Léa Stern : « Il fallait que j’aille voir au-dessus »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Léa Stern ne s’attendait pas à une telle acclamation. Ce samedi en milieu d’après-midi, dans une zone calme et reculée de Rochefort-du-Gard, non loin d’un complexe sportif, la Suissesse a remporté la première étape de l’Altitude Tour Gard dans une ambiance presque digne d’une Classique belge, ou d’un stade de foot. Et pour cause : une petite quarantaine de supporters nordistes du RC Lens - photo ci-dessous -, sur la route d’un déplacement à l’Orange Vélodrome de Marseille pour un match de Ligue 1, se sont arrêtés voir l’arrivée de l’épreuve occitane, ainsi que la cérémonie protocolaire, en scandant notamment des "Léa, Léa, Léa !". Un moment que la Suissesse de 23 ans n’est pas près d’oublier. Nouvelle venue dans l’équipe KDM-Pack, la résidente d’Oron-la-Ville, dans le Pays de Vaud, revient sur ce succès pour DirectVelo, sans oublier d’évoquer l’avenir et son envie de retrouver le plus haut niveau mondial. Entretien.


DirectVelo : C’était une arrivée difficile avec un raidard dans les 500 derniers mètres !
Léa Stern : On était venus repérer ce final hier (vendredi). Je savais ce qui nous attendait. Les arrivées en côte, courtes, m’avantagent. J’avais gagné sur le même type d’arrivée à Gippingen l’an passé (au Grand Prix du Canton d’Argovie, en Suisse, NDLR). C’était à peu près le même final. Je savais qu’en lançant d’emblée en bas, j’étais capable de monter assez fort car j’ai un bon kick sur des efforts de 50 secondes à une minute. C’était un avantage pour moi.

« ON PEUT TENIR »

Tu avais déjà fait la différence avant même cette ultime montée en sortant dans le final avec deux autres concurrentes…
Quand j’ai vu Noémie Abgrall sortir, j’ai voulu suivre. Je sais qu’elle roule fort alors stratégiquement, je trouvais bien de partir avec elle. Une autre fille est rentrée (Charlotte Allard, NDLR). On a pris des relais pour arriver devant en bas de la bosse. Puis j’ai donc directement lancé et j’ai tout donné jusqu’en haut (voir classement). Le vent a plutôt été un avantage dans le final, car il était de dos. C’était plus facile pour tenir devant.

Place désormais au Mont Bouquet ce dimanche, possiblement sous des trombes d’eau alors qu’un épisode cévenol est annoncé pour la fin de journée…
On a une grosse équipe ici, j’ai confiance aux filles. Je pense qu’on peut tenir même si ce ne sera pas simple. J’ai surtout peur de la météo, j’espère que ça va aller. Dans tous les cas, j’ai une victoire ce week-end. C’est bien de gagner ici, ça donne de la confiance, je vois que ça revient. C’était important après une première course pro qui ne s’est pas bien passée en début de semaine.

« PAS ASSEZ DE COURSES UCI »

Tu n’as pas terminé le Samyn. Que s’est-il passé ?
J’étais très stressée sur le vélo. Cette course était la première de l’année, elle me faisait un peu peur. Il fallait beaucoup frotter. Ce n’était pas la course idéale pour une reprise, il faut tout le temps être placée là-bas, je n’étais pas à l’aise. J’ai eu de grosses douleurs au niveau du psoas, ça me le fait quand je me crispe. J’ai bâché après deux heures de course. J’avais hâte de reprendre sur d’autres courses.

Après Roland en 2022, Grand Est-Komugi en 2023 et Lyon Sprint Evolution l’an dernier, tu découvres une quatrième formation en quatre ans chez KDM-Pack !
J’étais bien à Lyon (au Team Buffaz, NDLR), c’était une superbe équipe au niveau de l’ambiance et de l’organisation. J’ai fait ma meilleure saison jusque-là, avec eux (une victoire, cinq podiums, treize Top 10, voir sa fiche DV). Mais on ne faisait pas assez de courses UCI. Dans mon besoin d’évolution, il fallait que j’aille voir au-dessus car ça ne m’apportait plus assez de challenges élevés. Mais je n’ai rien à leur reprocher, c’était une belle expérience. Plus généralement, c’est vrai qu’il est stressant de changer d’équipe tous les ans, de devoir prendre des repères, apprendre à connaître de nouvelles filles, un nouveau staff. En plus, je ne parle pas bien anglais et cette année, je dois m’y mettre. J’avais besoin de ce défi, si je veux encore passer un palier. L’équipe a un très beau calendrier, c’est motivant.

« ILS M’AVAIENT MISE DIRECTEMENT SUR LES STRADE BIANCHE… »

Comment imagines-tu l’avenir, quels objectifs t’es-tu fixés ? 
Pour les prochains mois, j’ai envie de performer sur les courses tchèques notamment, Gracia et le Tour de Féminin, comme je suis plutôt une rouleuse. Je pense aussi au Giro Mediterraneo Rosa. En fait, je vise surtout les courses par étapes. J’ai besoin des courses par étapes pour prendre de la caisse. Je ne fais que du vélo depuis ma saison chez Roland, alors je roule beaucoup et j'arrive à bien récupérer. J’aimerais repasser pro. En ayant commencé directement dans une WorldTeam chez Roland, j’ai eu un parcours atypique. Je reste en apprentissage, notamment pour le placement. Pour 2024, j’avais déjà eu des contacts avec des Conti, mais je voulais y aller étape par étape. Je voulais continuer de faire de plus petites courses, je ne voulais pas trop de pression au niveau des résultats. Dans mon équipe actuelle, je ne m’attendais pas à évoluer avec un groupe aussi fort. Il y a plusieurs filles qui descendent d’un niveau élevé, ça roule très fort. Ce n’était pas prévu de base mais c’est vraiment bien pour moi, je me retrouve au milieu d’un gros collectif.

Ton passage chez Roland, en 2022, était-il prématuré ?
Ils m’avaient mise directement sur les Strade Bianche… (elle avait ensuite enchaîné avec le Binda, La Panne, Gand-Wevelgem, A travers la Flandre et le Tour des Flandres, sans ne finir aucune de ces épreuves, NDLR). C’était une superbe expérience mais bon… Initialement, je devais intégrer une équipe dévo qui ne s’est pas faite chez eux, alors ils m’avaient mis dans la WorldTeam. Je ne m’attendais pas à ça, je découvrais le vélo. Au moins, je sais ce que j’ai envie de retrouver, mais avec plus de caisse. Cette saison doit me permettre de franchir le cap pour de bon.

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