien, qui loin des caméras a roulé tout seul derrière l’échappée pendant 120 kilomètres sur la première partie de course.

Comment te comportes-tu avec les petits nouveaux de la bande qui arrivent des jeunes catégories ?
J’essaie d’être moi-même. C’est l’essentiel. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup mais j’essaie de parler à bon escient. En réalité, ce sont des jeunes qui savent déjà très bien faire du vélo. Il n’y a pas grand-chose à leur apprendre. Pour reprendre l’exemple d’Oscar, il a su gérer l’échappée sans jamais s’enflammer. C’était beau à voir. Dans le final, certains de mes coéquipiers pouvaient avoir tendance à paniquer un petit peu au vu de l’écart avec Odd Christian Eiking, mais mon rôle a été de les calmer, de leur donner de la confiance, de parler peu mais aux bons moments.

La configuration sera différente ce dimanche. Peux-tu rêver du triplé ?
On va essayer de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Ce sera peut-être un peu plus tactique mais on a plusieurs armes. J’essaierai de rendre la pareille à mes coéquipiers. Ce serait pas mal de rééditer la performance de l’an passé pour l'équipe (sourire).

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