CIC Tour de la Provence : « Contrecarrer ce climat pesant »

Crédit photo Xavier Pereyron / LNC

Crédit photo Xavier Pereyron / LNC

Le CIC-Tour de la Provence (2.1) va s’élancer ce vendredi, depuis le Stade Vélodrome à Marseille, dans une ambiance particulière. Tout le monde a encore en tête les événements malheureux de la semaine passée sur l’Etoile de Bessèges et l’épreuve provençale se retrouve dans la situation de « la course d’après » dans le calendrier hexagonal. Forcément, la situation est pesante, stressante. Inquiétante, même ? Du côté du comité d’organisation, on considère en tout cas avoir fait le maximum pour assurer la sécurité des coureurs durant les 72 prochaines heures, en ayant bien conscience que le risque zéro n’existe pas et n’existera jamais. À la veille de cette neuvième édition - la deuxième avec l’équipe de direction actuelle -, DirectVelo a pris la température avec Patrick Jammes, le président du comité d’organisation. Entretien.


DirectVelo : Comment cette édition 2025 s’annonce-t-elle ?
Patrick Jammes : Globalement, très bien. On est toujours sur un plan de trois à cinq ans, c’est ce que l’on s’était promis l’an passé et on s’y tient. On est en Année 2 et nous sommes dans les temps de passage que nous nous étions fixés, notamment avec le renforcement du plateau sportif. Nous avons également fait le bon choix, me semble-t-il, en supprimant une étape. J’aime appeler ça notre méthode entrepreneuriale parce que c’est vraiment ce qui nous anime. On s’est adapté à des circonstances complexes que vous connaissez. Nous sommes post-Jeux Olympiques, il y a eu le petit passage de Monsieur Barnier à la tête du gouvernement et ça a secoué pas mal de choses. Il fallait faire des choix. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons opté pour inviter seize équipes. C’est totalement volontaire, même si nous aurions pu en accueillir 18, nous avions les dispositifs de sécurité pour cela. Mais avec seize, nous serons dans une situation plus confortable, et encore un peu plus de sécurité. J’ai le sentiment que nous n’avons pas commis d’erreur dans nos choix. On verra ça dimanche mais je suis plutôt serein.

Vous comprendrez sans doute que depuis l’extérieur, on peut imaginer que la suppression d’une étape et ce peloton de seize équipes coïncident avec des problèmes financiers…
Je trouve ça intéressant. Justement, quand je parlais de dimension entrepreneuriale ; ça ne choquerait aucun entrepreneur, c’est simplement une adaptation à l’environnement. On est conscient de notre histoire, du passé de l’épreuve. Du coup, on tâche de faire les choses simplement, de manière rationnelle. En droit, on appellerait ça une gestion en bon père de famille. Encore une fois, on est sur une trajectoire de trois à cinq ans et on est en Année 2. On y va pas à pas. 

La priorité est donc d’apporter de la stabilité à une épreuve qui n’en a pas connu beaucoup jusqu’à présent ?
Vous savez ce qu’il s’est passé en 2023. On va dire, pour faire simple, que la course avait été mise au sommeil (lire ici). L’enjeu, pour nous qui travaillons avec le groupe La Provence, était de ne pas laisser partir cette pépite qu’est le Tour de la Provence. On a tout rebâti petit à petit avec pour mission de faire quelque chose de cohérent et fiable, qui nous fasse retrouver notre juste place au calendrier. Les choses se sont faites et continuent de se faire d’elles-mêmes, tranquillement.

« 330 000 EUROS POUR LA SÉCURITÉ »

Plus que jamais, la sécurité va être un sujet central durant trois jours de course. Comment appréhendez-vous les événements ?
Nous sommes satisfaits de nos choix, qui sont rationnels et raisonnables. J’en reviens aux trois étapes et aux seize équipes : ça nous permet de rester sur le même niveau d’exigence sur l’aspect sécuritaire. La sécurité est notre priorité N°1. Comme l’an passé, nous allons pouvoir compter sur la garde républicaine. Mais la sécurité, il faut la voir dans son ensemble et pas que le dernier maillon de la chaîne. La sécurité commence par le fait d'avoir une organisation professionnelle, solide, mobilisée sur une année entière, avec la direction sportive, la direction technique et la direction générale. Tout compris, on est sur un investissement qui se chiffre aux alentours des 330 000 euros pour la sécurité.

C’est énorme !
On a une spécificité dans la région : l’épreuve se déroule majoritairement dans le département des Bouches-du-Rhône, même si nous passons aussi par le Vaucluse et les Alpes de Haute-Provence. Nous avons donc un territoire urbain et qui dit urbain dit des contraintes imposées par la préfecture, à juste titre, assez colossales. Au total, nous aurons 956 signaleurs sur les trois journées de compétition. On a 22 motos de la garde républicaine. Forcément, ça coûte cher mais c’est un message fort que l’on voulait envoyer aux coureurs pour leur dire que l’on pense à eux et qu’on le matérialise. On aura également 25 motos signaleurs fixes et une vingtaine de véhicules lourds anti-intrusion à Marseille. Tout ça n’est pas gratuit, ça se finance. C’est tout cela qui nous permet d’aborder le Tour en arrivant à dormir la nuit et en se disant qu’on a mis tout ce qu’il fallait en place pour être à la hauteur et accueillir les coureurs. Pour autant, que l’on soit bien d’accord, on sait que le risque zéro n’existe pas. Et ça n’empêchera jamais les chutes dans le peloton.

Vous imaginez-vous et vous sentez-vous plus observé que jamais après les événements de la semaine passée ?
Oh, on n’a pas besoin de le sentir, on nous a suffisamment appelé ces derniers jours pour nous le dire (rire).

« L'EXCÈS DE PRESSION FAIT PERDRE LES PÉDALES ALORS ATTENTION »

Il y a donc de la pression !
Oui mais honnêtement, comme on en a toujours eu. L’enjeu de la sécurité, c’est une pression dans tous les cas, peu importe le contexte. Il y a un climat qui est en train de s’installer depuis quelques jours... On espère ne pas rester là-dessus et contrecarrer ce climat pesant car le problème, c’est que ces climats-là ne permettent pas toujours de déboucher sur une juste appréciation de la situation. Malheureusement, on n’a pas forcément la main sur cet aspect-là et donc, un tout petit peu plus de pression. L’excès de pression fait perdre les pédales alors attention.

Pour dire les choses clairement : il n’y a pas une seule personne qui n’évoque pas le sujet de la sécurité avec vous depuis le début de la semaine… 
Absolument ! L’avantage que je vois à tout cela, malgré tout, c’est que ça pousse du monde à s’intéresser à la façon dont une course est organisée, à voir les choses de l’intérieur, on peut ouvrir les coulisses de l’événement. Ce sont beaucoup d’engagements et de savoir-faire, beaucoup de temps pour aller chercher les partenaires, le budget. Je suis heureux de parler de la force collective de notre équipe. Soit dit en passant, je pense à nos confrères de Bessèges, on est totalement solidaires. On aurait préféré ne pas avoir à parler de tout ça mais les choses sont ainsi.

Serez-vous à l’équilibre cette année, contrairement à l’an passé ?
Si si, l’année dernière, je ne rentrerai pas dans les détails mais pour le groupe La Provence, ça allait très bien. Et oui, cette année, nous serons à l’équilibre. C’est l’objectif que l’on s’est fixé.

Mots-clés