Valentin Martinet : « Ça faisait beaucoup pour un petit bonhomme de 16-17 ans »

Crédit photo Hugo Barthelemy - DirectVelo
Valentin Martinet remonte la pente. Malgré un Paris-Roubaix frustrant où il est très vite allé au sol, celui qui portait les couleurs de l'équipe de France est remonté sur son vélo, avant de terminer dans le peloton derrière le groupe de tête qui s'est joué la victoire. Il a même activement mené la chasse dans le final, notamment pour aider son coéquipier Arthur Alexandre. Si la place est anecdotique à l'arrivée (voir classement), la manière l'est beaucoup moins pour un garçon qui était complètement perdu depuis de nombreux mois. Entre maladies, baisse de motivation et même l'annulation de l'Eroica qui lui a mis le moral dans les chaussettes encore un peu plus, Valentin Martinet retrouve maintenant des couleurs, comme il l'a confié à DirectVelo.
DirectVelo : Quel est ton sentiment après cette course ?
Valentin Martinet : Là, c'est la faute à pas de chance, parce que des jambes comme ça, je pense qu'on n'en a pas souvent. En tout cas, c'est ce pour quoi je travaille chaque jour. Là, il y a de la déception. Passer à côté de cette course à cause d'aléas techniques et de chutes que j'aurais pu éviter, ça amène beaucoup de déception. Au final, ce que je vais retenir, c'est cette semaine avec l'équipe de France, il faut que je passe direct à autre chose et continuer d'aller de l'avant. Il y a de beaux objectifs qui arrivent. Je ne sais pas encore où je vais aller, mais là où j'irai, je vais y aller pour vaincre. Ce sera ça qui va primer. Il ne faut pas que je retienne cette déception-là.
« JE ME SUIS FAIT ÉCRASER PAR TOUT LE MONDE »
Tu es marqué par une chute, que s'est-il passé ?
Au bout de dix kilomètres, il y avait trop de tension dans ce peloton. Ça mettait des coups de tête dans tous les sens. Il y a un mec devant moi, je ne sais pas ce qu'il faisait, il mettait des coups de tête. Un golgoth de Norvège a mis un coup d'épaule et le gars a fini par terre. Quand on est à 60 à l'heure avec un peloton derrière soi, ça en met du monde au sol. Et pas de chance, j'étais dans sa roue. Je me suis fait écraser par tout le monde. Je suis tombé assez lourdement, j'ai eu du mal à me relever tout de suite.
Pourtant tu n'es pas laissé abattre puisque tu termines finalement dans le reste du peloton...
Il a fallu se relever, de toute façon, je n'étais pas là pour abandonner. Mais dans mon truc, j'étais là pour gagner cette course. Je n'étais pas là pour faire deux. Quand il a fallu faire les efforts, je les ai faits. Pour faire partir Arthur, je les ai faits. Quand il a fallu gérer le peloton, je les ai faits. Et puis à la fin, encore une fois, on n'était pas loin du groupe qui se joue la victoire. Alors j'ai tout donné pour Arthur. Il faut retenir qu'on a joué la victoire. Il y a d'autres équipes qui ont joué la 2e place. Alors on peut être assez fiers de ça quand même.
« J'AI ACCUMULÉ PLEIN DE FRUSTRATIONS PENDANT TOUTE L'ANNÉE »
Dans quel état d'esprit abordais-tu la course ?
Il y a eu l'Eroica annulée. Avant ça, j'ai eu un gros coup de mou, cet hiver. Je n'avais plus de motivation. C'était presque une introspection sur moi-même. À chaque fois que je montais sur le vélo, je n'avais pas envie d'y aller. Ça a été encore plus compliqué après l'Eroica. C'était un truc que je m'étais fixé pour avoir une deadline dans les mois qui arrivaient. Ça m'a mis un coup de mou. Il a fallu se remettre. J'ai appris que j'allais faire Roubaix. J'ai tout fait pour être en forme pour cette course. J'étais dans le même état d'esprit qu'à la Pévèle, avec l'envie de m'amuser.
As-tu identifié la source de tes problèmes ?
C'est assez simple en fait. Pendant toute ma saison J1, j'ai essayé de travailler, d'être là au niveau. Sauf qu'il n'y a pas eu la carotte qui était là pour me mettre le sourire. Encore une fois, ça vient de l'Eroica de l'an dernier. J'étais maillot blanc, j'étais là. J'avais fait quelque chose de dingue pendant les quatre premiers jours. À la dernière étape, je suis tombé à cinq kilomètres de l'arrivée. Je n'étais pas loin d'un exploit. Je pense que ça aurait fait un switch. Mais j'ai accumulé plein de frustrations pendant toute l'année. Et au final, je les ai répercutées dans ma préparation de la saison cyclo-cross. Je me suis entraîné avec la frustration, avec l'envie d'évacuer ça. Et j'arrive au premier cross de la saison... je n'arrive pas à me lever de la selle. Impossible. J'étais collé, en fait. On a fait des analyses sanguines. J'étais cramé.
« JE N'AVAIS PLUS RIEN DANS LE MOTEUR »
Qu'ont révélé ces analyses ?
J'ai eu la maladie de Lyme et Epstein-Barr qui ont viré positif. Mais on ne sait pas si c'est positif parce que j'étais simplement cramé ou si c'était des antécédents. En tout cas, ce qui était sûr, c'est que je n'avais plus rien dans le moteur. Il fallait accepter d'avoir des copains qui performent et que moi, je sois encore face à un mur. Ça a été compliqué. En plus, avec l'hiver, les journées qui se raccourcissent... À la maison, il ne faisait pas très beau. Ça a été assez compliqué pour avoir envie de sortir le vélo. Et puis ça a été la baisse de motivation. Je pense que ça faisait beaucoup pour un petit bonhomme de 16 ans, puis 17 ans après.
Tu arrives désormais à te remettre des objectifs ?
Là j'ai un gros objectif en tête. Ce serait de pouvoir aller faire les Europe et les Mondiaux. Mais mon principal objectif avant toute chose, c'est d'être heureux sur mon vélo et de m'amuser en étant moi-même. Aujourd'hui, quand je reviens, que je remonte sur mon vélo, je suis moi-même. À la Pévèle, j'étais moi-même. C'est quelque chose que je retrouve depuis une quinzaine de jours, même à l'entraînement. Donc je pense que je suis sur la bonne voie.
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