La FDJ-Suez peut s'attendre à « une saison incroyable »

Crédit photo Philippe Pradier - DirectVelo
La FDJ-Suez a réussi à poser sa patte sur les grandes Classiques du WorldTour. Avec un tel recrutement pendant l'hiver, la structure française espérait bien récolter les fruits de ses investissements rapidement. Et avec sa leader Demi Vollering, Stephen Delcourt peut enfin savourer le goût de la victoire sur sa course de cœur (voir classement). "Je n'avais pas eu honte de dire que c'était notre premier objectif de la saison. Maintenant, on peut le dire aussi, les filles ont la pression parce que dans mon bureau, il y a un poster de cinq mètres des Strade Bianche, c'est ma course préférée et ça met une pression à chaque signature de contrat de voir qu'il y a un secteur placardé derrière mon bureau", sourit le manager. Sa leader néerlandaise a d'ailleurs ressenti ce poids sur ses épaules. "Je savais que j'étais bien, tout le monde m'annonçait favorite, mais le faire c'est autre chose. Il y a beaucoup de pression, je voulais finir le travail pour tout le monde qui est derrière. Je suis fière".
« UNE HORREUR » POUR EVITA MUZIC
Contrairement à l'Omloop Nieuwsblad où une échappée avait piégé les favorites, les filles de la FDJ-Suez n'ont cette fois pas lésiné sur les efforts. Demi Vollering avait justement en tête cette mauvaise expérience. "Je me suis posé un moment la question si ça allait faire comme au Nieuwsblad, mais mes coéquipières ont fait un gros travail". Auparavant, les problèmes ont pourtant plu sur la WorldTeam. D'abord avec Evita Muzic, qui n'a que très peu vu l'avant ce samedi, à cause d'une chute très tôt, trop tôt dans la course. "C'était vraiment une horreur. Je n'ai jamais vécu tout ça dans les voitures. C'était hyper dangereux. Je ne voyais pas un mètre devant. J'ai mangé énormément de poussière. On était bloquées par les motos, par les voitures et par toutes les chutes. J'ai vraiment cru que je n'allais jamais rentrer. Heureusement, j'avais vraiment de très bonnes jambes. J'ai chassé pendant 60, même 70 kilomètres toute seule pour rentrer".
Demi Vollering aussi s'est fait une frayeur. "J'ai eu un saut de chaine, j'ai perdu mon calme". Heureusement, la Néerlandaise peut compter sur Juliette Labous pour la remettre dans le droit chemin. Épuisée par sa course poursuite, Evita Muzic jette ses dernières forces dans la bataille. "Ça m'a donné aussi de la motivation en me disant que je ne devais pas avoir de regrets et aller à l'avant faire le job. J'avais le boulot le plus facile à suivre les roues, puis je me suis sacrifiée pour Juliette et Demi. Mais avec tout ce que j'avais donné au début de la course, il ne me restait plus grand chose". Malgré des jambes de feu, l'ancienne Championne de France doit rendre les armes. "Je suis juste un peu déçue pour le début de la course. Je pense que j'avais des bonnes jambes donc je suis heureuse et j'attends la prochaine occasion".
« STRESSANT JUSQU'AU BOUT »
Juliette Labous et Demi Vollering doivent alors finir le travail. "On ne s'était pas fixé de scénario trop précis parce que c'est vraiment dur de planifier cette course. On savait juste que Demi était forte, quand ce sont des efforts sur un peu plus de deux minutes, donc on voulait que la course soit dure. Mais on avait quand même fait le plan que je la lance et que je continue à fond", raconte Juliette Labous. La Néerlandaise porte l'estocade et n'est suivie que par... Anna van der Breggen, son ancienne directrice sportive chez SD Worx. "C'est marrant de courir contre Anna, ce sont des bons souvenirs pour moi, en plus de voir à quel point j'ai progressé ces dernières années". Dans les rues pavées de Sienne, au plus rude de la pente, Demi Vollering n'a laissé aucune chance à sa compatriote et offert ce succès tant désiré par son équipe.
Stephen Delcourt est forcément un homme heureux. "C'est un vrai travail collectif, on peut souligner quand même que la course a été stressante jusqu'au bout". Avant d'énumérer le travail réalisé par ses filles. "C'est impressionnant ce qu'Evita a fait. On a vu Juliette Labous qui était quasiment la plus forte aussi aujourd'hui. Et Demi, une fois qu'elle prend ses responsabilités, elle sait gagner. C'est une nouvelle étape pour FDJ-Suez maintenant. C'est une équipe qui domine, mais le but va être d'être constant. Pour l'instant, j'ai juste envie de profiter des Strade Bianche", sourit le technicien. Juliette Labous manque elle de peu le podium, uniquement devancée par Pauline Ferrand-Prévot sur les hauteurs de Sienne. "Pauline n'est pas Championne Olympique pour rien. Mais le plan est totalement accompli".
« TRÈS PROMETTEUR POUR LES ARDENNAISES »
À titre purement personnel, la Championne de France a l'impression de passer un cap. "Le travail que j'ai fait cet hiver avec l'équipe sur les efforts explosifs paie. Je le sentais déjà à l'entraînement, mais là je pense qu'aujourd'hui j'ai prouvé à tout le monde que je peux être aussi punchy et explosive comparé à ce que les gens pouvaient dire avant". Et sur le travail fourni, ce n'est pas Stephen Delcourt qui va la contredire. "Je ne vais pas beaucoup dormir, je vais avoir bien mal au ventre, mais je suis hyper fier de ce qu'elles ont fait, et vraiment je souligne le travail du staff, parce que depuis cet hiver j'ai mis la barre très haut, je suis très, très dur avec eux. Ils n'ont jamais rechigné à la tâche, et ils travaillent... trop. Mais je pense que ce soir, ils vont se dire que ça paie, et c'est le plus important que dans la vie, quand on est loyal et qu'on travaille dur, ça marche".
Et la saison ne fait que commencer avant les autres grandes Classiques du calendrier. "Je pense qu'on a fait la course parfaite. C'est très prometteur pour les Ardennaises. Je pense que là, on a montré qu'on était une équipe très forte. Quand je suis rentrée, toutes les filles étaient encore devant, alors que le peloton n'était vraiment plus très grand", constate Evita Muzic, imitée par son manager. "Il faut se dire aussi que Pauline et Anna ne sont peut-être pas encore à 100%, donc il faut être très vigilant. Mais nous on a trois cartes, vous avez vu nos trois leaders en action, Evita et Juliette sont là aussi, elles peuvent jouer avec toutes les meilleures, donc je pense que ça va être une saison incroyable". En tout cas, elle commence très bien.

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