Entre Astana et Bahrain, la bataille s’annonce féroce
Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo
Le suspense est total après la première des deux étapes du Tour des Alpes-Maritimes. À la suite du gros travail de la formation EF Education-Easy Post pour Richard Carapaz durant une grande partie de l’étape, c’est le collectif de Bahrain Victorious qui a pris les choses en main dans la seconde ascension vers Gourdon, avec la redoutable nouvelle association entre Lenny Martinez et Santiago Buitrago. Mais la paire franco-colombienne a elle-même dû s’incliner face à un Christian Scaroni décidément impérial depuis le début du week-end (voir classement). “Depuis un mois, je me sens super bien. C’était le plan lors de la préparation hivernale, il avait été décidé que j’attaque la saison très fort”. Pas certain pour autant qu’il s’attendait à performer à ce point, avec deux victoires, cinq podiums et six Top 5 en sept jours de course. “J’ai tourné autour plusieurs fois sur les premières courses espagnoles et j’ai finalement pu ouvrir mon compteur hier”. Ce samedi, l’Italien semblait bien déterminé à confirmer l’adage selon lequel la première est la plus dure à aller gagner. Et il ne s’est ainsi pas fait prier pour remettre le couvert au plus vite. “On a essayé de me faire craquer dans les longues ascensions en mettant un gros tempo toute la course. J’avais vraiment mal aux jambes”.
Dans les cinq derniers kilomètres, la stratégie des Bahrain Victorious a facilité la tâche du coureur de la WorldTeam XDS Astana. Alors que Christian Scaroni était seul contre deux, Lenny Martinez a emmené un gros tempo pour « Santi » Buitrago, le Français et le Colombien ne cherchant pas à attaquer à tour de rôle. “J’ai vite compris que Buitrago allait faire rouler Martinez jusqu’au bout. Je n’avais pas à collaborer, je devais juste m’accrocher et me concentrer sur le sprint”, raconte-t-il pour DirectVelo. Le sprint, justement, n’a pas été parfaitement maîtrisé par l’Italien, mais il s’en est tout de même sorti. “Je ne voulais pas me faire surprendre par Buitrago et du coup, j’ai lancé un peu trop tôt”. Dans les trente derniers mètres, il a ensuite eu l’intelligence de légèrement tasser le Colombien. Suffisamment pour l’empêcher de passer, mais pas non plus assez pour risquer un déclassement. “J’avais étudié l’arrivée. Je savais qu’il fallait prendre les deux derniers virages serrés à la corde. Pour l’arrivée, il fallait être malin”, sourit-il.
Puisque l’appétit vient en mangeant, et que Christian Scaroni connaît aussi adage jamais deux sans trois, il compte bien “garder le maillot” dimanche lors d’une seconde étape qui s’annonce explosive. “J’ai confiance en l’équipe. On a un groupe solide aussi avec (Lorenzo) Fortunato, Clément (Champoussin), Darren (Van Bekkum), Nicola (Conci), notre jeune coureur Pierre(-Henry Basset). Sur le papier, l’étape est un peu moins dure alors il ne sera peut-être pas si difficile que ça de contrôler”.
« ON VA TÂCHER DE LEUR RENDRE LA VIE DURE »
Du côté de la Bahrain Victorious également, on est confiants - et revanchards - pour la traditionnelle étape tracée entre Villefranche-sur-Mer et Vence. Ce qui promet un sacré spectacle. “Je me suis sacrifié pour Santi en vue du sprint mais aussi car on voulait créer le maximum d’écarts avec les autres gars derrière, en pensant au classement général, précise Lenny Martinez. C’est dommage de faire 2 et 3 mais notre directeur sportif nous a demandé de rouler au maximum en pensant aussi à demain, pour gagner le général. Il aurait été parfait de gagner aussi l’étape mais il nous reste demain pour inverser la tendance”.
Le directeur sportif en question, c’est Roman Kreuziger. Et ce dernier affirme que “le plan était de gagner l’étape”. S’il se “félicite de l’excellent travail de Lenny” Martinez, le Tchèque se montre tout de même vexé et frustré de passer une nouvelle fois à côté de la victoire. “Malheureusement, on est tombé sur un coureur plus fort, qui avait déjà gagné hier… Les Astana n’ont pas fait grand-chose de la course pendant deux jours, et ils gagnent deux fois. On n’a pas envie que ça continue de la sorte, on va tâcher de leur rendre la vie dure demain”, assure l’ancien pro. Pour ce faire, il compte bien jouer sur le surnombre et sur un parcours une nouvelle fois très accidenté le long de la Côte d'Azur. “On a plein de cartes à jouer. Lenny aura sûrement envie de faire quelque chose. J’imagine qu’il n’est pas content du scénario du jour mais je vais lui parler”, assurait l’ancien vainqueur de l’Amstel Gold Race ou de la Clasica San Sebastian, à chaud.
Une chose est sûre : Roman Kreuziger mise sur une cohésion parfaite entre ses deux co-leaders, raison pour laquelle il tient à saluer à plusieurs reprises le travail remarquable de Lenny Martinez, dans le sacrifice pour Santiago Buitrago. “Il se peut que Lenny soit fâché de la tactique car on a perdu, mais il n’y a aucun problème entre eux. Ils ont échangé, il a fallu choisir une tactique… Certes, elle ne s’est pas avérée payante, mais ce n’est pas fini. On peut vous assurer que ce ne sera pas de tout repos pour les Astana demain”, lâche-t-il encore pour conclure, le visage fermé. Voilà qui promet un final explosif dans les Alpes-Maritimes.
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