Lorena Wiebes enfile les victoires comme on enfile des perles. La Néerlandaise ne s’arrête plus de gagner et a décroché, déjà, son centième (!) succès en carrière, à 26 ans. Trois des quatre étapes de l’UAE Tour d’emblée pour se mettre en appétit, un loupé au Samyn lors d’une épreuve au scénario improbable puis le plat de résistance avec un triplé Milan-San Remo, Classic Brugge-De Panne et donc Gand-Wevelgem, ce dimanche (voir classement) pour passer de 93 à 100 lignes au palmarès en moins de deux mois de temps. “C’est une semaine très spéciale pour moi avec trois victoires dans le WorldTour à la suite. En début de saison, je n’étais pas vraiment focalisée sur cette histoire de centième victoire, à me demander quand ça allait venir, même si tout le monde s’est mis à m’en parler récemment, surtout après La Panne”, expliquait-elle en zone d’interviews après la course. “Je n’aurais jamais pu imaginer atteindre un tel total si tôt dans ma carrière. C’est évidemment une grande fierté”.

LOTTE KOPECKY A FINI PAR SE SACRIFIER  

Pour l’emporter encore une fois avec aisance dans la ligne droite finale, la sprinteuse de SD Worx-Protime a pu, comme très souvent, compter sur une coéquipière de luxe en la personne de la double Championne du Monde en titre, Lotte Kopecky. En réalité, la Belge espérait bien pouvoir jouer sa propre carte lors de ce Gand-Wevelgem. Raison pour laquelle le maillot arc-en-ciel a placé une grosse accélération dans le Kemmelberg. “C’était le plan initial de l’équipe. Moi, j’ai essayé de faire barrage pour qu’elle parte mais quand j’ai vu plusieurs filles faire le bond, j’y suis allée aussi”, explique Lorena Wiebes. Elles sont alors un temps cinq en tête, mais personne ne souhaite rouler avec la paire Kopecky-Wiebes.

Scénario identique quelques kilomètres plus loin ; la Flamande part une nouvelle fois flanquée des principales autres favorites, Lorena Wiebes est toujours là et personne n’imagine un instant collaborer avec le duo de choc, avant que Lorena Wiebes ne tente elle-même de filer en solo à 30 bornes de l'arrivée. “Personne ne voulait rouler avec nous et de toute façon, les Lidl-Trek étaient bien regroupées et organisées à l’arrière, témoigne Lotte Kopecky. J’ai compris qu’il serait difficile pour moi de gagner et quand tu as une fille aussi rapide dans l’équipe, il est normal que tu te mettes ensuite à la planche pour lui lancer le sprint”.

DES ADVERSAIRES FATALISTES 

C’est ainsi que plusieurs grappes de coureuses rentrent les unes après les autres pour finalement assister à un sprint massif. Lotte Kopecky a produit un gros effort de près de 800 mètres pour empêcher quiconque de déborder sa sprinteuse, puis Lorena Wiebes a vite pris deux vélos d’avance sur la concurrence, sa dauphine Elisa Balsamo n’essayant même pas de remonter ne serait-ce qu’à hauteur de pédalier dans les derniers mètres. “On vient toujours sur les courses pour gagner mais Lorena est tout simplement la plus forte en ce moment alors je suis contente de faire 2”, synthétise l’Italienne, fataliste.

Les adversaires de la SD Worx-Protime pouvaient-elles espérer mieux que la deuxième place, à vrai dire ? “Moi, je ne pouvais pas faire mieux que ça”, répondait Charlotte Kool (3e) en zone mixte. Lotte Kopecky semblait la plus forte dans les monts, Lorena Wiebes n’était pas en reste dans ces difficultés et la WorldTeam néerlandaise a pu compter sur la force d’Elena Cecchini, Marta Lach et Femke Markus dans le final pour museler toute éventuelle velléité d’attaques et s’assurer d’une arrivée en meute. “Quand ça se passe de cette façon, c’est royal, reprend Lorena Wiebes. Dans les derniers instants de la course, je n’ai plus qu’à suivre aveuglément Lotte. Je lui voue une confiance totale”. Le duo fonctionne à merveille et la native de Mijdrecht, dans la province d’Utrecht, n’est sans doute pas prête de s’arrêter de gagner. Lauréate à 22 reprises l’an dernier, elle est partie sur des bases tout aussi élevées pour 2025.